France
Avant Noël, les jouets jouent leur avenir en laboratoire de la Répression des fraudes

Projeté au sol, le cou comprimé dans un étau, l'ourson garde le sourire. Il vient pourtant de perdre son nez, arraché par une pince en l'espace d'une seconde. La peluche, testée au laboratoire de la Répression des fraudes de Villeneuve d'Ascq (Nord), sera déclarée non-conforme.

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Un technicien de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) vérifie la conformité d'un jouet dans un laboratoire à Villeneuve d'Ascq, dans le Nord, le 13 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Nicolas, technicien au sein du domaine jouets du laboratoire, soumet les peluches à des "essais de traction", explique-t-il. Pour être aux normes, les éléments amovibles de l'ourson (yeux, nez) doivent résister à une pression de 90 newtons, soit environ 9 kg, "la force que peut générer un enfant".

Positionné dans la machine, l'ourson noir et blanc est maintenu en l'air par le cou, le nez pris dans une pince. La machine à peine lancée, l'appendice se détache à 48 newtons.

Un technicien de la DGCCRF vérifie la conformité d'un jouet dans un laboratoire à Villeneuve d'Ascq, dans le Nord, le 13 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Nicolas se saisit ensuite d'un cylindre "de la taille de l'œsophage d'un enfant de trois ans", dans lequel passe largement le petit nez en plastique. Les soucis s'enchaînent pour le plantigrade factice.

Dans ce laboratoire, commun à la Répression des fraudes (DGCCRF), aux douanes et à la direction générale de l'alimentation, "on reçoit des jouets toute l'année", assure Olivier, responsable du domaine jouets. Mais Noël représente "bien sûr un pic d'activité", reconnaît-il.

En 2023, les tests ont conduit à la destruction de 225.000 jouets non-conformes et dangereux.
Photo : AFP/VNA/CVN

La mission de son équipe : "reproduire très exactement le comportement d'un enfant" pour vérifier si les jouets peuvent être mis entre les mains des tout-petits. En dix jours dans le laboratoire, un seul et même jouet peut être soumis à une centaine de tests, de quoi faire pâlir Hercule et ses douze travaux.

Propulsée contre une marche

Un étage plus bas, Fabien, également technicien au laboratoire, propulse une voiturette d'un rouge éclatant à 7,2 km/h contre une marche. Le mini-SUV finit sa course sur le flanc, mais la carrosserie est intacte : essai concluant.

En 2023, 700 jouets ont subi des tests mécaniques, chimiques ou encore d'inflammabilité.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les tests achevés, le laboratoire édite un rapport d'analyse, transmis à la Répression des fraudes. "Si le produit est non-conforme (...), on s'oriente vers une mesure de rappel et de retrait du produit", explique Olivier.

En 2023, 700 jouets ont subi des tests mécaniques, chimiques ou encore d'inflammabilité, indique la DGCCRF, et 19% se sont révélés non-conformes et dangereux, un chiffre qui monte à 36% pour les pièces vendues uniquement via des places de marché en ligne.

Des taux qui s'expliquent par la qualité du criblage effectué par les enquêteurs de la Répression des fraudes, qui n'envoient aux laboratoires que les jouets qui leur paraissent les plus suspects.

Des techniciens de la DGCCRF vérifie la conformité d'un jouet dans un laboratoire à Villeneuve d'Ascq, dans le Nord, le 13 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

En 2023, les tests ont conduit à la destruction de 225.000 jouets non-conformes et dangereux, continue la DGCCRF.

Une issue vers laquelle se dirige tout droit l'ourson noir et blanc : outre son nez arraché, sa couture s'est facilement déchirée lors d'un autre test. Un trou bien assez grand pour permettre à un enfant d'en retirer le rembourrage, qui représente un risque d'étouffement.

Testé juste après lui, un lapin en peluche aux longues oreilles vertes, arrivé sur l'échafaud le regard vide, s'en tire bien mieux : tirées à la pression requise, ses coutures se tendent... mais ne rompent pas. Le voilà sauvé.

AFP/VNA/CVN



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