Nouvelle-Calédonie : après le non à l'indépendance, place à la transition

"La France est plus belle car la Nouvelle-Calédonie a décidé d'y rester" : Emmanuel Macron a salué dimanche 12 décembre la victoire écrasante du non à l'indépendance lors du troisième référendum d'autodétermination qui ouvre la voie à une période de dix-huit mois pour définir le nouveau statut de l'archipel.

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Une femme vote le 12 décembre à Nouméa pour le 3e référendum sur l'indépendance en Nouvelle-Calédonie.
Photo : AFP/VNA/CVN

Marqué par une abstention record après l'appel des indépendantistes à bouder le scrutin, ce troisième et dernier référendum a été remporté par les pro-France avec 96,49% des voix, contre 3,51% au oui à l'indépendance, les votes blancs et nuls comptabilisant 2,99%.

L'ampleur du résultat est à relativiser par une participation (43,90%) en chute libre par rapport aux deux précédents référendums remportés en novembre 2018 et octobre 2020 par les loyalistes avec respectivement 56,7% puis 53,3% des suffrages.

"Quand on voit le taux d'abstention (…) juridiquement le référendum est indiscutable, politiquement c'est un faux référendum car il n'y aura rien de réglé ce soir", a commenté Carine David, professeure de droit public à l'université des Antilles et spécialiste des institutions d’Outre-mer, sur franceinfo.

Ce résultat "ne veut rien dire à part que le non est d'accord avec le non", a abondé l'historienne Isabelle Merle, directrice de recherche au CNRS.

Sur ce constat, le président Macron a appelé, lors d'une allocution solennelle depuis l'Élysée, à accueillir avec "respect et humilité" le résultat, notant que "le corps électoral est resté profondément divisé" sur le "Caillou", archipel stratégique du Sud-Pacifique, français depuis 1853.

Le chef de l'État a eu, au passage, "une pensée pour toutes celles et tous ceux qui pleurent un proche" alors que les indépendantistes avaient décidé de ne pas participer au vote en invoquant l'impossibilité d'organiser "une campagne équitable" à cause de l'épidémie de COVID-19 et le fait que la population kanak est plongée dans le deuil.

Mais "ce soir la France est plus belle car la Nouvelle-Calédonie a décidé d'y rester", s'est-il aussi félicité.

Le résultat du référendum était observé bien au-delà des frontières de la France. L'archipel détient un quart des réserves mondiales de nickel et garantit à Paris une vaste superficie d'eaux territoriales ainsi qu'un point d'entrée en Indo-Pacifique.

"L'accord de Nouméa" de 1998, qui organise la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie par étapes, "arrive à son terme juridique", a rappelé M. Macron, alors que s'ouvre désormais une "période de transition qui libère de l'alternative binaire entre le oui et le non" et qui "doit nous conduire à bâtir un projet commun", a-t-il dit.

Intervention télévisée du président Emmanuel Macron à l'issue du 3e référendum en Nouvelle-Calédonie, qui a vu la victoire écrasante du non à l'indépendance, le 12 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l'État qu'après le 12 décembre s'ouvrirait "une période de stabilité et de convergence" avant un "référendum de projet" d'ici juin 2023, qui, en cas d'une victoire du non, porterait sur un nouveau statut dans la République.

Le dialogue ne sera cependant pas si facile. Le FLNKS et les nationalistes, qui n'ont pas réagi dimanche soir 12 décembre, avaient fait savoir avant le référendum qu'ils n'en reconnaîtraient pas le résultat et qu'ils le contesteraient devant les instances internationales.

La Nouvelle-Calédonie est inscrite depuis 1986 sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser de l'ONU.

"Le sens de l'histoire"

Les indépendantistes ont également prévenu qu'ils récusaient toute rencontre avec le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, arrivé vendredi 10 décembre à Nouméa, avant l'élection présidentielle en avril 2022.

"Je prends acte qu'ils ont besoin de prendre du temps (...) néanmoins, certains sujets d'actualité sont urgents et nécessitent de nouer rapidement le dialogue avec les institutions et formations politiques locales", a déclaré le ministre.

"Sur la question institutionnelle, nous avons jusqu'à juin 2023 pour définir un nouvel avenir. Nous avons plus de temps pour y travailler. L'État n'entend pas confondre vitesse et précipitation dans cette phase importante", a-t-il ajouté.

Alors que l'État avait déployé un impressionnant dispositif de sécurité - 2.000 gendarmes et policiers, 130 véhicules, 30 engins blindés et des moyens aériens - par crainte de voir s'enflammer cet archipel qui a déjà connu des épisodes de troubles, le scrutin s'est déroulé sans incidents.

Des habitants de quartiers populaires de Nouméa ont critiqué cette débauche de moyens sécuritaires, la considérant comme une "provocation".

Dans le camp loyaliste, la présidente de la province sud Sonia Backès s'est félicitée dimanche soir 12 décembre de voir que "les rêves tristes d'une indépendance se sont brisés".

"Nous avons décidé en notre âme et conscience de rester français. (...) Ce n'est plus négociable. Et c'est ça le sens de l'histoire !", a-t-elle ajouté, invitant les indépendantistes "à construire un nouveau projet".

Dans les rues désertes dimanche soir 12 décembre de Nouméa, ni klaxon, ni drapeaux bleu blanc rouge : les pro-France ont eu la victoire sobre, à l'image d'une campagne anesthésiée.

À Paris, la classe politique a largement salué la victoire du non, le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, jugeant toutefois le résultat "pas légitime" en raison du très fort taux d'abstention.


AFP/VNA/CVN

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