"Un jour sans riz": les Indonésiens sont invités à varier leurs menus

"Du riz, j'en mange matin, midi et soir", témoigne Andi Santoso, un jeune Indonésien qui n'entend pas changer son régime malgré l'appel des autorités à diversifier les habitudes alimentaires et les cultures agricoles.

Pour Andi comme pour une majorité d'Asiatiques, un repas sans riz "laisse l'impression de ne pas être nourri". C'est pour cela que l'étudiant de 23 ans ne conçoit pas de s'en passer. "Que vais-je manger d'autre?", demande-t-il candidement. "Pourquoi ne pas essayer des plats à base de manioc, de patates douces, de sagou ou de maïs? Notre pays peut produire 66 autres sortes de plantes aussi, voire plus nutritives, que le riz", répond Indroyono Soesilo, secrétaire général du ministère de la Protection sociale.

Pour faire passer le message, le gouvernement a lancé une campagne de sensibilisation intitulée "Un jour sans riz" par mois et des programmes d'incitation auprès des agriculteurs. "Nous avons besoin de varier nos habitudes alimentaires. Et convaincre l'opinion qu'il est possible de se nourrir sainement sans riz", explique M. Soesilo.

Cette diversification est jugée nécessaire pour assurer durablement la sécurité alimentaire du quatrième pays le plus peuplé au monde. Ses 240 millions d'habitants font actuellement partie des plus gros mangeurs de riz, avec plus de 100 kg par an par personne, soit bien plus que les Japonais ou les Chinois.

Premier importateur mondial de riz dans les années 1960, l'Indonésie a réalisé de gros efforts de productivité pour devenir quasiment autosuffisante en produisant 41 millions de tonnes en 2009, selon le gouvernement. Mais cette hégémonie du riz la rend très sensible aux fluctuations des prix et aux aléas météorologiques, comme cette année le phénomène La Nina qui a affecté la production.

À cela s'ajoute, à terme, les conséquences de l'augmentation de la population, de la baisse attendue des surfaces agricoles et du réchauffement climatique qui pourrait réduire de 4,6% la production rizicole d'ici 2050, selon des estimations gouvernementales.

Or, en Indonésie comme dans le reste de l'Asie, le riz reste le principal moyen de subsistance pour de nombreux paysans pauvres, qui cultivent à mains nues de minuscules parcelles de moins d'un hectare. "Le riz, c'est la vie. Il donne du travail et il nourrit", résume le prince Djati Kesuma, le monarque de Cigugur, un village de l'île de Java célèbre pour son festival dédié aux récoltes. Pendant trois jours, pauvres et riches y célèbrent Dewi Sri, la déesse du riz, "la remerciant et lui demandant d'oeuvrer pour que les prochaines récoltes soient abondantes".

À Cigugur, au cœur du "grenier à riz", nul ne pense à recycler les rizières luxuriantes qui s'accrochent sur les pentes du volcan.

Pour ses habitants, le riz est une culture noble, contrairement au manioc, associé à la pauvreté bien qu'il soit facile à produire et riche en hydrates de carbone.

Longtemps délaissé, le manioc redevient populaire auprès d'investisseurs indonésiens et étrangers attirés par sa double utilisation : alimentaire (tapioca) et industrielle (biocarburants).

Pour les mêmes raisons, d'autres s'intéressent au potentiel du sagou, une fécule extraite de la pulpe du tronc d'une sorte de palmier, qui peut être cuisiné sous forme de nouilles ou de galettes. Des projets de plantations ont été lancés en Papouasie, où le sagou est exploité par les indigènes depuis des siècles, et sur l'île de Bornéo.

AFP/VNA/CVN

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