Aide au développement : le G8 s'engage, les ONG critiquent

Le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, a présenté le 18 mai un rapport d'étape sur les engagements du G8 en faveur de l'aide au développement à plusieurs ONG, qui dénoncent la mise en avant d' "une comptabilisation malhonnête", a-t-on appris auprès d'elles.

Une semaine avant le sommet du G8 prévu à Deauville (Nord-Ouest de la France), ce rapport sur "les engagements du G8 sur la santé et la sécurité alimentaire", mis en ligne sur le site Internet de la présidence française du G8/G20, fait le point sur l'état d'avancement de l'aide promise à l'occasion de différents sommets (Gleneagles en 2005, L'Aquila en 2009 et Muskoka en 2010).

Selon le document, l'objectif de Gleneagles (Royaume-Uni) d'accroître l'aide au développement de 50 milliards de dollars est presque atteint, puisque, depuis 2004, "elle a augmenté de plus de 48 milliards de dollars", souligne son résumé. "Au lieu d'utiliser des chiffres de l'aide au développement en dollars de 2004, ce qui donnerait une image plus proche de la réalité, le G8 a choisi de présenter leurs engagements d'aide aux prix de 2010", a dénoncé Oxfam France, parlant d'un "exercice de camouflage", un "jeu comptable". "La comptabilisation qui a été mise en avant n'est pas honnête", a jugé Luc Lamprière, son directeur général, après la réunion au Quai d'Orsay. "Certes, au milieu du rapport, on trouve aussi les chiffres de l'aide en dollars constants, mais le G8 met en avant les vérités qui l'arrangent", a aussi fustigé Guillaume Grosso, directeur de ONE France, l'ONG du chanteur engagé Bono, également présent à la réunion.

Début avril, l'OCDE avait elle-même reconnu qu'il manquait encore quelque 19 milliards de dollars pour atteindre les objectifs fixés, soulignent les ONG.

L'OCDE avait considéré que l'écart entre engagements et réalité était encore plus grand pour l'Afrique : sur les 25 milliards de dollars supplémentaires promis par le G8 en 2005, le continent le plus pauvre au monde n'en a reçu que onze, avait-elle indiqué.

À la lecture du rapport du G8, l'ONG Oxfam a aussi jugé impossible de "suivre la destination des fonds en termes qualitatifs". "Le rapport ne détaille pas quels décaissements ont déjà été effectués pour respecter les promesses faites sur la santé maternelle et des enfants", a encore souligné ONE. "De même, il manque un suivi par rapport aux objectifs de réduction de la mortalité sur lesquels le G8 s'était entendu à Muskoka", a-t-elle estimé.

Quant à l'aide agricole promise au sommet de l'Aquila, en Italie, "le rapport nous dit que 53% des sommes promises ont été juridiquement engagées", a indiqué Guillaume Grosso. Mais, pour le moment, "seulement 22% des engagements pris à L'Aquila ont été effectivement décaissés", a-t-il insisté. "Nous avons une règle du jeu qui est acceptée par tous, c'est l'OCDE (...) si on regarde l'aide française à l'aune de l'OCDE, depuis 2007, nous avons augmenté d'un tiers l'aide publique française au développement malgré la crise économique et financière", a-t-on plaidé à l'Élysée.

AFP/VNA/CVN

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