L'administration Obama donne un coup de frein à l'exploitation du charbon à ciel ouvert

L'administration Obama a donné un coup de frein à l'exploitation du charbon à ciel ouvert, en révoquant le permis d'une mine dans les Appalaches (Est des États-Unis), un geste sans précédent dénoncé par l'industrie minière mais salué par les organisations environnementales.

L'Agence américaine pour la protection de l'environnement, EPA, a révoqué le 20 janvier un permis déjà accordé à un vaste projet de mine à ciel ouvert, dit Spruce 1, dans le comté de Logan en Virginie-Occidentale, exploité par Mingo Logan Coal CO, une filiale du grand producteur de charbon Arch Coal.

Ce projet était l'un des plus importants dans la chaîne des Appalaches, où la pratique de faire exploser le sommet des montagnes pour en récolter le charbon est très répandue. Cette méthode produit 10% de tout le charbon récolté aux États-Unis, selon les statistiques de la profession.

L'EPA, qui a révoqué le permis au nom de la loi sur la protection des eaux (Clean Water Act), a estimé que cette exploitation "mettait en danger la santé des populations des Appalaches et la propreté de l'eau", selon Peter Silva, administrateur adjoint de l'EPA.

La méthode d'exploitation par explosifs, qui s'accompagne de l'enfouissement de déchets et de produits toxiques sur place, est notamment accusée de polluer les sources. "Nous avons la responsabilité de protéger la qualité de l'eau et la santé des habitants qui dépendent de cette eau", a ajouté le responsable de l'EPA.

Arch Coal, deuxième producteur de charbon du pays avec 16% de la production, s'est dit "choqué". "Nous allons vigoureusement défendre notre permis. La prochaine étape, c'est le tribunal", a affirmé la porte-parole Kim Link dans un communiqué.

"Cette décision va geler les futurs investissements", a-t-elle assuré tandis que l'organisation professionnelle National Mining Association affirmait que désormais "tous les permis" de cette région "étaient menacés (...) en pleine morosité économique".

Les organisations environnementales, dont certaines combattaient ce projet depuis plus de dix ans, ont salué pour leur part "ce geste historique", affirmant, selon Earthjustice, qu'il "stoppait une mine qui allait détruire 11 km de ruisseaux".

Ed Hopkins de l'organisation écologiste Sierra Club a noté dans cette décision "le net contraste avec la politique de l'administration précédente", celle de George W. Bush.

C'est la première fois que l'EPA révoque un permis déjà attribué --en 2007 dans le cas présent-- après un long processus d'enquête publique et la 13e fois depuis l'adoption du Clean Water Act en 1972 qu'elle refuse simplement une autorisation d'exploiter.

"Les travaux scientifiques ont validé ce qu'on affirme depuis plus de dix ans : ces pratiques minières détruisent nos cours d'eau, nos forêts et la santé des habitants", a affirmé Janet Keating, directrice de l'Ohio Valley Environmental Coalition.

Les élus de Virginie-Occidentale, un État rural pauvre où l'exploitation minière est un des principaux employeurs, ont vigoureusement défendu l'industrie charbonnière. "Je suis profondément en colère (...). Cette décision est une erreur injuste", a affirmé le sénateur Jay Rockefeller. Spruce 1 aurait employé jusqu'à 250 mineurs et produit 44 millions de tonnes de charbon sur 15 ans.

"Cette nouvelle est un désastre pour tout l'État", a réagi le gouverneur Earl Tomblin. "Ce geste sans précédent de l'EPA est une preuve supplémentaire que cette administration (...) n'est pas sincère quand elle dit qu'elle veut faire face aux défis du chômage dans le pays", a ajouté la Fédération américaine du charbon.

AFP/VNA/CVN

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