>>Allemagne : négociations de la dernière chance pour Merkel
Angela Merkel lors d'un point presse au QG du SPD à Berlin, le 11 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après quinze heures de tractations à Berlin, aucun accord n'était en vue vers 22h00 GMT. Selon plusieurs médias allemands, les discussions patinent notamment sur des questions fiscales et un report à vendredi n'est pas exclu.
"Ce sera une dure journée", avait averti d'emblée Angela Merkel en entamant la dernière séance de pourparlers, parlant de "gros obstacles" à surmonter.
Après avoir d'abord échoué en novembre à s'entendre sur une coalition majoritaire avec les écologistes et les libéraux, elle n'a plus le droit à l'erreur.
La chancelière de 63 ans s'est dite prête à "trouver des compromis constructifs" entre son camp démocrate-chrétien (CDU et CSU) et les sociaux-démocrates du SPD, mais sans dépasser certaines lignes rouges.
Le président du SPD Martin Schulz a lui aussi parlé de "gros obstacles" à franchir. "Les négociations sont difficiles", et ce "dans tous les domaines pour être honnête", lui a fait écho un de ses négociateurs, Karl Lauterbach.
Face au risque de blocage, le président allemand Frank-Walter Steinmeier, social-démocrate, a appelé les deux camps à surmonter leurs différends au nom de l'intérêt national.
La tâche de former un gouvernement "constitue une responsabilité vis-à-vis de l'Europe", a-t-il dit. Il en va de la réputation de "fiabilité" de l'Allemagne "sur la scène internationale", a ajouté le chef de l'État.
Sur le fond, les divergences restent importantes. Les conservateurs, en particulier la CSU qui est déjà en campagne pour des élections régionales cet automne, exigent un durcissement de la politique migratoire et une réduction limitée des impôts pour tous.
Avancer sur certains dossiers
Le SPD plaide, lui, en faveur d'un assouplissement du regroupement familial pour les réfugiés, d'importants investissements dans l'éducation et les infrastructures et d'un soutien pour les classes moyennes et défavorisées.
Il veut aussi à tout prix imposer une hausse du taux d'imposition pour les gros salaires de 42 à 45%, une exigence que la CSU rejette catégoriquement jeudi soir.
Les partenaires potentiels ont pu toutefois avancer sur certains dossiers, comme sur une loi concernant l'immigration qualifiée, essentielle pour la première économie européenne à la population vieillissante.
Les sociaux-démocrates ne devraient dévoiler que vendredi s'ils recommandent une nouvelle coalition.
Ensuite il reviendra aux délégués du parti, réunis en congrès extraordinaire le 21 janvier, de dire s'ils approuvent ou non des négociations détaillées. Et en fin de parcours, les militants devront approuver le contrat de gouvernement.
C'est l'une des exigences du SPD : "si nous acceptions de rentrer au gouvernement, ce ne serait qu'à la condition de renforcer l'Europe", a insisté M. Schulz jeudi 11 janvier.
Même en cas d'accord, la base du SPD, qui aura le dernier mot, peut tout faire capoter au bout du compte. Et elle reste très sceptique à l'idée de servir à nouveau d'appoint aux conservateurs.