>> Boeing renforce ses procédures de sécurité et de qualité
>> Aéronautique : une nouvelle enquête sur Boeing ouverte par le régulateur américain
Le 737 MAX 9 d'Alaska Airlines qui a perdu en vol une partie de sa carlingue, le 5 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ce jour-là, un 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines perd en vol une porte-bouchon -opercule condamnant une issue de secours redondante-, ne faisant que quelques blessés légers. L'appareil est neuf, livré en octobre.
Dans la foulée, le régulateur cloue au sol les 171 exemplaires ainsi configurés et lance une enquête chez Boeing, qui a cumulé les problèmes de production tout au long de 2023 sur le 737, son modèle vedette, et sur le 787 Dreamliner.
Selon un rapport préliminaire de l'Agence de sécurité des transports (NTSB), plusieurs boulons d'attache de la porte-bouchon étaient manquants.
"Boeing doit s'engager à procéder à des améliorations réelles et conséquentes", indique Mike Whitaker, nouveau patron de la FAA, le 28 février.
Les dirigeants de l'avionneur sont alors chargés de lui remettre, sous 90 jours, un "plan d'action complet pour remédier à ses problèmes systémiques de contrôle qualité afin d'atteindre les standards de sécurité non négociables de la FAA".
Ce plan va lui être remis jeudi 30 mai, a appris l'AFP d'une source proche du dossier.
Le régulateur a annoncé mercredi après-midi 29 mai une conférence de presse pour le lendemain, en milieu de journée. Officiellement, M. Whitaker va faire un point d'étape sur le dossier Boeing.
Contacté par l'AFP, Boeing n'a pas fait de commentaire.
"Nous pensons que la FAA va prendre tout le temps nécessaire pour étudier ce plan et pour engager notre responsabilité en vertu des différents paramètres de contrôle mis en place. Il s'agit davantage d'un début que d'une fin", avait déclaré Dave Calhoun, patron du groupe, lors de l'assemblée générale mi-mai.
La FAA ne devrait pas être surprise par le contenu puisque des points d'étape ont été effectués à trente jours puis à soixante jours, a expliqué une seconde source, indiquant que des ajustements pourraient être apportés ultérieurement.
Ce plan doit incorporer les conclusions de l'audit de la FAA ainsi que les recommandations d'une commission d'experts indépendants dont le rapport a été publié le 26 février.
"Confusion"
Ces derniers ont conclu que le dispositif de Boeing en matière de sécurité présentait des lacunes, relevant notamment des procédures "complexes" semant parfois la "confusion" chez les salariés. Ils ont aussi "observé une déconnexion entre les hauts dirigeants de Boeing et les autres membres de l'entreprise concernant la politique de sécurité".
Ils ont avancé 53 recommandations pour remédier à leurs 27 constatations insatisfaisantes.
Un débris du Boeing 737 MAX d'Ethiopian Airlines après son crash le 10 mars 2019 près d'Addis Abeba. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ce panel, désigné par la FAA, a mené ses investigations entre mars 2023 et février 2024. Sa mission découle d'une loi de 2020 adoptée après deux accidents de Boeing 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, qui ont fait 346 morts.
Dans cette affaire, le constructeur a conclu en 2021 un accord dit de poursuite différée (DPA) avec le ministère américain de la Justice.
Outre le paiement de 2,5 milliards d'USD pour fraude dans le processus de certification du 737 MAX, Boeing s'est engagé, entre autres, à renforcer son programme de conformité avec une mise sous surveillance de trois ans. Soit jusqu'au 7 janvier 2024.
Le ministère a estimé mi-mai que Boeing n'avait "pas respecté ses obligations" dans le cadre de cet accord et risquait des poursuites pénales devant un tribunal fédéral du Texas. L'avionneur doit lui répondre avant le 13 juin.
Un dossier de plus à gérer pour la nouvelle équipe aux commandes du constructeur depuis le 25 mars: remplacement immédiat du président du conseil d'administration et du responsable de la branche aviation commerciale, et annonce du départ d'ici fin 2024 de Dave Calhoun.
Administrateur de Boeing depuis 2009, ce dernier a été nommé à ce poste début 2020 pour restaurer la situation financière et assainir la production du groupe après les deux crashes, dus à un problème de conception.
L'avionneur a également été mis à mal par la pandémie de COVID-19, et par les pénuries d'approvisionnement et de personnel qui ont suivi.
Pour se renflouer, Boeing comptait augmenter la cadence de production du 737, pour atteindre son objectif de cinquante exemplaires fabriqués par mois en 2025-2026. Et celle du Dreamliner à dix exemplaires mensuels en 2025/2026 (cinq à fin 2023).
Mais, en annonçant les conclusions de son audit fin février, le régulateur a aussi gelé la production du 737 au niveau de fin 2023 - 38 exemplaires mensuels -, jusqu'à ce que la production de Boeing soit irréprochable.
AFP/VNA/CVN