France
Chez Emmaüs Défi, ils s'équipent neuf à petit prix, avant leur premier Noël chez eux

"Quand on n'a pas de meubles dans son logement, c'est galère", témoigne Fatou, une mère célibataire de 32 ans qui a pu s’équiper à petit prix à la Banque solidaire de l'équipement, un projet d'Emmaüs Défi visant à aider les personnes précaires à s'installer dans leur premier logement.

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Un employé d'Emmaüs range des chaises dans un magasin de seconde main à Brest, le 30 mai 2023.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans l’appartement témoin d’Emmaüs Défi, situé dans le XIXe arrondissement à Paris, Fatou sélectionne des articles à bas prix : une housse de couette à 5 euros, un matelas une place à 30 euros ou encore un fauteuil à 25 euros. "J’ai trouvé mon bonheur !", s’enthousiasme-t-elle. Cette francilienne prépare ses premières fêtes de fin d’année dans un logement social obtenu après une longue période passée chez un proche.

Né il y a douze ans, le dispositif d’Emmaüs Défi lutte contre la précarité matérielle des personnes accédant à un logement pérenne. Sur demande d’une assistante sociale, les bénéficiaires peuvent acheter à prix cassé des objets neufs donnés par des entreprises partenaires. Chaque bénéficiaire a droit à trois rendez-vous personnalisés pour choisir du mobilier et des équipements.

Des vies à reconstruire

Adama Marina, 20 ans, conseillère vendeuse, observe que "tout part très vite" car la plupart des gens arrivent dans leur logement sans rien. Richard, 63 ans, ancien sans-abri, a dû faire des choix stricts lors de son premier rendez-vous avec un budget de 200 euros. Il a priorisé un matelas, indispensable pour quitter son sac de couchage, mais devra patienter pour trouver un cadre et un sommier. Les matelas, quasi neufs, proviennent du village olympique des athlètes des Jeux de Paris.

Le dispositif, présent à Paris, Aubervilliers, Lille, Lyon et Toulouse, a déjà bénéficié à près de 37.000 personnes. "C’est dur quand quelqu'un n'a pas assez d’argent pour acheter ce qu'il veut alors qu'on voit dans son regard que l’objet lui plaît", confie Adama.

La vente des objets à prix réduit fait partie du modèle économique d’Emmaüs Défi. "Cela contribue aussi à la dignité des bénéficiaires", explique Alexandra Blanchin, directrice générale. Awa, une mère de famille nombreuse, partage ce sentiment. "Tout ne peut pas être gratuit", dit-elle en remplissant son chariot de lampes et de serviettes de toilette. Elle a aussi acheté des commodes pour ses enfants à 32 euros pièce.

Pour ces familles, ces acquisitions marquent un tournant dans leur vie. Awa et sa famille, longtemps hébergés dans deux chambres d’hôtel, savourent aujourd’hui leur installation dans un appartement. "C’est un grand changement, je n’arrive pas à y croire", confie-t-elle. Ce dispositif permet non seulement d'équiper les logements mais aussi de redonner espoir et dignité à des personnes fragilisées par la précarité.

AFP/VNA/CVN

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