Les policiers en colère manifestent, Valls leur promet des actes

Des cibles sur leurs t-shirts et des slogans énervés : des milliers de policiers ont manifesté le 14 octobre devant le ministère de la Justice et en province, un rassemblement exceptionnel qui a poussé Manuel Valls à monter en première ligne pour répondre à leur malaise.

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Les manifestants n'étaient pas encore tous dispersés place Vendôme que le Premier ministre annonçait des mesures visant à "alléger" la gestion de la garde à vue et des enquêtes, une revendication ancienne des forces de l'ordre, et à durcir les peines pour le trafic d'armes. Il a aussi fait part de son souhait d'"éviter" les permissions de sortie de détenus sans "nécessité avérée".

"J'entends donc la colère des policiers, des gendarmes, j'entends leur malaise", a-t-il déclaré depuis Matignon, flanqué de ses ministres de l'Intérieur et de la Justice, Bernard Cazeneuve et Christiane Taubira. "Le message des manifestants est pris au sérieux", a-t-il martelé, tout en refusant toute "rupture" entre police et justice.

Des policiers rassemblés sous les fenêtres de la Garde des Sceaux, le 14 octobre à Paris.

Répondant à l'une des principales revendications des manifestants, François Hollande recevra par ailleurs les syndicats de police et de justice la semaine prochaine.

Les policiers -- près de 7.500 selon la préfecture de police, jusqu'à 10.000 selon les syndicats -- ont scandé haut et fort leur "colère", réunis place Vendôme pour la première fois depuis 1983. La place était envahie d'une nuée orange et blanche laissée par les fumigènes, de drapeaux des syndicats et de sirènes de police, tandis que des "Taubira démission" fusaient dans l'assistance. Sur un échafaudage, une banderole noire donne la couleur : "Police/justice : la rupture".

La goutte d'eau qui a fait déborder le vase est la fusillade au cours de laquelle un policier a été grièvement blessé le 5 octobre en Seine-Saint-Denis par un braqueur en cavale et fiché. Mais la colère gronde depuis des mois.

"Patrouille non-stop"

"Les policiers, héros du mois de janvier" après les attentats, "sont devenus les oubliés de la République", a tonné à la tribune Jean-Claude Delage pour Alliance (premier syndicat de gardiens de la paix).

"Ça suffit!", a renchéri Yves Lefebvre, pour Unité-police SGP : "nous demandons protection et reconnaissance", le "ministère de la Justice se moque des risques que nous prenons tous les jours". Patrice Ribeiro de Synergie (deuxième syndicat d'officiers) a réclamé "un plan Marshall de la police", tandis que Jean-Marc Bailleul du SCSI-CFDT (majoritaire) a demandé que "tous les acteurs de terrain de la chaîne pénale soient écoutés". "On a besoin de la justice, nous sommes avec vous", a dit Céline Berthon, du SCPN (majoritaire chez les commissaires), aux manifestants, en majorité gardiens de la paix.

Tous les responsables syndicaux ont pointé une "explosion des violences", un "manque de moyens", une "absence de réponses pénales".

"Depuis les attentats de janvier, on fait les plantons et on patrouille non-stop. Les moyens ne sont pas là," a témoigné un officier parisien sous couvert d'anonymat.

Et tous ont évoqué les rendez-vous des prochains mois, annonciateurs d'une sécurité maximale : la conférence de l'ONU sur le climat à Paris (30 novembre-11 décembre) et l'Euro-2016 de football (10 juin-10 juillet).

"Il faut éviter les emportements et les amalgames", avait insisté Bernard Cazeneuve, tentant l'apaisement mardi 13 octobre lors d'un discours devant les forces de l'ordre, tout en reconnaissant des "dysfonctionnements". Christiane Taubira avait insisté de son côté sur la nécessité de "prévenir tout risque de libération injustifiée" de détenus et mieux encadrer leurs permissions.

AFP/VNA/CVN

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