Migrants
Angela Merkel voit un progrès avec la Turquie

La chancelière allemande Angela Merkel a estimé le 18 octobre avoir obtenu un progrès dans les pourparlers avec la Turquie sur l'accueil des migrants, promettant de relancer la candidature d'Ankara à l'UE, alors que le flux de migrants était ralenti en Slovénie.

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Mme Merkel s'est entretenue avec le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu et le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan à Istanbul. Elle s'y trouvait pour une courte visite, trois jours après l'adoption par un sommet de l'Union européenne d'un "plan d'action" pour amener la Turquie à agir en amont sur le flux de migrants fuyant notamment la guerre en Syrie, en les gardant sur son territoire.

La chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, le 18 octobre à Istanbul.

La chancelière et les dirigeants turcs ont estimé avoir progressé sur la question des migrants, bien qu'aucune des parties n'évoque un accord définitif.

La veille, l'agression à l'arme blanche commise contre une candidate à la mairie de Cologne (Ouest) connue pour ses activités pour l'accueil des migrants avait illustré la montée de la tension en Allemagne sur ce sujet. La candidate, Henriette Reker, gravement blessée et hospitalisée, a été élue dimanche 17 octobre avec plus de 52% des voix.

À Istanbul, après son entretien avec M. Erdogan, Angela Merkel a affirmé que l'UE et la Turquie allaient pouvoir "donner du dynamisme" au processus de candidature de la Turquie à l'entrée dans l'UE - notamment en ouvrant le chapitre de négociations sur les domaines économique et monétaire. Les deux parties pourront aussi travailler à la libéralisation du système de visas pour les Turcs souhaitant se rendre dans la zone Schengen de libre-circulation, selon elle.

Discussions prometteuses

"Les discussions en ce sens sont très prometteuses et seront poursuivies", a-t-elle indiqué.

Le Premier ministre turc, M. Davutoglu, a salué une "meilleure approche" de l'UE à l'égard de la Turquie, qui a accueilli 2 millions de réfugiés fuyant la guerre en Syrie voisine.

"Malheureusement, la Turquie a été laissée seule par la communauté internationale pour supporter ce fardeau (des réfugiés). Nous sommes satisfaits qu'ils aient une meilleure approche maintenant. Le progrès constaté en matière de partage (de ce fardeau) est très important", a-t-il déclaré en conférence de presse commune avec Mme Merkel.

Ankara avait d'abord qualifié le plan européen de simple "projet" au budget "inacceptable", estimant à au moins trois milliards d'euros ses besoins pour financer l'accueil des réfugiés la première année.

Les Européens souhaitent qu'Ankara accueille davantage de réfugiés et renforce la surveillance des frontières notamment en échange de soutiens financiers.

Manifestation contre les migrants à Freilassing (Sud de l'Allemagne), le 17 octobre.

Mme Merkel et M. Davutoglu se sont en outre inquiétés d'une "nouvelle vague" de réfugiés syriens de la région d'Alep (à la frontière avec la Turquie) où les forces du régime syrien avancent.

Goulot d'étranglement

L'UE a vu arriver depuis le début de l'année des centaines de milliers de migrants, souhaitant s'établir en Allemagne et en Europe du Nord.

Depuis le 17 octobre, après une nouvelle fermeture par la Hongrie de ses postes frontières avec la Croatie, les migrants prennent la route de l'Autriche et de l'Allemagne via la Slovénie. Dimanche 18 octobre cependant leur progression vers la Slovénie se faisait au ralenti avec un goulot d'étranglement à la frontière serbo-croate où quelque 2.000 migrants attendaient de pouvoir passer.

Ljubljana a réaffirmé le 18 octobre qu'elle ne serait en mesure de faire transiter vers l'Autriche que jusqu'à 2.500 migrants par jour. Le gouvernement slovène a d'ailleurs refusé de laisser entrer un train transportant 1.800 migrants de Croatie, après un premier afflux de 3.000 personnes la veille dans ce petit pays (2 millions d'habitants) de l'UE.

En Allemagne, le discours de la mouvance populiste n'a cessé de se radicaliser à mesure que les réfugiés arrivaient en Allemagne, où de 800.000 à un million de demandeurs d'asile sont attendus cette année.

Le 19 octobre, pour son premier anniversaire, le mouvement islamophobe Pegida prévoit une grande marche dans son fief de Dresde (Est).

La classe politique a dès lors mis la lutte contre l'extrême droite, responsable aussi de dizaines d'attaques depuis le début de l'année contre des foyers de réfugiés, en tête des priorités.

Mais des voix plus nombreuses s'élèvent aussi pour fermer les frontières, une mesure que Mme Merkel a rejetée à plusieurs reprises en la qualifiant de "fausse solution".

AFP/VNA/CVN

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