>> Attentat sanglant sur un marché de Noël en Allemagne, un suspect arrêté
Des personnes se recueillent devant un mémorial de fleurs et de bougies en gommage aux victimes de l'attaque de Magdebourg, le 23 décembre à Magdebourg en Allemagne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans sa traditionnelle allocution de Noël, Frank-Walter Steinmeier a évoqué "l'ombre" jetée sur les fêtes de fin d'année par l'attaque à la voiture-bélier qui a fait cinq morts et plus de 200 blessés vendredi soir 20 décembre sur le marché de Noël de Magdebourg, dans le Nord-Est de l'Allemagne.
"Beaucoup auront le cœur lourd en cette période de Noël. Beaucoup seront bouleversés, inquiets, peut-être même effrayés. Tous ces sentiments sont compréhensibles. Mais ils ne doivent pas nous dominer, ni nous paralyser", a ajouté le chef de l'État selon le texte de son allocution, qui sera diffusée à la télévision publique mardi 24 décembre.
L'auteur présumé de l'attaque est un Saoudien de 50 ans, Taleb Jawad al-Abdulmohsen, arrêté vendredi soir 20 décembre, psychiatre de formation exerçant dans une clinique non loin de Magdebourg. Il a foncé sur la foule à bord d'un puissant véhicule BMW de location.
Personnalité difficile à cerner, très actif sur les réseaux sociaux, il a pêle-mêle exprimé des opinions hostiles à l'islam, sa colère contre les fonctionnaires allemands de l'immigration et son soutien aux récits conspirationnistes d'extrême droite sur une "islamisation" de l'Europe.
Manifestations
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier pose à l'occasion de son allocution de Noël, le 23 décembre à Berlin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"La haine et la violence ne doivent pas avoir le dernier mot. Ne nous laissons pas diviser. Restons unis !", a exhorté M. Steinmeier.
"La cohésion, quand il le faut, c'est ce qui caractérise notre pays. Montrons-le justement maintenant", a ajouté le chef de l'État.
Même si les mobiles du suspect restent flous, l'attaque, qui a coûté la vie à quatre femmes et à un enfant de neuf ans, a replacé les questions de l'immigration et de la sécurité au cœur de la campagne pour les législatives anticipées du 23 février.
Installé en Allemagne depuis 2006, Taleb Jawad al-Abdulmohsen disposait du statut de réfugié.
L'Arabie saoudite avait demandé en vain à Berlin son extradition, après avoir averti à plusieurs reprises qu'il "pourrait être dangereux", a indiqué à l'AFP une source proche du gouvernement à Ryad.
Peu après l'attaque, le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) a dénoncé l'accueil de centaines de milliers de réfugiés dans le pays ces dernières années.
Lundi soir 23 décembre, quelque 3.500 personnes - selon la police - ont rallié un rassemblement organisé par l'AfD à Magdebourg pour commémorer le drame.
Contre l'instrumentalisation
Des personnes participent à un rassemblement organisé par le parti d'extrême droite AfD, le 23 décembre à Magdebourg en Allemagne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Prenant la parole sur la place de la cathédrale, la coprésidente du parti, Alice Weidel, a demandé "du changement pour que nous puissions enfin vivre de nouveau en sécurité", alors que la foule scandait "expulsion, expulsion, expulsion !"
"Nous devons fermer les frontières (...), nous ne pouvons plus accueillir des fous furieux venus de tous les pays", a lancé Jan Wenzel Schmidt, chef de l'AfD du Land de Saxe-Anhalt.
À deux mois des élections du 23 février, cette formation, hostile aux migrants, antisystème et prorusse, est créditée d'environ 20% d'intentions de votes dans les sondages, derrière les conservateurs de la CDU/CSU (32%) et devant le parti social-démocrate d'Olaf Scholz (15%).
Au même moment, lundi soir 23 décembre, une initiative anti-AfD a rassemblé environ 4.000 personnes qui ont formé une chaîne humaine, avec des bougies et des lumières, dans le centre de Magdebourg.
Baptisé "Ne donne aucune chance à la haine", ce mouvement a dit "constater avec effroi et colère que des personnes veulent instrumentaliser cet acte cruel pour leur politique" et a appelé à "la tolérance et l'humanité".
Sous pression, le gouvernement d'Olaf Scholz a promis une enquête rapide et minutieuse pour clarifier d'éventuelles erreurs dans la prévention de l'attaque, commise huit ans après un acte similaire perpétré sur un marché de Noël de Berlin, qui avait fait 13 morts.
La ministre de l'Intérieur Nancy Faeser ainsi que des hauts fonctionnaires seront auditionnés le 30 décembre par la commission des Affaires intérieures du Bundestag.
AFP/VNA/CVN