Thomas de Maizière, 57 ans, jusqu'ici ministre de l'Intérieur, va prendre le portefeuille de la Défense après la démission embarrassante mardi de Karl-Theodor zu Guttenberg, l'homme politique allemand le plus populaire, accusé de plagiat.
Le ministère de l'Intérieur va échoir à un inconnu du grand public, Hans-Peter Friedrich, 53 ans, chef de file des députés CSU, la branche bavaroise de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel.
Issu de la noblesse bavaroise, M. zu Guttenberg est également membre de la CSU (Union chrétienne-sociale), mais le jeune (39 ans) et souriant baron jouit d'une telle popularité sur le plan national qu'il figurait sur les affiches de campagne des conservateurs de Mme Merkel pour les législatives de 2009.
La nomination de M. de Maizière apparaît comme un choix de raison. Angela Merkel "mérite la mention très bien pour cette décision", s'amusait le politologue Nils Diederich, de l'Université libre de Berlin. M. de Maizière "est un travailleur silencieux qui est connu pour résoudre les problèmes dans la discrétion. C'est en outre un homme de gestion expérimenté", expliquait le chercheur.
Thomas de Maizière est un fidèle. Mme Merkel a rappelé qu'elle le connaissait depuis 1989, quand tous deux ont entamé leur carrière politique. "Depuis cette époque, nous sommes liés amicalement et politiquement", a-t-elle insisté en annonçant sa nomination.
Ce descendant de huguenots, réfugiés en Prusse, fut chef de la chancellerie dans le premier gouvernement Merkel (2005-2009), et son père était chef d'état-major de la Bundeswehr.
Le ministère de la Défense est un poste aussi sensible que stratégique alors que l'Allemagne est engagée dans une réforme de fond de son armée, qui passe notamment par la fin de la conscription et une forte réduction des effectifs, et que son déploiement en Afghanistan est très impopulaire.
"Il est important de montrer aux gens qui suivent le travail du gouvernement que l'on agit vite, avec clarté et détermination", a estimé la chef du gouvernement.
En ce qui concerne le calendrier politique, ce mini-remaniement ne pouvait pas tomber plus mal. Six scrutins régionaux doivent encore avoir lieu cette année. En février, la droite a subi une déroute lors du premier de l'année, dans la ville-État de Hambourg, conquise par les sociaux-démocrates (SPD, opposition fédérale).
Dans deux semaines, les électeurs de l'État régional de Saxe-Anhalt, dans l'ex-RDA déshéritée, sont appelés aux urnes. Et surtout le 27 mars, tout le Sud-Ouest du pays va voter avec des scrutins dans le Rhénanie-Palatinat et le Bade-Wurtemberg, un bastion de la CDU depuis 58 ans, où elle est menacée.
Dans ce Land, SPD et Verts font jeu égal avec la CDU et les libéraux (FDP), selon un sondage du magazine Stern qui crédite chaque bloc de 45% des intentions de vote.
AFP/VNA/CVN