>> Royaume-Uni : le PIB progresse de 0,1% au 1er trimestre
>> Royaume-Uni : le chômage continue de progresser fin mars, à 3,9%
Fruits et légumes sur l'étal d'un marché dans un quartier de l'est de Londres, le 31 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En avril, l'inflation a atteint 8,7% sur un an, contre 10,1% au mois de mars, a annoncé mercredi 24 mai l'Office national des statistiques (ONS) britannique.
"Le taux d'inflation a baissé de façon notable alors que les fortes hausses des prix de l'énergie qui avaient été vues l'an dernier ne se sont pas répétées" en avril, explique sur Twitter Grant Fitzner, chef économiste de l'ONS.
Pour autant, ce ralentissement est inférieur aux attentes, notamment de la Banque d'Angleterre qui tablait sur une inflation à 8,4% en avril. Et l'inflation britannique reste la plus élevée des pays du G7 sur ce mois.
"Les prix sont restés en général nettement plus élevés que ce qu'ils étaient à la même période l'an dernier, avec une inflation des prix alimentaires proche de ses records historiques", poursuit M. Fitzner.
Les prix dans l'alimentation ont augmenté, en effet, de 19% en avril (0,1 point de moins qu'en mars), et l'inflation dans ce domaine évolue depuis plusieurs mois à des niveaux record sur plus 45 ans au Royaume-Uni.
"Les sécheresses et les inondations en Europe et ailleurs ont perturbé les chaînes d'approvisionnement et font grimper les prix des denrées alimentaires telles que l'huile d'olive", relève Tom Lancaster, analyste du groupe de réflexion Energy and Climate Intelligence Unit (ECIU).
"Les agriculteurs sont toujours aux prises avec des coûts d'engrais proches des records, car la plupart sont fabriqués avec du gaz", ajoute-t-il.
La fédération de commerçants British Retail Consortium (BRC) note toutefois que "le prix de certains produits de première nécessité commence à baisser, notamment le lait et le beurre, alors que la baisse des prix des matières premières et de l'énergie commence à se faire sentir".
Crise du coût de la vie
"La baisse des prix de gros de l'énergie a finalement commencé à se répercuter et devrait aider l'inflation à refluer au second semestre", estime Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown. "Mais on ne sait toujours pas jusqu'où et à quelle vitesse."
Selon le Fonds monétaire international (FMI), qui a révisé mardi 23 mai en nette hausse ses prévisions pour l'économie britannique cette année, l'inflation devrait baisser "considérablement" au Royaume-uni, pour atteindre environ 5% d'ici fin 2023 et tomber sous 2% d'ici mi-2025.
Le ministre des Finances britannique, Jeremy Hunt, le 15 mars à la Chambre des communes à Londres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le PIB du Royaume-Uni est désormais attendu en progression de 0,4% pour l'ensemble de 2023 par le FMI (qui avait précédemment prévu, dans ses projections publiées en avril, une baisse de 0,3%). Il sera "soutenu par une demande résiliente dans le contexte de la baisse des prix de l'énergie", estime le Fonds.
"Le FMI a reconnu hier (mardi) que nous avons agi de manière décisive pour lutter contre l'inflation, mais (...) les prix alimentaires augmentent encore trop rapidement", a réagi le ministre britannique des Finances, Jeremy Hunt, mercredi 24 mai dans un communiqué.
Alors que l'inflation alimente depuis des mois une sévère crise du coût de la vie dans le pays, le Chancelier de l'Echiquier - titre officiel de M. Hunt - a dit avoir entamé un dialogue avec les différents acteurs du secteur, dont les supermarchés et agriculteurs.
Le gouvernement "examine chaque élément de la chaîne d'approvisionnement et ce que nous pouvons faire pour répercuter certaines des réductions de coûts sur les consommateurs aussi rapidement que possible", a-t-il assuré mercredi 24 mai lors d'un événement du Wall Street Journal réunissant des décideurs économiques à Londres.
Pour lutter contre les hausses de prix, la Banque d'Angleterre (BoE) a relevé ses taux d'intérêt à 12 reprises depuis fin 2021. Comme l'inflation a moins reculé que ce qu'elle espérait en avril, cela pourrait l'encourager à poursuivre dans la même direction, selon les économistes.
"Il est désormais très difficile d'imaginer que la Banque d'Angleterre ne relève pas ses taux d'intérêt de 4,50% à 4,75% en juin", estime ainsi Paul Dales, analyste chez Capital Economics.
AFP/VNA/CVN