L'UE à l'offensive diplomatique pour affronter la crise migratoire

Les dirigeants des 28 pays membres de l'Union européenne finalisent jeudi 15 octobre à Bruxelles leur offensive diplomatique pour tarir les flux migratoires à la source, au-delà des frontières européennes, pressant tout particulièrement la Turquie réticente d'apporter sa contribution.

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L'attentat suicide meurtrier de samedi 10 octobre à Ankara (99 morts) a ralenti une négociation déjà difficile, mais la coopération de la Turquie est devenue urgente pour les chefs d'États et de gouvernement européens, réunis jeudi 15 octobre pour un nouveau sommet sur les migrants.

Ce pays est "devenu la porte d'entrée pour des centaines de milliers de réfugiés vers l'Europe", rappelle le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. "L'UE a besoin de la Turquie et la Turquie a besoin de l'UE", selon son dauphin Frans Timmermans, justement en Turquie mercredi 14 octobre pour mener des tractations.

Des migrants arrivent en Grèce le 14 octobre 2015.

Un accord avec la Turquie, avec "des concessions" pour la convaincre, "n'a de sens que s'il réduit effectivement le flux de migrants", a souligné le président du Conseil européen, Donald Tusk, maître d'œuvre du sommet de jeudi 15 octobre.

"La principale chose qu'on leur demande, c'est qu'ils continuent d'accueillir des réfugiés, avec notre aide", souligne un diplomate. Plus de deux millions de Syriens ont déjà trouvé refuge en territoire turc.

Au rayon des "concessions", outre une aide financière proposée, les Européens ont voulu faire preuve de bonne volonté en acceptant de discuter de la "zone de sécurité" que le président Recep Tayyip Erdogan a appelée de ses vœux le long de sa frontière avec la Syrie.

En guise de carotte, les Européens sont aussi prêts à discuter d'une "libéralisation" des visas pour les Turcs voyageant dans l'UE, même si le sujet suscite "des sueurs froides dans certains États membres", selon un diplomate.

De la parole aux actes

Le sommet va également rappeler la coopération que l'UE veut instaurer avec les pays de la "Route des Balkans", empruntée par les réfugiés, et plus loin, avec l'Afrique.

"Il y a un consensus très fort autour du principe du +more for more+" (plus pour plus) à appliquer à la relation avec les pays africains, explique un diplomate européen. En clair : s'ils veulent plus d'aide, ces pays doivent davantage faciliter le retour sur leur sol de leurs ressortissants renvoyés par l'UE quand ils n'obtiennent pas le statut de réfugié.

Le sujet sera au cœur du Sommet de La Vallette, qui réunira l'UE et des pays africains à Malte les 11 et 12 novembre. À ce sujet, la Commission va sermonner jeudi 15 octobre les dirigeants des États membres qui n'ont pas encore apporté de contribution au nouveau fond d'urgence pour l'Afrique.

Ils n'ont pas encore tenu non plus leur promesse d'apporter au moins 500 millions d'euros pour les agences de l'ONU oeuvrant pour les réfugiés dans les pays voisins de la Syrie. Ils "doivent passer des paroles aux actes", a lancé mercredi 14 octobre l'exécutif européen, exhortant les États membres à fournir à Frontex (l'agence européenne chargée des frontières extérieures) les moyens nécessaires pour accomplir sa mission.

AFP/VNA/CVN

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