"Les gens font cela depuis des centaines de milliers d'années : ils utilisent tout ce qui est disponible pour se construire des abris", explique M. Phillips, qui a fondé Phoenix Commotion il y a 12 ans avec l'idée de créer un nouveau modèle d'habitations, durables et abordables.
Les 13 maisons qu'il a construites jusqu'ici auraient plus leur place dans un musée d'art que dans les rues de Huntsville, une cité texane conservatrice de 35.000 habitants dont le principal titre de gloire est d'être le siège des exécutions capitales de l'État.
Vivre dans une de ces maisons, c'est un peu comme habiter dans une attraction foraine. "Chaque jour ou presque, quelqu'un frappe à la porte et demande s'il y a moyen de visiter", raconte Edie Wells, une artiste qui loue une chambre dans la "maison des os". Les meubles de jardin et les escaliers y sont, comme son nom l'indique, faits en os. Le sol est pavé de bouchons de liège et de capsules de bouteilles de bière, et dans une vie antérieure, le vasistas était un plat en Pyrex.
Mais ce qui impressionne le plus les visiteurs, raconte Edie Wells, c'est la salle de bains où les murs, les sols et le plafond sont entièrement recouverts d'éclats de miroirs.
Il y a aussi la "Maison des livres d'histoires", qui ressemble à celle d'Hansel et Gretel, ou encore la "maison Budweiser" qu'une famille a construite en hommage à sa marque de bière préférée.
Phoenix Commotion est une société à but lucratif, mais fonctionne plus comme une association qui cherche à résoudre des problèmes sociaux universels : pour 10.000 dollars, elle bâtit des maisons destinées aux parents célibataires, aux familles à bas revenus et aux artistes.
Ces maisons sont toutes économes en énergie, avec un système efficace d'isolation, un chauffe-eau solaire et un réservoir qui recueille l'eau de pluie, utilisée ensuite pour les toilettes et la lessive. Dan Phillips embauche des salariés non qualifiés, les forme et les aide à trouver ensuite un emploi mieux payé. "Il m'a permis d'apprendre les techniques de construction, mais aussi de faire appel à ma part de créativité", explique Shannon Bryant, qui fait partie de ses apprentis.
L'entreprise a commencé par récupérer des centaines de tonnes de matériaux de construction dans des décharges, mais on lui en apporte désormais tellement qu'elle ne peut plus les stocker : des grands magasins de bricolage lui lèguent leurs invendus de carrelage, de bois ou de granit, s'épargnant le coût de les confier à des déchetteries. Les habitants du coin lui donnent aussi leurs anciennes portes ou baignoires lorsqu'ils font des travaux d'embellissement.
Du coup, Don Phillips a lancé avec la municipalité de Huntsville un programme permettant de stocker des matériaux dans des entrepôts appartenant à la ville, avant de les distribuer gratuitement aux personnes à bas revenus et aux ONG.
L'exemple de Huntsville a inspiré d'autres municipalités, comme Houston, la métropole de l'Est du Texas, qui a ouvert son propre entrepôt en octobre 2009.
En six mois, il contenait six tonnes de matériaux, le poids d'un Boeing 747. Don Phillips fait désormais des conférences un peu partout pour présenter sa philosophie. "C'est durable, et nous nettoyons notre propre jardin par la même occasion", résume-t-il.
AFP/VNA/CVN