Cendres volcaniques : la paralysie du trafic aérien de l'Europe se prolonge

La pire paralysie de l'histoire du transport aérien, due à l'immense nuage de cendres craché par un volcan islandais, s'aggravait encore le week-end dernier, la fermeture de l'espace aérien de nombreux pays européens se prolongeant, avec des millions de voyageurs sur le carreau.

"Nous estimons que l'impact dépasse celui (des attentats) de 2001 en termes de vols annulés et d'inconvénients causés aux aéroports", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), Denis Chagnon.

La paralysie provoquée par les attentats du 11 septembre 2001 était jusqu'ici le pire blocage de l'histoire du transport aérien.

Nombre de pays européens ont prolongé jusqu'au 18 avril, voire matin du 19 avril, la fermeture de leur espace aérien, certaines compagnies aériennes européennes annulant tous leurs vols, tandis que les américaines ont annulé la majorité de leurs liaisons avec l'Europe le 17 avril pour la troisième journée consécutive.

Près de 17.000 vols sur 22.000 prévus ont été annulés le 17 avril en Europe, a indiqué Eurocontrol, l'organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne. "C'est exceptionnel et sans précédent", a déclaré son chef du réseau d'opération, Joe Sultana.

Et selon l'Institut météorologique d'Islande, les vents devraient continuer à souffler le nuage vers l'Europe pendant les 4 à 5 prochains jours au moins.

L'éruption du volcan Eyjafjöll, sous un glacier qui en démultiplie les effets, ne montrait en effet aucun signe d'accalmie. Des experts ont averti qu'elle pourrait durer plusieurs semaines.

Tout au long de la journée, les pays européens ont prolongé la fermeture de leur espace aérien.

Le Royaume-Uni et l'Irlande, premiers pays touchés le 15 avril par le nuage, ont dû refermer le 17 avril leurs espaces aériens après quelques heures de répit, jusqu'au 18 avril 18h00 GMT pour Londres, 12h00 GMT pour Dublin. Même heure pour l'Allemagne, la Belgique, l'Autriche (sous 7.500 mètres d'altitude) et la Finlande.

Les aéroports parisiens, ceux du Nord de la France, et l'espace aérien du Nord de l'Italie, du Danemark et des Pays-Bas seront fermés le 19 avril 06h00 GMT.

En Pologne, l'espace aérien est fermé jusqu'à nouvel ordre. De nombreux dirigeants étrangers, dont Barack Obama, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel, ont renoncé à assister le 18 avril à Cracovie aux obsèques du président polonais Lech Kaczynski, en raison des perturbations du trafic aérien.

Le 17 avril, plusieurs participants à la réunion des ministres des Finances de l'UE à Madrid ont quitté la ville précipitamment pour éviter d'être piégés. Sept aéroports du Nord de l'Espagne ont été brièvement fermés.

La Suède et la Norvège, qui avaient partiellement rouvert leur ciel le 16 avril, ont de nouveau interdit tout vol. Trafic également suspendu dans les pays baltes.

Espaces aériens fermés jusqu'à nouvel ordre en Serbie, Monténégro et sur une partie de la Bosnie-Herzégovine. Limitations en Slovénie, Ukraine et Belarus.

La Lufthansa a annulé tous ses vols dans le monde jusqu'au 18 avril 12h00 GMT. British Airways a annulé ses vols avec les aéroports londoniens Heathrow et Gatwick les 17 et 18 avril. Ryanair a suspendu, jusqu'au 19 avril 12h00 GMT, ses vols dans le Nord de l'Europe et les États baltes. Sa concurrente "lowcost" EasyJet a annulé tous ses vols en Grande-Bretagne et Europe du Nord hier. Brussels Airlines a annulé tous ses vols jusqu'au 19 avril.

Pris dans cette pagaille, des millions de voyageurs bloqués dans le monde tentent de rallier leur destination par des moyens terrestres ou maritimes.

La compagnie Eurostar, qui a rajouté des trains depuis le 15 avril, a opéré le 16 avril 58 liaisons entre Londres et le continent. Toutes affichaient complet.

Les ferries sont également pris d'assaut : la compagnie P&O a reçu 40.000 appels le 16 avril, et embarqué 6.000 passagers piétons contre 100 à 200 un le 16 avril normal d'avril.

Même les taxis sont sollicités. La compagnie Addison Lee a reçu des requêtes pour relier le Royaume-Uni à Paris, Milan, Amsterdam ou Zurich. Un homme d'affaires a payé 700 livres (800 euros) pour une course Belfast-Londres.

Les nuages de cendres peuvent limiter la visibilité et risquent d'endommager les réacteurs des avions, même à très haute altitude.

La paralysie du trafic aérien coûte plus de 200 millions de dollars (147,3 millions d'euros) au secteur par jour, estime l'Association internationale du transport aérien (IATA).

AFP/VNA/CVN

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