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Alain Ruscio. |
Durant vos années de recherches sur le Vietnam, à partir de quand vous êtes-vous intéressé à Hô Chi Minh, à son combat communiste et à sa personnalité ?
En fait, je suis né à la vie politique au moment de la lutte du peuple français dénonçant l’agression de l’impérialisme américain contre le Vietnam. Je me souviens de mes premières manifestations quand j’avais 17 ans. Avec nos camarades, nous criions "Hô, Hô, Hô Chi Minh !", car le président du Vietnam était le symbole de son peuple.
Parmi ces caractères de l’Oncle Hô : vie simple, refus du luxe, désintéressement, engagements jamais démentis en faveur du peuple vietnamien, lesquels vous impressionnent le plus ?
On ne peut pas découper la personnalité de l’Oncle Hô. Sa vie et son œuvre forment un tout. Et chacun, même ses adversaires, devaient reconnaître qu’il était sincère, désintéressé et modeste. Même lorsqu’il est devenu chef d’État, il n’a cessé de suivre une vie simple, honnête, choisissant une simple paillote au luxe du palais de l’ancien gouverneur général. À ce titre, il est un exemple qui reste très actuel. Et la personnalité de Hô Chi Minh demeure l’objet d’un grand intérêt en France.
Le Père de l’indépendance du Vietnam vous a inspiré combien d’ouvrages durant votre carrière de chercheur ?
Je peux dire qu’en fait, Hô Chi Minh est présent dans tous mes livres. Comme j’ai beaucoup travaillé sur l’histoire du colonialisme français, j’ai rencontré en permanence l’Oncle Hô, et pas seulement à propos du Vietnam. Car son combat et son message ont été très suivis par tous les colonisés, par tous les "Parias", du nom de son premier journal (publié en 1922 à Paris en France, ndlr). Plus spécifiquement, j’ai consacré trois livres au président, un recueil de textes publié à l’occasion de son centenaire en 1990, une réédition du Procès de la colonisation française de Nguyên Ái Quôc en 1999, enfin mon dernier ouvrage, qui est une sorte de parcours dans sa vie, Hô Chi Minh, Écrits et Combats, en 2019. Dans ce récent livre, comme dans celui de 1990, j’ai reproduit les deux versions du Testament de Hô Chi Minh (la première rendue publique dès son décès et la seconde, complète, publiée ultérieurement), dont le message principal était l’unité du pays. Il ne l’a pas connue, hélas, mais six années après sa mort, le Vietnam a recouvré son unité et mis fin à plus d’un siècle d’ingérences occidentales.
Couvertures des livres d’Alain Ruscio consacrés au Président Hô Chi Minh. |
Photo : Archives/CVN |
Vous avez également écrit le 2 septembre 2019 l’article Hô Chi Minh, un combattant de l’émancipation humaine paru dans L’Humanité. Le leader vietnamien a-t-il suscité en vous du respect et de l’admiration ?
Oui, mais il s’agit d’un respect d’un point de vue de l’héritage de Hô Chi Minh, pas comme on vénère un Dieu ou un homme inaccessible, mais comme un père dont on observe la vie et l’œuvre, dont on s’inspire. Évidemment, sa vie n’échappe pas à la lutte idéologique qui a lieu en Occident : il y a certes les "pour", mais il y a aussi les "contre", car le président symbolise, pour certains, la défaite d’un colonialisme français et de l’impérialisme américain.
Un spécialiste de la guerre d’Indochine
Alain Ruscio dirige actuellement le Centre d’information et de documentation sur le Vietnam contemporain (CID-Vietnam), fondé en 1984. Ce centre, selon lui, a longtemps été le seul en France et même hors du Vietnam à rassembler une documentation importante et variée sur le Vietnam contemporain sous tous ses aspects. "Nous ne remercierons jamais assez les donateurs, les éditeurs par exemple, mais aussi la Bibliothèque nationale du Vietnam. Mais je vous dois la vérité : nous souffrons considérablement du manque de personnel car tous les collaborateurs sont bénévoles". Alain Ruscio fait savoir qu’en raison des travaux dans le Centre culturel du Vietnam dans la rue Albert, à Paris, le CID-Vietnam n’a plus de locaux. "C’est un sujet que nous abordons souvent avec nos collaborateurs et avec les amis vietnamiens de Paris. Nous espérons pouvoir un jour rouvrir le CID-Vietnam".
Propos recueillis par Bùi Phuong/CVN