M. Panetta, 70 ans, choisi pour diriger l'Agence de renseignement américaine selon des sources démocrates, est un politique aux compétences budgétaires reconnues, sans réelle expérience dans le domaine du renseignement et le contre-terrorisme.
"Je n'ai pas été informée du choix de Leon Panetta pour être le directeur de la CIA", s'est offusquée la sénatrice démocrate Diane Feinstein (Californie) qui doit présider la Commission des renseignements du Sénat. "Ma position a toujours été que la CIA est mieux servie par un professionnel du renseignement", a-t-elle ajouté.
Ancien secrétaire général de Bill Clinton à la Maison Blanche, Leon Panetta enseigne les politiques publiques à l'Université de Santa Clara (Californie). Cet ancien représentant de la Californie (Ouest) au Congrès de 1976 à 1992, dirige également en Californie un centre de réflexion sur ce thème, la Panetta Institute for Public policy, une fondation qu'il a créée.
Surprenant au premier abord, le choix d'une personnalité politique plutôt que d'un haut responsable du renseignement devrait selon les experts aider à restaurer la crédibilité d'une agence éclaboussée par les scandales successifs des vols secrets vers Guantanamo, des techniques d'interrogatoire assimilées à de la torture.
"Voilà un homme qui sera crédible auprès des démocrates du Congrès, qui amène un point de vue extérieur et qui de surcroît sait comment fonctionne la Maison Blanche, ce qui est un plus", estime James Lewis, un expert en renseignement au Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS). "Alors que la nouvelle administration prévoit de défaire les politiques de George W. Bush, Panetta est un bon choix", ajoute-t-il.
"Ils ont besoin de quelqu'un connu du milieu politique de Washington, qui puisse se lever et dire : +ne vous inquiétez pas, tout est sous contrôle", renchérit John Pike, directeur du site internet spécialisé dans les questions de sécurité nationale Globalsecurity.org.
La CIA, créée en 1947 et basée à Langley, en Virginie (Est), s'est retrouvée sous le feu des critiques du Congrès pour avoir échoué notamment à prévoir et empêcher les attentats du 11 septembre 2001, puis pour avoir appliqué les politiques de l'administration Bush dans le cadre de la guerre contre le terrorisme.
La nomination de M. Panetta à sa tête, en remplacement du général Michael Hayden, permettra en outre de tempérer les inquiétudes soulevées ces dernières années quant à la militarisation de la communauté du renseignement.
M. Panetta sera placé sous l'autorité de l'amiral à la retraite Dennis Blair, qui doit être nommé à la tête du Renseignement américain (DNI), selon des sources proches de l'équipe de transition de M. Obama.
L'amiral Blair va hériter d'un poste créé après les attentats du 11 septembre 2001, avec pour mission de chapeauter l'ensemble de la communauté américaine du renseignement, dont la CIA.
Dennis Blair, qui remplacera à ces fonctions Mike McConnell, était jusqu'en 2002 commandant en chef des forces armées américaines de la zone Pacifique. Il avait pris sa retraite en 2002 après 34 ans de carrière dans la Marine. Il avait également travaillé avec la CIA dans les années 1990.
AFP/VNA/CVN