Le Premier ministre Nguyên Tân Dung vient approuver le plan d’action national pour 2015, orientations 2020, pour le règlement des conséquences des produits chimiques toxiques déversés par l’armée américaine durant la guerre.
Soins médicaux gratuits à l’Hôpital militaire 108 (Hanoi) pour une victime de la dioxine. |
Ce plan d’action a pour but de dépolluer les régions gravement contaminées (hotspots en anglais), de s’assurer que 100% des personnes ayant participé à la Résistance - de même que leur descendance, indirectement victimes de ces produits chimiques toxiques - bénéficient des politiques prioritaires. Par ailleurs, 300.000 ha seront reboisés dans les régions contaminées et les recherches sur ces produits toxiques seront accélérées. Les femmes enceintes vivant sur ou à proximité des zones polluées bénéficieront de consultations médicales gratuites.
Mettre un termeau désastre
Ce plan d’action vise aussi à augmenter les capacités en termes de recherches et d’analyses sur la quantité de dioxine présente dans les sols et les organismes. Pour mener à bien cette mission, ce plan est relié à plusieurs programmes de développement socioéconomiques. Le gouvernement a demandé au Comité de pilotage 33 de mettre en œuvre ce plan. Les comités populaires des provinces et villes construisent et organisent leur propre plan d’action. Les associations, entreprises, ainsi que tous les habitants sont encouragés à participer à ces activités pour enfin mettre un terme à ce désastre que constitue encore aujourd’hui l’agent orange...
Cérémonie de mariage collectif pour des victimes de la dioxine dans la province de Binh Duong (Sud). |
Selon l’Association des victimes de l’agent orange/dioxine du Vietnam (VAVA), de 1961 à 1971, l’armée américaine a épandu 80 millions de litres de produits chimiques toxiques au Vietnam, dont près de 44 millions de litres d’agent orange contenant 370 kg de dioxine. Plus de 4,8 millions de Vietnamiens ont été exposés à ce sous-produit, dont 3 millions en sont victimes à des degrés divers… avec un million d’anciens combattants.
La dioxine existe à l’état naturel, puisqu’elle résulte de combustions à basses températures. Mais elle ne représente qu’une infime partie de la dioxine présente sur notre planète, qui est en très large majorité produite par l’homme. C’est l’un des produits chimiques les plus toxiques que l’on connaisse. En dehors de nuire à l’environnement, elle affecte les systèmes respiratoire et digestif, provoquant des symptômes comme irritations cutanées et oculaires, maux de tête, vomissements, dommages au foie, aux poumons et au système cardio-vasculaire, asthénie. Elle entraîne également des troubles chromosomiques, augmente le taux de cancer du foie et de malformations chez les enfants, de naissances prématurées et de fausses couches.
Mesures de decontamination
Dans les zones touchées par la dioxine, les gens sont facilement infectés, et une fois qu’ils le sont, il est très difficile d’éliminer les toxines de leur corps, qui s’accumulent dans les graisses. On constate désormais que des enfants de troisième génération naissent à leur tour avec des infirmités et des monstruosités susceptibles d’être causées par l’agent orange, même lorsque leurs parents sont en bonne santé. Ce défoliant a aussi causé la destruction de précieux écosystèmes et rendu de larges zones impropres aux cultures.
Des enfants victimes de la dioxine du village Hoà Vinh, arrondissement de Thanh Xuân (Hanoi). |
Ces dernières années, le Parti et l’État ont appliqué des mesures pour mettre fin à ce désastre écologique et humain. Le Vietnam a organisé de vastes opérations de nettoyage à l’aéroport Phù Cat, où les terres contaminées ont été enfouies en lieu sûr. À l’aéroport de Dà Nang, les zones polluées ont été isolées, puis décontaminées.
Le ministère vietnamien de la Défense et l’Agence américaine pour le développement international (USAID) coopèrent pour mettre en place des mesures de décontamination. Coût de l’opération : 41 millions de dollars, laquelle devrait être achevée avant 2016. L’objectif est de préserver la santé du personnel de l’aéroport et de la population vivant autour du site. Les activités concernent le déminage, le traitement des terrains contaminés et leur réhabilitation.
En 1980, le comité américain d’enquête sur les séquelles des produits chimiques utilisés par l’US Air Force pendant la guerre au Vietnam a été fondé. Cet organe a mené des recherches, organisé des séminaires internationaux pour examiner les effets de l’agent orange sur l’homme et l’environnement.
Hà Minh/CVN