Automobile : l'Italie freine des quatre fers sur la transition écologique

Après avoir bataillé en vain contre la fin des moteurs thermiques dans les voitures neuves à partir de 2035, le gouvernement nationaliste de Giorgia Meloni mène la fronde en Europe contre le durcissement des normes de pollution automobiles proposé par Bruxelles.

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Giorgia Meloni s'adresse aux médias après un sommet de l'UE, à Bruxelles, le 24 mars. Photo : AFP/VNA/CVN

"L'Italie montre la voie, nos positions sont de plus en plus largement partagées", a assuré lundi 22 mai le ministre des Entreprises, Adolfo Urso, un fervent défenseur de l'industrie nationale face à une "vision idéologique" du changement climatique.

Il commentait ainsi le front commun de huit pays européens, dont l'Italie et la France, contre une future norme, baptisée Euro 7, qui durcit les conditions de tests d'émissions de gaz polluant des véhicules et devrait s'appliquer à partir de 2025.

La proposition de l'UE "est clairement erronée et n'est même pas utile d'un point de vue environnemental", a asséné le ministre des Transports, Matteo Salvini, appelant de ses vœux une "majorité de blocage" pour freiner ce projet jugé trop coûteux par l'industrie automobile.

Patron de la Ligue (extrême droite), il avait déjà mené la charge contre l'extinction des moteurs thermiques en 2035, jugée "une folie" qui "détruirait des milliers d'emplois de travailleurs italiens", au profit de la Chine, en avance pour les véhicules électriques.

Après la menace de dernière minute de l'Allemagne de bloquer cette mesure, Bruxelles a ouvert en mars la voie aux carburants de synthèse réclamés par Berlin sans céder à la demande de Rome d'autoriser les biocarburants pour prolonger la durée de vie des moteurs thermiques.

Selon les experts, la technologie des carburants de synthèse, controversée et encore en développement, ne concernerait qu'une minorité de véhicules de luxe, comme ceux de Ferrari, qui a salué la concession faite par Bruxelles.

"Lobby industriel fort"

En Italie, "les questions environnementales et climatiques sont toujours reléguées au second plan", sous la pression d'un "lobby industriel fort" dans les secteurs automobile et énergétique, déplore un responsable de Greenpeace Italie, Federico Spadini.

Une Fiat 500 électrique d'une société d'autopartage devant une borne à Turin, le 29 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Aucun des gouvernements de ces dernières années n'a été à la hauteur des défis environnementaux. L'Italie ne s'est malheureusement pas fait connaître en Europe comme un champion du climat", commente-t-il. Pour lui, "il est certain qu'avec le gouvernement Meloni, la situation s'est détériorée".

Lanterne rouge en Europe, l'Italie a vu les ventes de véhicules électriques chuter de 26,9% en 2022 et leur part de marché n'a atteint que 3,7%, contre une moyenne de 12,1% dans l'UE. Les primes à l'achat de véhicules zéro émission se sont avérées un flop.

"Il n'y a pas d'engouement pour les voitures électriques en Italie. L'offre est maigre, avec un seul modèle fabriqué par le constructeur national Fiat", constate l'analyste Felipe Munoz, du cabinet Jato Dynamics.

En plus, "le pouvoir d'achat n'est pas très élevé, les gens ne peuvent pas s'offrir des voitures électriques qui coûtent cher. Donc la demande est faible, contrairement aux pays nordiques", explique-t-il. Un avis qui est partagé par le PDG du constructeur italien de camions Iveco, Gerrit Marx.

"Nous risquons de nous transformer en un grand Cuba, avec de très vieilles voitures qui continueront à rouler pendant de nombreuses années, car une partie de la population n'aura pas les moyens de s'offrir un modèle électrique", craint-il.

Très en retard

L'Italie comptait en 2022 près de 270.000 salariés directs ou indirects dans la filière automobile, qui pèse 5,2% du PIB.

Des ouvrières s'affairent à la chaîne de montage d'une Fiat électrique à l'usine Mirafiori de Turin.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le passage au tout électrique pourrait entraîner une perte de plus de 60.000 postes en Italie d'ici 2035 pour les seuls fournisseurs automobiles, selon leur association européenne (Clepa).

"L'Italie n'a plus de grande industrie automobile, depuis l'absorption de Fiat par Stellantis en 2021, mais elle reste importante en termes de composants, qui sont tous orientés vers les moteurs traditionnels", explique Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien.

L'Italie a pris du retard en termes d'électrification des véhicules, ont reconnu les syndicats et le gouvernement. "Si le moteur endothermique disparaît du jour au lendemain, nous ne sommes pas encore en mesure de faire le tout électrique", redoute Alberto Pastorello, secrétaire régional du syndicat Uilm.

"Nous sommes extrêmement en retard, en Italie il y a à peine 36.000 stations de recharge électrique par rapport aux 90.000 de la petite Hollande", a admis aussi le ministre Adolfo Urso.

AFP/VNA/CVN




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