Mettant en jeu son capital politique pour faire adopter cette réforme qui est aujourd'hui sa grande priorité intérieure mais dont le piétinement commence à affecter la présidence, M. Obama a affirmé l'urgence et l'impératif "moral" d'agir, dramatisant les conséquences du statu quo et fustigeant "le spectacle partisan" offert par ses adversaires républicains. "Le temps des chamailleries est révolu. Le temps des petits jeux est terminé. Le moment est venu d'agir", a-t-il dit, décrivant un système caractérisé par les abus des assureurs, plus cher mais aussi plus impitoyable pour les particuliers que dans aucune autre démocratie développée.
En baisse dans les sondages, M. Obama entend réussir là où ses prédécesseurs ont failli : donner une couverture médicale aux quelque 46 millions d'Américains qui en sont dépourvus, tout en réduisant des déficits records. Il compte faire adopter la réforme d'ici fin 2009, conscient que 2010, année d'élections parlementaires, ne se prête pas à un tel dessein.
Depuis des semaines, le Congrès se divise au point de laisser entrevoir un fiasco qu'a déjà subi Bill Clinton. Un tel échec constituerait une hypothèque considérable pour un président qui entend mener un ambitieux programme de "reconstruction" de l'Amérique.
M. Obama s'est longuement employé à démonter les "déclarations bidons" et les "manœuvres d'épouvante" des républicains et à préciser comme jamais auparavant à quoi devait ressembler le projet.
La réforme mettrait en place des commissions qui décideraient s'il faut ou non continuer à soigner ou laisser mourir certains patients ? "C'est un mensonge pur et simple !", a-t-il tranché. L'argent fédéral ne servirait pas non plus à financer les avortements. La nouvelle loi imposerait aux Américains, sauf rares exceptions, d'avoir une couverture maladie, elle interdirait aux assureurs de refuser une telle couverture à cause d'antécédents médicaux, a-t-il dit.
Les républicains s'alarment du coût de la réforme. Ils s'inquiètent aussi d'une socialisation de la médecine, dont une "option publique" (une nouvelle assurance médicale publique qui couvrirait ceux qui n'en ont aucune autre) serait le prélude.
M. Obama s'est redit favorable à cette option pour forcer les assureurs privés à proposer des polices plus abordables. Mais il a signifié qu'elle ne devait pas servir de prétexte aux "batailles idéologiques" et qu'il était ouvert à d'autres idées.
Quant au coût, il l'a chiffré à 900 milliards de dollars sur 10 ans. Le projet serait financé en grande partie en économisant dans les dépenses de santé, en combattant la fraude et le gaspillage. Le reste serait payé par les assureurs et les compagnies pharmaceutiques. "Je ne signerai pas un plan qui ajouterait le moindre centime à nos déficits", a-t-il certifié.
AFP/VNA/CVN