>>Talibans et Occidentaux se retrouvent autour de la table à Oslo
>>L'urgence humanitaire en Afghanistan au menu de discussions entre talibans et Occidentaux
Le représentant spécial britannique pour l'Afghanistan Nigel Casey (droite) serre la main du ministre afghan des Affaires étrangères Amir Khan Muttaqi, à Oslo le 24 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Une délégation de talibans emmenée par leur ministre des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, se trouve depuis samedi soir 22 janvier en Norvège où elle rencontre pendant trois jours des membres de la société civile afghane et des diplomates de pays occidentaux, lesquels lient une reprise de leur aide financière au respect des droits humains.
"Le fait d'être venus en Norvège (...) est une réussite en soi car nous avons partagé la scène internationale", a dit M. Muttaqi à la presse lundi 24 janvier, en marge d'entretiens avec des représentants des États-Unis, de France, du Royaume-Uni, d'Allemagne, d'Italie, de l'Union européenne et de Norvège.
"De ces rencontres, nous sommes certains de retirer un appui dans les secteurs humanitaire, sanitaire et éducatif en Afghanistan", a-t-il dit en pachto.
Ces discussions, qui ne font pas l'unanimité, se déroulent à huis clos jusqu'à mardi 25 janvier dans l'hôtel Soria Moria, sur une colline enneigée près d'Oslo.
Alors que plus de la moitié de la population est menacée par la faim dans un pays touché par plusieurs sécheresses et où les aides internationales se sont taries, les talibans espèrent un déblocage des moyens financiers et une forme de reconnaissance.
La Norvège a souligné que les discussions d'Oslo ne constituaient "pas une légitimation ni une reconnaissance", mais que, face à l'urgence humanitaire, il était nécessaire de "parler aux autorités qui dirigent de facto le pays".
"Tout en cherchant à régler la crise humanitaire (...), nous poursuivrons une diplomatie lucide avec les talibans, (dictée par) notre intérêt constant pour un Afghanistan stable, respectueux des droits et inclusif", a tweeté l'émissaire américain pour l'Afghanistan, Thomas West, dimanche 23 janvier.
Urgence humanitaire
L'aide internationale qui permettait de financer environ 80% du budget afghan s'est arrêtée en août et les États-Unis ont gelé 9,5 milliards d'USD d'avoirs de la Banque centrale afghane.
La faim menace aujourd'hui 23 millions d'Afghans, soit 55% de la population, selon l'ONU, qui a réclamé 4,4 milliards d'USD auprès des pays donateurs cette année.
La communauté internationale attend cependant de voir comment les islamistes gouvernent l'Afghanistan, après avoir piétiné les droits de l'homme à leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001.
Malgré les promesses, les femmes sont largement exclues des emplois dans le secteur public et les écoles secondaires pour filles restent pour la plupart fermées.
Deux militantes féministes ont disparu la semaine dernière à Kaboul après avoir participé à une manifestation. Les talibans ont nié toute responsabilité dans cette affaire.
Les diplomates occidentaux aussi ont rencontré lundi 24 janvier des membres de la société civile afghane, des militantes féministes et des journalistes notamment, qui ont eux-mêmes discuté des droits humains avec les talibans dimanche 23 janvier.
Selon une des militantes, Mahbouba Seraj, les talibans les ont "reconnues" et "écoutées". "J'espère une forme de compréhension réciproque", a-t-elle dit lundi 24 janvier à la presse.
AFP/VNA/CVN