Grande-Bretagne
Boris Johnson "assume" après une défaite électorale

Embourbé dans une série de scandales, le Premier ministre britannique Boris Johnson a dit vendredi 17 décembre "assumer" la responsabilité de la défaite de son parti conservateur à une élection locale, qui le fragilise encore en pleine résurgence épidémique.

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Le Premier ministre britannique Boris Johnson devant le 10 Downing Street, le 16 décembre à Londres.

La fin de l'année tourne au cauchemar pour le dirigeant conservateur, deux ans après sa victoire électorale historique sur la promesse de réaliser le Brexit.

Lui qui était auréolé jusqu'il y a peu d'une popularité à toute épreuve voit désormais son autorité remise en question par ses troupes alors que les scandales s'accumulent, l'inflation s'envole et les contaminations au coronavirus s'emballent de manière spectaculaire - avec pour le troisième jour consécutif un nouveau record de contaminations, plus de 93.000 vendredi 17 décembre - chamboulant les plans de Noël des Britanniques.

Jeudi 16 décembre, une élection législative partielle dans le North Shropshire, circonscription très rurale du centre de l'Angleterre acquise de longue date aux conservateurs et très pro-Brexit, a été remportée par les libéraux-démocrates avec 47% des suffrages.

Les électeurs ont exprimé "clairement" à Boris Johnson que "la fête est finie", a lancé la gagnante Helen Morgan après l'annonce de sa victoire.

"En toute humilité, il me faut accepter ce verdict", a réagi Boris Johnson. "Je suis responsable de tout ce que fait le gouvernement et bien sûr j'en prends la responsabilité personnelle", a-t-il déclaré, disant "comprendre" le mécontentement des Britanniques.

Ce camouflet pour le dirigeant de 57 ans reflète, de l'aveu même des conservateurs, une exaspération populaire.

"Les électeurs du North Shropshire en ont eu marre", a reconnu sur SkyNews le président du Parti conservateur Oliver Dowden. "Je pense qu'ils voulaient nous envoyer un message et (...) nous l'avons bien entendu".

Vote de défiance ?

La candidate libérale démocrate Helen Morgan fait un discours après avoir été élue dans le North Shropshire en Angeleterre le 17 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'hypothèse d'un vote de défiance à son encontre au sein du parti, qui aboutirait à le remplacer à la tête de l'exécutif, n'est plus taboue, même si peu d'élus ont pour l'instant indiqué soutenir une telle démarche.

Les noms des ministres des Affaires étrangères Liz Truss et des Finances Rishi Sunak circulent déjà pour le remplacer.

Car ce revers électoral s'ajoute à une série de scandales.

La révélation d'événements festifs à Downing Street à l'hiver 2020, alors que les Britanniques étaient soumis à de fortes restrictions pour lutter contre la pandémie de coronavirus, a fait chuter sa popularité.

Même l'archevêque de Canterbury, Justin Welby, s'est dit "déçu", appelant chacun à "respecter les règles".

Chaque jour apportant son lot de révélations, plusieurs médias ont affirmé vendredi que le plus haut fonctionnaire britannique Simon Case, chargé d'une enquête interne sur ces rassemblements, a lui-même été présent à une fête de Noël il y a un an au sein de son propre service.

Face à cette nouvelle polémique, Simon Case s'est "récusé" de cette enquête, afin que celle-ci "conserve la confiance du public", a déclaré vendredi soir 17 décembre un porte-parole de Downing Street.

Ces affaires tombent au plus mal pour M. Johnson, au moment où le Royaume-Uni est confronté, selon ses termes, à un "raz-de-marée" de contaminations dues au variant Omicron du coronavirus dans un pays qui déplore près de 147.000 morts.

Sa crédibilité fragilisée, il a peiné mardi au Parlement à faire accepter de nouvelles restrictions anti-Covid: 99 députés de son camp ont voté contre l'instauration d'un pass sanitaire pour les grands événements, jugée liberticide, mesure finalement adoptée grâce aux voix de l'opposition travailliste.

À l'échelle du parti, seule l'ancienne Première ministre Theresa May avait connu pire depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le député conservateur Roger Gale a estimé que Boris Johnson doit "prouver" qu'il est à même de diriger le pays s'il veut garder son poste.

"Le Parti conservateur a la réputation de ne pas faire de prisonniers. Si le Premier ministre échoue, le Premier ministre s'en va", a-t-il déclaré vendredi 17 décembre sur la BBC. Et de rappeler que Boris Johnson est lui-même arrivé au pouvoir après que Theresa May en fut chassée par son camp.

AFP/VNA/CVN

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