Accord sur le climat à Cancun

Près de 200 pays rassemblés à Cancun (Mexique) ont adopté le 11 décembre une série de mécanismes -encore embryonnaires- pour lutter contre le changement climatique, un accord accueilli par une ovation qui tourne la page de l'immense déception de Copenhague, il y a un an.

Le texte prévoit la création d'un Fonds vert pour aider les pays en développement à faire face au réchauffement et lance un mécanisme pour lutter contre la déforestation.

L'objectif de ce rendez-vous mexicain -aux ambitions modestes- était d'abord de redonner souffle au processus de négociation onusien, fortement ébranlé par l'immense déception née du sommet de Copenhague. Mission accomplie, selon les délégations réunies en plénière pour adopter le texte.

Avec cet accord, "on sauve de la faillite le système multilatéral de négociations sur le changement climatique", a déclaré la ministre française de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. Le texte adopté à l'issue de 12 journées de négociations intenses et parfois tendues, "ouvre une nouvelle ère pour la coopération internationale sur le climat", a assuré la ministre mexicaine des Affaires étrangères, Patricia Espinosa, qui présidait les débats.

Les négociations "ont abouti à un succès important dans un monde qui en a vraiment besoin", a estimé le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

Quelques heures plus tôt, le texte de compromis mis sur la table par le Mexique avait reçu, au cours d'une séance plénière chargée d'émotion, le soutien très appuyé de l'écrasante majorité des 194 pays de la convention de l'ONU sur le climat.

Ce texte "ne va pas évidemment pas résoudre la question du changement climatique, mais je pense que c'est un véritable pas en avant", a estimé le principal négociateur américain Todd Stern. "À présent, la communauté internationale doit remplir ses promesses. Il reste beaucoup de travail à faire avant la prochaine conférence sur le climat en Afrique du Sud l'an prochain", a souligné le Premier ministre britannique David Cameron.

La principale vertu du texte, adopté en dépit de l'opposition de la Bolivie, est d'inscrire dans le marbre de nombreux points de l'accord politique de Copenhague, qui n'a jamais été adopté par la convention de l'ONU. Et surtout de le décliner de façon plus précise.

C'est en particulier le cas de l'objectif de limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2°C au-dessus des niveaux pré-industriels. "Les parties doivent agir de manière urgente pour atteindre cet objectif à long terme", indique l'accord adopté.

Le texte permet aussi de désamorcer, au moins temporairement, à la faveur d'une formule ambiguë, la "bombe" de l'avenir du protocole de Kyoto, seul traité juridiquement contraignant sur le climat existant à ce jour qui menaçait l'issue des discussions à Cancun.

Un sujet qui ressurgira immanquablement lors du prochain grand-rendez vous climat fin 2011 à Durban, en Afrique du Sud.

Les pays développés ont promis à Copenhague de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Le Fonds vert, qui verra transiter une partie importante de ce fond, aura un conseil d'administration avec représentation équitable entre pays développés et en développement. Le texte de Cancun prévoit que la Banque mondiale servira d'administrateur intérimaire durant trois ans.

Les nombreuses interrogations sur la façon dont ce fond sera alimenté restent cependant sans réponse. Un panel mis en place par l'ONU a suggéré la mise en place de financements alternatifs, comme des taxes sur les transports et les transactions financières.

Le texte pose par ailleurs les bases d'un mécanisme visant réduire la déforestation à l'origine d'environ de 15% à 20% des émissions globales de GES.

Bangladesh, Guyane, Zambie, Suisse, Brésil, États-Unis, Algérie, Union européenne, Chine, Maldives... les uns après les autres, les délégués ont pris la parole dans la nuit de le 10 décembre à samedi pour dire oui, avec force, à ce texte. "L'accord donne un nouveau souffle aux négociations", s'est félicité Jeremy Hobbs, directeur exécutif d'Oxfam International, tout en appelant, comme nombre d'autres ONG, à travailler "en urgence" pour rendre plus ambitieux les engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre.

Le texte de Cancun n'apporte en effet aucune nouveauté sur le niveau de réductions des émissions, jugé unanimement trop faible pour atteindre l'objectif des deux degrés.

AFP/VNA/CVN

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