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Des élèves handicapés dans le centre Envol. |
Situé dans le quartier de Binh Hung Hoa A, arrondissement de Binh Tân, le centre Envol, au sein de la Maison Chance à Hô Chi Minh-Ville, est un établissement confortable. Il accueille des personnes handicapées qui y étudient et y travaillent tous les jours.
Tous les matins à 08h00, Nguyên Van Toàn, originaire de Tân Phu, province de Dông Nai (Sud), se rend au cours d’informatique du centre Envol pour apprendre le design graphique (notamment sur Photoshop, Autocad et Adobe Illustrator). Un instructeur bénévole dispense le cours.
Quand Toàn avait 13 ans, sa myélite a été diagnostiquée. Sa famille plutôt modeste vit dans une région reculée. Toàn n’a été correctement pris en charge. Sa maladie s’est aggravée et ses jambes se sont atrophiées, l’obligeant à utiliser un fauteuil roulant. Sa vie était dans une impasse... Heureusement, il a connu le centre Envol - Maison Chance.
"Je vis au centre depuis 2016. Au cours des deux dernières années, je me suis formé professionnellement. Au début, j’ai appris l’artisanat de la pierre semi-précieuse mais cela ne me convenait pas. J’ai alors étudié le design graphique, qui correspond mieux à ma santé. Je peux apprendre gratuitement et j’ai bénéficié de nombreux soutiens pour me loger et me nourrir", partage Toàn avec un doux sourire.
Nguyên Van Toàn au centre Envol. |
Comme Toàn, Nông Thi Thu, 33 ans, est en fauteuil roulant. Cette femme originaire de la province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre) a eu un accident de la route en 2005. Elle a été blessée à la colonne vertébrale. La joie se lit sur son visage et elle confie avec émotion: "En 2016, je suis allée au centre Envol pour apprendre la couture. Ensuite, car je voulais augmenter mes revenus, j’ai appris l’artisanat de la pierre pendant deux mois. Le centre m’a également permis d’étudier davantage et je n’ai pas dû payer de frais de scolarité". Elle gagne entre 3 et 4 millions de dôngs par mois grâce à la couture.
Diversification des métiers
"Nos patients sont surtout des handicapés victimes d’accidents de la circulation. En fonction de leur santé et de leur situation, ils apprennent un emploi approprié", fait savoir Nguyên Ngoc Long Hai, responsable de la communication au centre Envol.
Actuellement, l’établissement dispose de cinq cours de formation: dessin, informatique (design graphique et design de sites web), travail des pierres semi-précieuses, couture et pâtisserie française.
"En observant la vie et l’emploi des personnes handicapées après leur formation ici, je trouve que la plupart ont beaucoup de difficultés à s’adapter à la vie normale, surtout professionnelle, estime Vo Thi Thu Huyên, chargée des affaires sociales au centre. Il faut dire que les entreprises ne leur offrent pas beaucoup de soutien, en termes de transport et de logement. Les personnes en situation de handicap ont du mal à suivre le rythme des entreprises. Par exemple, en couture, elles ont des difficultés à appréhender de nouveaux modèles. Leur formation est parfois inadaptée. Par conséquent, ces dernières années, le centre Envol a toujours accueilli des personnes handicapées déjà formées qui voulaient apprendre un nouveau métier et mettre à niveau leurs compétences pour qu’elles puissent poursuivre leur travail".
L’objectif du centre Envol est d’aider les handicapés dans l’insertion sociale et professionnelle. |
La durée de formation ici est d’un à deux ans. En particulier, les personnes handicapées sont formées à de nouvelles compétences professionnelles ou acquièrent un nouveau métier adapté à leur santé.
Pour celles qui ne peuvent pas trouver de travail, le centre crée également des emplois sur place. Thu Huyên insiste pourtant sur le fait que les porteurs de poliomyélite éprouvent de grandes difficultés dans l’accès à un emploi.
En ce qui concerne les cours de formation, Long Hai déclare que le centre en a transformé certains tels que fabrication de produits en bambou et rotin en travail de la pierre, car certaines étapes liées aux produits chimiques peuvent affecter la santé. Les cours de fabrication de peluches se sont transformés en celle de vêtements car les commandes pour ce type de produits seront plus abondantes et donc les revenus plus stables.
Grâce à des efforts dans la formation et l’insertion professionnelles, le centre a formé des milliers de personnes handicapées pour les aider à trouver un emploi stable et à s’intégrer dans la vie normale. Grâce à cette aide dès leur plus jeune âge, elles ont pu avoir un revenu correct et fonder une famille.
Projet d’entreprise sociale Maison Chance
"Il y a beaucoup à faire pour créer un environnement approprié pour les moins fortunés et rétablir leur confiance et leur dignité", commente Aline Rebeaud, fondatrice et directrice de Maison Chance.
Par conséquent, récemment, Maison Chance a mis en place un nouveau projet permettant aux personnes handicapées d’être plus actives dans leurs affaires, pour garantir ainsi leur revenu et leur vie.
Ces dernières années, il a été de plus en plus difficile de trouver des commandes et de vendre les produits fabriqués par les handicapés. De nombreux produits du centre Envol sont encore en stock. Les revenus des travailleurs ne sont donc pas élevés.
Face à cette situation, la Direction de Maison Chance a mis en œuvre le projet "Entreprise sociale Maison Chance". "Pendant longtemps, les produits des personnes handicapées du centre Envol ont été écoulés grâce à la gentillesse d’entreprises et de certains particuliers. Mais ils sont très peu vendus et les revenus sont irréguliers. Notre entreprise a donc été créée pour promouvoir la vente. Tout d’abord, nous allons exploiter nos forces: ce sont des produits d’une excellente qualité. Ils comprennent des souvenirs en tissu, des gâteaux européens, des services de design graphique et de peinture. Dans l’avenir, quand la Maison Chance ouvrira son installation à Dak Nông (hauts plateaux du Centre), elle exploitera les services de homestay et de restaurant, de café pour créer davantage d’emplois pour les handicapés", explique Trân Van Hoàng, directeur commercial du projet "Entreprise sociale Maison Chance".
Van Hoàng souligne que les profits sont utilisés pour payer les travailleurs, les coûts de fonctionnement des établissements de la Maison Chance, ainsi que réinvestir pour se déployer dans un avenir plus ou moins proche. Ainsi, il y aura davantage d’handicapés qui auront la chance d’étudier un métier à la Maison Chance. "Nos difficultés actuelles concernent le budget de fonctionnement et les ressources humaines. Aussi, le soutien de généreux donateurs s’avère-t-il indispensable", conclut-il.