Antidumping : les producteurs vietnamiens de chaussures ont des bleus à l'âme

Le Vietnam demande encore une fois à la Commission européenne (CE) et à l'Union européenne (UE) une révision juste et objective des intérêts légitimes des entreprises comme des travailleurs vietnamiens, ainsi que des importateurs et des consommateurs européens.

La décision de l'UE de prolonger pour une durée de 15 mois les taxes antidumping sur les chaussures vietnamiennes est "injuste" et "inéquitable", a affirmé la porte-parole du ministère vietnamien des Affaires étrangères (MAE), Nguyên Phuong Nga.

Les ambassadeurs des pays membres de l'UE (COREPER) ont voté le 17 décembre une prolongation de 15 mois des taxes antidumping sur les chaussures à dessus en empeigne en cuir fabriquées au Vietnam. "Il s'agit d'une décision injuste, inéquitable, non objective qui ne reflète pas fidèlement les activités de production et de commerce des chaussures et des sandales au Vietnam", a déclaré la porte-parole du MAE vietnamien. Cela va totalement à l'encontre des bonnes relations d'amitié et de coopération entre le Vietnam et l'UE, et entraîne d'importantes difficultés pour le gouvernement, les entreprises comme les travailleurs vietnamiens de cette filière.

Le Vietnam affirme que les entreprises vietnamiennes n'ont pas pratiqué de dumping, n'ont pas eu l'intention de le faire, ni les moyens d'ailleurs de mettre en oeuvre une telle pratique depuis toujours, car pour l'essentiel, elles n'interviennent qu'en tant que sous-traitant de groupes étrangers, dont nombre de l'UE. Dans la conjoncture actuelle, où la reprise de l'économie mondiale ne fait que commencer, la prolongation de la perception de telles taxes va aggraver les difficultés des entreprises et des travailleurs vietnamiens, de même qu'elle continuera de porter atteinte aux intérêts des producteurs européens de chaussures ayant une activité au Vietnam, sans compter un part non négligeable des consommateurs européens eux-mêmes.

Grandes pertes

Cette décision de l'UE, le premier marché du monde, faisant suite à une première prorogation il y a 3 ans déjà, a été approuvée malgré l'opposition de plusieurs pays membres, à commencer par la Grande-Bretagne. Elle devra être formellement validée demain par le Conseil européen.

Lors des discussions en novembre dernier sur cette mesure proposée par la CE, 15 des 27 pays membres de l'UE s'étaient déclarés contre, et même le comité antidumping de l'UE s'y était opposé. Les taxes antidumping contre les chaussures ont créé un désaccord au sein de l'UE lorsqu'elles ont été appliquées afin d'empêcher les produits de faible prix originaires de Chine et du Vietnam de gagner des parts de marché au détriment de petits fabricants européens, notamment d'Italie et d'Espagne. La CE a imposé de tels droits à un taux de 16,5% pour les produits chinois, et de 10% pour produits vietnamiens.

Au Vietnam, l'industrie des chaussures occupe une part importante de son économie. Imposer des taxes antidumping sur les chaussures en cuir importées du Vietnam pendant 2 ans et les exclure de la liste des marchandises bénéficiant du Système généralisé de préférences (GSP) depuis le 1er janvier 2009 ont entraîné nombre de préjudices à cette industrie nationale. La vie de plus de 650.000 travailleurs, dont la plupart des femmes, a été profondément influencée. Pour être parfaitement concret, les chaussures vietnamiennes sont taxées à 18% au lieu de 4,5% auparavant, avec pour conséquence, sur les 9 premiers mois de l'année, un chiffre d'affaires à l'exportation des chaussures vietnamiennes vers l'UE de près de 1,6 milliard de dollars seulement, soit un recul de 11,2% en glissement annuel.

Thê Linh/CVN

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