À Washington, les chasseurs de chats errants sont parmi nous

Vendredi soir à Eckington, quartier résidentiel de Washington, la ruelle grouille de chats errants, une aubaine pour Marty King, devenue au fil des ans experte à les attraper.

«Viens ici minou, minou, minou», fredonne-t-elle, en installant quatre pièges. Un petit festin attend les félins : miettes de crevettes agrémentées de croquettes sèches au poisson.

Les États-Unis comptent 50 millions de chats errants pour 95,6 millions de chats domestiques.

«S’ils ont faim et qu’ils n’ont jamais vu de pièges, ils sont faciles à capturer», explique Marty King. «Mais certains sont très malins : il y a une femelle que j’essaie d’avoir depuis deux ans et je n’y suis jamais arrivée».

En à peine vingt minutes, un chaton gris mord à l’appât. D’ici dimanche, il sera sur la table d’opération d’un vétérinaire pour être stérilisé ou castré.

Le pays compte 50 millions de chats errants pour 95,6 millions de chats domestiques, selon l’ONG Humane Society of the United States, une organisation de défense des animaux basée à Washington.

Durant des décennies, l’usage était de les attraper et de les euthanasier. Mais ces dernières années, les pratiques ont changé à Washington et désormais ces félins de gouttière sont capturés, puis stérilisés avant d’être relâchés, dans le programme dit TNR (Trap-Neuter-Return).

«Notre but est de stériliser tous les chats errants pour qu’ils disparaissent petit à petit», indique Scott Giacoppo, vice-président de la Washington Humane Society.

«Une vraie usine»

Mais si tous s’accordent à reconnaître que la surpopulation de chats errants est un problème, certains jugent que la stérilisation ne suffit pas, et qu’il valait mieux les tuer.

À Washington chaque année, près de 2.000 chats errants sont capturés, stérilisés, vaccinés

Pour les amoureux des oiseaux, la prolifération des chats de gouttière, qu’ils soient castrés ou non, constitue une menace mortelle pour de nombreuses espèces aviaires.

Ils citent à l’appui une étude du Smithsonian Conservation Biology Institute et du Service américain de la pêche et de la vie sauvage qui avance que les chats qui vivent à l’extérieur tuent en moyenne 2,4 milliards d’oiseaux et 12,3 milliards de mammifères chaque année.

Et «les chats qui n’ont pas de propriétaires (...) en sont responsables pour la majeure partie», selon cette étude de 2013 publiée dans la revue scientifique Nature. De leur point de vue, la nouvelle politique de stérilisation peut donc être «nocive pour les populations sauvages».

«Les chats sont plus susceptibles d’être atteints de la rage aux États-Unis» que les chiens, avertissent les centres de contrôle et de prévention des maladies.

D’autres jugent que les chats errants peuvent en outre être porteurs d’infections ou de parasites.

«La seule façon sûre de protéger à la fois les espèces sauvages et les humains est d’effacer les chats errants du paysage», assure l’organisation American Bird Conservancy, une association de défense des oiseaux, dans une pétition envoyée en janvier à la secrétaire américaine à l’Intérieur Sally Jewell.

«C’est un sujet qui soulève les passions», reconnaît Elizabeth Holtz, avocate pour le groupe Alley Cat Allies, qui promeut la stérilisation des chats errants.

Pour preuve de la réussite de la politique de stérilisation, Mme Holtz cite l’exemple de Jacksonville, en Floride (Sud-Est) : «le nombre de chatons recueillis dans ses refuges et le nombre de chats à euthanasier ont largement chuté» depuis le lancement en 2009 d’un programme visant à stériliser les félins errants.

«Malheureusement, beaucoup de communautés dans le pays continuent à les capturer et à les tuer. Mais ces communautés ne voient pas leur population de chats errants diminuer pour autant», argue-t-elle.

À Washington chaque année, près de 2.000 chats errants sont capturés, stérilisés, vaccinés et relâchés avec une bague à l’oreille pour les reconnaître dans le cadre du programme CatNIPP de la Washington Humane Society.

«Il faut à peu près cinq, voire sept minutes pour (stériliser) une femelle. Pour un mâle, moins de 30 secondes», précise Emily Swiniarski, vétérinaire au National Capital Area Spay and Neuter Center. Soixante-quatre chats passent sous son bistouri ce jour-là.

Le centre peut compter sur de nombreux bénévoles, comme Marty King. Heureusement : «Il y a sans cesse des chats qui arrivent», dit-elle. «C’est devenu une vraie usine».

AFP/VNA/CVN

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