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Le pape François accueille des représentants des peuples indigènes d'Amazonie dans les jardins du Vatican. |
Le pape François doit ouvrir dimanche matin 6 octobre par une messe en la basilique Saint-Pierre ce synode composé majoritairement d'évêques venus de la région panamazonienne qui touche neuf pays, où se glisseront aussi 17 représentants des populations autochtones.
Soeur Laura, une missionnaire qui lutte au péril de sa vie pour la défense des territoires des Caripuna en Amazonie brésilienne, est venue symboliquement à Rome avec de la terre. "Terre, eau, forêt, sans ces trois éléments personne ne peut rien faire", a-t-elle expliqué à la veille du début du synode. La frêle jeune femme a parcouru 150 kilomètres à travers la région des Caripuna pour documenter et dénoncer l'amputation de leurs terres.
Menaces de mort
"Les images satellite montrent une route qui va droit vers les terres indigènes", décrit-elle, avant de fondre en larmes en expliquant la terreur ressentie face aux "menaces de mort du crime organisé" qui l'obligent souvent à se cacher.
Le document de travail du synode, fruit notamment d'une vaste consultation locale en Amazonie (260 événements impliquant 80.000 personnes), dénonce avec précision les injustices sociales voire les assassinats de la région, tout en formulant des suggestions pour l'action future de l'Eglise catholique qui perd du terrain en raison d'une pénurie de prêtres.
Il suggère "d'écouter le cri de la "Mère Terre" agressée et gravement blessée par le modèle économique de développement prédateur et écocide, qui tue et pille, détruit et anéantit. La démarche écologique et sociale des épiscopats latino-américains insupporte le président brésilien climatosceptique Jair Bolsonaro, qui avait déclaré en août à un média local que les services du renseignement brésilien surveilleraient le synode.
Dans ce contexte hostile, le cardinal brésilien Claudio Hummes, président du Réseau ecclésial pan-amazonien (REPAM) et rapporteur du synode, a pris le soin de répéter que l'Église respectait "la souveraineté nationale" du Brésil.
"Nous demandons de l’aide au monde entier car nous sommes très inquiets de la nouvelle politique d'exploration minière de l’Amazonie", confie à l'AFP José Luiz Cassupá, un indigène de l’État de Rondônia au Brésil, venu à Rome avec sa coiffe de plumes bleues indigo. "Cela représente une menace sociale, culturelle et écologique, pas seulement pour les peuples indigènes, mais pour tout le Brésil", prévient-il.
Il se prononce résolument contre un développement de destruction des terres indigènes et se plaint d'un gouvernement brésilien qui n'a pas tenu sa parole. "Après avoir péniblement obtenu un minuscule bout de terre pour survivre, les indigènes finissent pas en être chassés", déplore-t-il, le regard triste.
À l'opposé de ces voix inquiètes mais néanmoins chargées d’espérance face à l'initiative du pape François et des épiscopats d'Amérique du sud, Jonas Marcolino, de l'ethnie brésilienne des Macuxi, a choisi le camp du développement économique de la forêt amazonienne. "Je déplore que le synode n'ait invité aucun indigène qui pense différemment des missionnaires", a-t-il confié, en marge d'une conférence organisée par un institut catholique brésilien ultra-conservateur avec une centaine de soutiens.
AFP/VNA/CVN