>>Méditerranée : 1.800 migrants secourus, nombreuses opérations encore en cours
Un sauveteur de l'ONG Proactiva Open Arms aide un migrant à sortir de l'eau, le 3 octobre au large des côtes libyennes. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Depuis samedi 12 novembre, les gardes-côtes italiens ont coordonné le secours de plus de 2.600 migrants au large de la Libye, confirmant le rythme élevé des départs malgré la dégradation des conditions de navigation.
D'autres opérations de secours étaient toujours en cours mardi soir 15 novembre.
Mardi 15 novembre à l'aube, "un canot pneumatique a chaviré. Les 23 rescapés sont à bord du pétrolier Maersk Erin. Une centaine de personnes sont portées disparues. Les équipes cherchent des survivants dans l'eau et retrouvent des cadavres", a annoncé sur Twitter l'ONG allemande Jugend Rettet.
Selon le témoignage d'un rescapé guinéen après son transfert dans l'après-midi vers le navire Aquarius de SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, le canot a chaviré à 06h00 du matin et le pétrolier n'est arrivé qu'à 10h00.
"Nous étions 122 à bord, pas d'enfant de moins de 15 ans mais il y avait dix femmes qui voyageaient avec nous et seulement une a survécu. Nous avons attendu dans l'eau, en nous accrochant à tout ce qui pouvait flotter, mais la plupart des gens ont coulé, y compris mon petit frère, il avait 15 ans", a raconté ce rescapé selon des propos transmis par une porte-parole de SOS Méditerranée.
"Je veux appeler en Guinée pour leur dire que mon frère est mort", a-t-il ajouté.
L'équipe de l'Aquarius a fait état de quatre morts, qui ont été transférés dans la chambre froide du navire.
Des migrants paniquent alors qu'ils tombent à l'eau durant une opération de secours en Méditerranée, le 3 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La veille, un cargo dérouté par les gardes-côtes italiens au secours d'un canot dégonflé avait récupéré quinze rescapés, mais il faudra attendre leur témoignage à leur arrivée en Italie - prévue mercredi matin 16 novembre à Catane (Sicile) - pour avoir une idée du nombre de personnes disparues.
D'ordinaire, les passeurs entassent entre 120 et 140 personnes, parfois même plus, sur ces embarcations de fortune qui prennent l'eau dès les premières vagues.
Situation critique
Lundi toujours, l'Aquarius était aussi intervenu directement sur un canot rempli d'eau et en partie dégonflé, secourant 114 migrants, dont trois enfants et 21 mineurs, mais sans rien pouvoir faire pour cinq personnes retrouvées mortes à bord et pour une autre portée disparue.
En revanche, les secouristes de l'Aquarius ont réussi ce même jour à éviter ce sort à un petit Camerounais âgé d'une dizaine d'années, retrouvé la tête dans l'eau après avoir inhalé des émanations de fuel.
Inconscient pendant deux heures, il a pu être évacué par hélicoptère vers l'hôpital de l'île italienne de Lampedusa, où il se trouvait mardi 15 novembre dans un état stable.
"Cela a été une journée difficile pour toute l'équipe médicale, nous avons dû apporter des soins d'urgence à beaucoup de personnes en situation critique", a expliqué mardi matin 15 novembre dans un communiqué Sarah Giles, médecin de MSF à bord, qui a ensuite vu arriver sur le pont de l'Aquarius 129 migrants, dont 47 mineurs, secourus d'un autre canot dans l'après-midi.
Beaucoup de rescapés étaient traumatisés et en larmes. Certains étaient en hypothermie ou souffraient de graves brûlures dues au mélange de fuel et d'eau de mer, a rapporté SOS Méditerranée.
"Personne ne devrait être soumis à de telles conditions", a déclaré dans le communiqué Mathias Menge, responsable des secouristes de SOS Méditerranée, en rappelant "l'impérieuse nécessité de maintenir un dispositif de recherche et de sauvetage pendant l'hiver".
Depuis le 1er janvier, l'Italie a vu arriver quelque 167.000 personnes sur ses côtes, selon le ministère de l'Intérieur. Le chiffre dépasse déjà les 153.000 de l'an passé et s'approche des 170.000 de 2014.
Selon l'ONU, au moins 4.271 personnes sont mortes ou disparues cette année en tentant la traversée.
AFP/VNA/CVN