Attentats au Nigeria : le spectre d'une guerre de religion ressurgit

Les chrétiens du Nigeria ont averti le 28 décembre qu'ils "répondraient" à toutes nouvelles attaques, après une vague d'attentats attribuée à des islamistes qui ont visé notamment des églises et font craindre une escalade des violences interconfessionnelles.

Une bombe artisanale a été jetée contre une école coranique le 27 décembre, blessant six enfants. L'assaut n'avait pas été revendiqué le 28 décembre, selon la police.

Le 25 décembre, jour de Noël, plusieurs bombes visant des églises notamment ont fait une quarantaine de morts. Les autorités ont attribué ces attentats à la secte islamiste Boko Haram, qui les a elle-même revendiqués. "La communauté chrétienne au niveau national n'aura pas d'autre choix que de répondre de façon appropriée si il y a d'autres attaques contre nos membres, nos églises et nos biens", a averti le 28 décembre le révérend Ayo Oritsejafor, président de l'Association des chrétiens du Nigeria (CAN).

Il n'a fourni aucune précision sur la "réponse" éventuelle des chrétiens lors de cette déclaration à des journalistes peu avant un entretien avec le président nigérian Goodluck Jonathan.

L'attaque la plus meurtrière le 25 décembre a tué au moins 35 personnes à la sortie d'une église à Madalla, près de la capitale Abuja.

La CAN considère les actions de Boko Haram "comme une déclaration de guerre contre les chrétiens et contre le Nigeria en tant qu'entité", a affirmé le révérend Oritsejafor. Il a en outre dénoncé "l'incapacité apparente du gouvernement à protéger (...) les vies, les églises et les biens de nos membres".

Les autorités ont tenté de rassurer la population après les attentats, dans un contexte de craintes de représailles et d'escalade des violences interconfessionnelles. Elles se sont jusqu'à présent montrées incapables d'empêcher Boko Haram de multiplier les attaques de plus en plus sophistiquées et meurtrières. Le groupe prône l'instauration d'un État islamique au Nigeria.

Le président Jonathan, qui a pris la parole après le révérend Oritsejafor, a assuré que "tout" était fait pour surpasser cette crise, appelant à un effort collectif pour démasquer les coupables. "Les terroristes sont des êtres humains (...) ils vivent parmi nous, dînent avec nous, nous les connaissons, les gens les connaissent", a-t-il dit.

M. Jonathan a aussi assuré qu'en matière de sécurité, "nous faisons de notre mieux, nous allons restructurer, réajuster, nous assurer que nous avons une équipe capable de faire face aux défis que nous rencontrons aujourd'hui".

Boko Haram a revendiqué juste avant les attentats de Noël une vague d'attaques dans le Nord-Est qui avaient donné lieu à des combats avec les forces de l'ordre. Des sources ont indiqué que ces violences, les 22 et 23 décembre, avaient fait jusqu'à 100 morts.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, compte 160 millions d'habitants, dont environ autant de musulmans, majoritaires dans le nord que de chrétiens, plus nombreux dans le Sud.

Le plus haut responsable musulman du Nigeria a assuré le 27 décembre "à tous les Nigérians qu'il n'y a aucun conflit entre les musulmans et les chrétiens, entre l'islam et la Chrétienté". "C'est un conflit entre des gens diaboliques et des gens biens", avait affirmé le sultan de Sokoto (Nord), Muhammad Sa'ad Abubakar.

Le conseiller national pour la sécurité, Owoye Azazi, a de son côté appelé les chrétiens à ne pas se venger.

Dans la journée, une coalition d'églises pentecôtistes a averti que ses fidèles se défendront eux-mêmes en cas de nouvelles attaques. Un responsable a toutefois précisé que cette auto-défense se ferait dans le cadre de la loi.

À Sapele, dans le delta du Niger (Sud), six enfants âgé de 5 à 8 ans qui étaient en classe, et un adulte, ont été blessés et hospitalisés après que des individus eurent jeté depuis une voiture en marche une bombe artisanale contre une école coranique.

Si les violences dans la région du delta sont fréquentes, elle visent généralement le secteur pétrolier et n'ont jusqu'à présent pas eu de caractère religieux.

AFP/VNA/CVN

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