Afghanistan
Attentat dans une mosquée, réunion pour relancer les pourparlers de paix

Un attentat à l'explosif a fait au moins 12 morts vendredi 14 mai dans une mosquée en banlieue de Kaboul, au deuxième jour du cessez-le-feu provisoire annoncé par les talibans et le gouvernement afghan, qui ont parallèlement tenu une réunion en vue de relancer les négociations de paix.

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Des musulmans prient dans une mosquée lors de l'Aïd el-Fitr, le 13 mai 2021 à Kaboul, en Afghanistan.

Le drame s'est produit au cours des prières, provoquant notamment la mort de l'imam et faisant 15 blessés, selon la police. Un porte-parole du ministère de l'Intérieur a précisé que les explosifs avaient été placés à l'intérieur de cet édifice religieux avant les prières du vendredi 14 mai.

Cet attentat n'a pour le moment pas été revendiqué et les talibans ont nié en être les auteurs.

Il a eu lieu au deuxième jour d'un cessez-le feu de 72 heures conclu entre les insurgés et les forces gouvernementales pour l'Aïd el-Fitr, la fête musulmane qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan.

Dans le même temps, des négociateurs du gouvernement afghan et des membres de la direction du mouvement taliban se sont rencontrés au Qatar pour discuter des pourparlers de paix, au point mort depuis des mois.

"Une réunion s'est déroulée aujourd'hui à Doha entre les délégations des deux parties", qui "ont insisté sur l'accélération des discussions sur la paix", ont tweeté vendredi 14 mai les représentants des autorités de Kaboul.

"Les deux parties sont tombées d'accord pour continuer les pourparlers", après l'Aïd el-Fitr, ont de leur côté souligné les talibans.

Ce qui n'a pas empêché le gouverneur de la province d'Uruzgan, Fazel Ahmad Shirzad, d'accuser les insurgés d'avoir violé par deux fois le cessez-le-feu en lançant des attaques contre les forces de sécurité vendredi, au lendemain de l'explosion d'une mine qui a causé la mort de plusieurs civils à Kunduz (Nord).

Les Américains quittent une importante base 

Depuis le 1er mai, date à laquelle les États-Unis étaient supposés avoir retiré leurs 2.500 soldats encore présents sur place en vertu d'un accord signé sous la présidence de Donald Trump, l'Afghanistan est en proie à une recrudescence des violences alors que les militaires américains continuent de quitter son sol.

Illustration, le départ de ces derniers de la base aérienne de Kandahar, l'une des plus importantes sur le territoire afghan, dans le Sud, d'où, la semaine dernière encore, des avions américains décollaient afin de prêter main forte aux unités gouvernementales qui tentaient de repousser une vaste offensive des insurgés.

"Cette base ne nous a pas été officiellement rendue mais je peux confirmer qu'ils (les soldats américains) l'ont quittée mercredi", a annoncé vendredi 14 mai Khoja Yaya Alawi, un porte-parole de l'armée afghane dans cette ville.

"Ils ont remis toutes les installations aux forces afghanes", a précisé le directeur de l'aéroport de Kandahar.

L'ambassade des États-Unis à Kaboul a quant à elle confirmé avoir "passé le relais cette semaine aux forces afghanes sur la base aérienne de Kandahar", tandis qu'une passation de pouvoir officielle doit y avoir lieu après l'Aïd el-Fitr.

À un moment, cette base a été la deuxième plus grande pour les troupes internationales, en particulier américaines, présentes en Afghanistan.

La province de Kandahar, un ancien bastion des talibans, a été, ces derniers mois, le théâtre d'affrontements entre les insurgés et les militaires afghans.

"Soutien indéfectible" de Washington

Un musulman prie lors de l'Aïd el-Fitr, marquant la fin du ramadan, le 13 mai 2021à Kaboul, en Afghanistan.

Les États-Unis et les autres pays de l'Otan se sont engagés à parvenir au départ de l'ensemble de leurs contingents encore présents en Afghanistan d'ici au 11 septembre, la date du 20e anniversaire des attentats de 2001.

L'armée américaine a à cet égard annoncé mardi 11 mai être parvenue à retirer 12% de ses effectifs et de ses équipements contre 6% une semaine auparavant.

Condamnant vendredi 14 mai les récentes attaques en Afghanistan, au cours d'un entretien téléphonique avec le président afghan Ashraf Ghani, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a de son côté fait part du "soutien indéfectible" des États-Unis aux forces de sécurité afghanes, selon un communiqué diffusé à Washington.

Rares sont ceux qui pensent que les soldats afghans pourront faire face aux talibans sans la protection de l'aviation et des forces spéciales américaines.

"Ça va être très difficile pour nous d'effectuer des opérations", a déclaré un officier afghan sous couvert d'anonymat. "Nos appareils ne peuvent pas voler la nuit, donc les opérations nocturnes vont être difficiles".

"Les forces aériennes afghanes n'ont pas les moyens de remplacer les forces américaines", a fait valoir l'analyste afghan Kabir Darwish, soulignant le caractère stratégique de la base de Kandahar. "Avec le temps, la flotte afghane cessera d'être opérationnelle en raison d'un manque d'entretien", a-t-il prévenu.

Ces dernières semaines, les combats se sont intensifiés dans certaines provinces et, mardi 11 mai, les talibans se sont emparés d'un district à la périphérie de Kaboul.

Les insurgés encerclent de plus en plus les grands centres urbains, laissant suggérer qu'ils attendent le retrait des Américains pour déclencher de vastes offensives contre les villes.

Le 8 mai, plus de 50 personnes ont été tuées et une centaine d'autres blessées dans un quartier chiite de la capitale par l'explosion de bombes placées devant une école de filles.

Il s'agissait de l'attentat le plus meurtrier en un an. Les autorités ont accusé les talibans mais ceux-ci ont nié en avoir été les auteurs.


AFP/VNA/CVN

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