"Des prix d'une livre, ça ne se trouve pas ailleurs", explique Mehmad en remplissant son panier de marchandises dans l'un de ces commerces discount de Dalston, un quartier pauvre du Nord de Londres.
"Beaucoup de gens qui ont des fins de mois difficiles veulent des prix bas et ne sont pas trop regardants sur l'aspect des magasins", observe Nick Bubb, spécialiste de la distribution pour la Société de services financiers Pali.
Pour Mehmad, 86 ans, les visites dans le magasin "98p" (98 pence) sont quasiment devenues un rituel quotidien. "Quand vous avez une famille, vous avez besoin de quelque chose chaque jour n'est-ce pas?", dit l'octogénaire. Les rues commerçantes de Dalston comptent pas moins de 4 magasins vendant des marchandises d'une livre ou moins, dont un Poundland, du nom de la première chaîne de ce genre qui compte plus de 200 magasins au Royaume-Uni.
On peut y trouver un bric-à-brac de produits variés, des bonbons aux produits d'entretien, et même des tests de grossesse. Poundland s'est cependant récemment attiré des critiques pour avoir proposé dans ses rayons des films pornographiques aux côtés de dessins-animés pour enfants.
Mais Poundland fait maintenant face à la compétition de la chaîne 99p Stores, qui, avec quelque 100 magasins, a doublé de taille depuis la fin 2008.
"L'an prochain, nous essayerons d'attendre 160-180" commerces, explique Hussein Lalani, directeur commercial et fondateur de 99p Stores. "À cause de la récession, nous voyons des gens de toutes les couches de la société. Nous avons dans les magasins beaucoup plus d'actifs, beaucoup plus de gars en costumes", observe-t-il. Alors que la France, l'Allemagne ou le Japon sont sortis de la récession, la Grande-Bretagne subit encore son pire retournement de conjoncture depuis des décennies et les chômeurs approchent les 3 millions.
Des milliers d'employés ont perdu leur emploi dans la faillite de Woolworths, une chaîne de magasins implantée dans le pays depuis un siècle. Pour 99p Stores, cette faillite, qui a choqué les Britanniques, a aussi été l'opportunité de reprendre des espaces commerciaux bien placés.
"On va sûrement reprendre au total 50 anciens magasins Woolworths", explique M. Lalani.
L'expansion des "tout à une livre" ne fait pourtant pas que des heureux. Une campagne, relayée par le site de socialisation facebook, proteste contre le projet d'ouvrir un 99p Stores à Stroud (Sud-Ouest de l'Angleterre).
Plus d'un millier de personnes se sont mobilisées contre l'ouverture de ce magasin à bas prix dans l'écrin des Cotswolds, une belle région de collines très prisées des marcheurs et des fortunés à la recherche d'une résidence secondaire cossue.
Mais à Dalston, personne ne proteste contre la prolifération de ces magasins. James, un nouveau résident du quartier âgé de 48 ans, se dit prêt à revenir, en sortant du magasin avec un nouveau poste de radio, un ouvre-boîte et une boîte de thé en sachets.
"S'il continuent à vendre le thé aussi bon marché, bien sûr, car le thé est plus cher chez Tesco", dit-il, en référence au premier distributeur britannique et le troisième au monde.
Pour continuer à attirer les consommateurs durant la crise, Tesco et les autres grandes chaînes de supermarché britanniques ont elles-aussi commencé à vendre certaines marchandises pour une livre.
AFP/VNA/CVN