Les biologistes de l'Institut fédéral pour l'évaluation des risques (BfR) ont confirmé les résultats des autorités de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Ouest) : la souche bactérienne O104:H4 d'E.coli entérohémorragique (Eceh), qui a fait 33 morts en Europe, a été détectée dans un sachet de graines germées rapporté aux autorités par un père de famille rhénan.
Ce sachet provenait de la ferme biologique Gärtnerhof à Bienenbüttel, en Basse-Saxe dans le Nord de l'Allemagne, désormais fermée. Mais "selon toutes les connaissances actuelles, la ferme n'a rien fait de mal. Elle a des standards d'hygiène élevés" , a dit le ministre régional de l'Agriculture, Gert Lindemann, au journal Rhein-Neckar-Zeitung.
La confirmation des analyses par le BfR représente "un pas important dans la chaîne de preuves" , a commenté le directeur de l'Institut, Andreas Hensel.
Elle met fin à des semaines d'incertitudes qui ont coûté des centaines de millions d'euros aux agriculteurs européens. Car les consommateurs ont tourné le dos aux concombres, tomates et salades qui avaient été présentées par les autorités allemandes comme possibles vecteurs de la contamination. L'alerte n'a été levée que vendredi.
Le ministère fédéral de l'Agriculture a exprimé sa satisfaction de voir la cause du mal indubitablement identifiée, tandis que le commissaire européen à la Santé, John Dalli, s'est réjoui de "cet événement extrêmement important". "Les consommateurs européens et les partenaires commerciaux (de l'UE) peuvent maintenant avoir toute confiance dans la sûreté des légumes de l'Union européenne" , a déclaré le commissaire.
Après l'accord de principe de Moscou vendredi pour lever son embargo sur les importations de légumes de l'UE, M. Dalli a dit espérer que les légumes européens puissent reprendre "le plus vite possible" le chemin de la Russie.
En suspens, la question du mode de contamination : "On est toujours dans le brouillard (...) Est-ce que la bactérie a été véhiculée par des hommes ou des bêtes?" , a souligné le ministre de l'Environnement et de la Protection des consommateurs de Rhénanie-du-Nord/Westphalie, Johannes Remmel.
Il a appelé les consommateurs à rapporter toutes graines germées suspectes, comme l'a fait ce père de famille "très vigilant" près de Bonn : "Il a entendu à la radio ou à la télévision l'histoire (des soupçons portés sur) des graines germées. Il s'est souvenu qu'il y avait dans son réfrigérateur un sachet de graines, qui a ensuite été jeté, il l'a récupéré dans la poubelle et l'a apporté aux autorités" , a raconté M. Remmel.
Cet homme n'a pas consommé ces graines, contrairement à sa femme et sa fille, tombées malades comme plus de 3.000 personnes.
La ministre de l'Agriculture, Ilse Aigner, a annoncé un renforcement des contrôles d'hygiène en Allemagne concernant la production de graines germées, dans le Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (FAS) de dimanche. Et M. Dalli, que la crise "mènerait à un renforcement de nos systèmes d'alerte" européens.
Les graines de lentilles, luzerne, soja, etc, sont élevées dans la chaleur et l'humidité. Des chercheurs y voient des vecteurs de bactéries pathogènes, comme l'Eceh et la salmonelle.
Le président de la Fédération des agriculteurs allemands (DBV), Gert Sonnleitner, a appelé l'UE à augmenter son aide aux producteurs européens touchés, au-delà des 210 millions d'euros promis : "Cela ne suffit pas. Le préjudice dans l'ensemble de l'UE s'élève entre 500 et 600 millions d'euros" dont 65 millions pour l'Allemagne, a-t-il plaidé.
AFP/VNA/CVN