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Sept associations ont de nouveau réclamé le 16 novembre un fonds d'indemnisation global "pour toutes les victimes de médicaments". |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Entre 30% et 50% de ces traitements sont prescrits inutilement car inadaptés aux pathologies diagnostiquées", selon le gouvernement, qui a annoncé des mesures jeudi, à la veille de la Journée européenne d'information sur les antibiotiques. Des mesures pour renforcer la lutte contre ce fléau susceptible, à terme, de remettre en cause les possibilités de traiter les infections, même les plus courantes.
Réduire la consommation d'antibiotiques de 25% d'ici à 2018 fait partie des objectifs.
La sur-utilisation ou l'utilisation à mauvais escient des antibiotiques chez les humains et les animaux, dont ceux d'élevage, sont impliquées dans le phénomène d'antibiorésistance. Et la propagation de plusieurs tonnes de résidus de ces médicaments dans l'environnement participe à l'émergence et à l'accroissement des résistances microbiennes.
"Les antibiotiques, c'est pas automatique!" Le message lancé en 2002 ne passe plus. Depuis 2010, la consommation globale d'antibiotiques en France est en hausse, a souligné jeudi 17 novembre la ministre de la Santé, Marisol Touraine, à l'occasion d'un colloque consacré à ce danger croissant de la résistance des bactéries aux traitements disponibles.
"Chaque année, 160.000 patients contractent une infection par un germe dit multi-résistant, et près de 13.000 patients en meurent directement" a-t-elle ajouté, se fixant pour ambition de passer "sous la barre de 10.000" dans 3 ans.
En 2014, la France se situait au 3e rang des pays les plus consommateurs d'antibiotiques en médecine de ville, derrière la Grèce et la Roumanie, et au 7e rang pour la consommation dans les établissements de santé (hôpitaux et cliniques).
Une bataille à 330 millions
La consommation varie selon les régions, les Hauts-de-France présentant la plus forte consommation en ville, d'après des données de l'agence du médicament ANSM.
La lutte contre surconsommation dans le domaine animal a, elle, enregistré des progrès, s'est félicité jeudi 17 novembre le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.
Entre 2012 et 2015, l'exposition des animaux aux antibiotiques, toutes espèces animales et toutes familles d'antibiotiques confondues, a en effet diminué de 20,1% par rapport à 2011. Une baisse qui a été observée pour toutes les espèces animales par rapport à 2011 (bovins -9,5%, porcs -24,1%, volailles -22,1%, lapins -17,8%, chats et chiens -9,5%).
La stratégie du gouvernement "peut se résumer en quatre axes: mieux sensibiliser le public, mieux utiliser les antibiotiques, davantage soutenir la recherche et l'innovation et enfin, renforcer la surveillance", a souligné Mme Touraine.
Une grande campagne sera lancée en 2017 pour faire la promotion du bon usage des antibiotiques et des mesures de prévention des maladies infectieuses chez l'homme et l'animal.
Parmi les mesures figurent le renforcement de l'"encadrement des prescriptions" et un "message de mise en garde" sur les boîtes de ces médicaments contre les risques de mésusage.
Pour les antibiotiques les plus à risque de faire émerger des germes résistants, la première prescription sera limitée à 7 jours et pour des indications précises. Cette ordonnance "dédiée", c'est-à-dire spéciale comme pour les stupéfiants, sera "liée à la réalisation d'un test rapide de diagnostic" afin de s'assurer du germe en cause, justifiant le traitement choisi.
La ministre de la Santé a par ailleurs indiqué que la détection de l'origine virale ou bactérienne des angines avec les tests rapides allait être renforcée.
Le secteur de la recherche sera le principal bénéficiaire des 330 millions d'euros que le gouvernement entend mobiliser sur cinq ans pour mettre en œuvre ses mesures de lutte contre l'antibiorésistance.
AFP/VNA/CVN