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L'apparition de la 3D a également permis d'inventer de nouveaux genres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La trajectoire de Bryan Singh, qui a travaillé sur des blockbusters comme "The Last of Us" (2013) ou "Uncharted 4" (2016), témoigne de cette tendance. Après la pandémie, il s'est lancé en indépendant pour créer, avec sa femme Crista Castro, "Fear the Spotlight", une production d'aventure et d'horreur rendant hommage aux premiers volets des sagas "Resident Evil" et "Silent Hill", sortis sur PlayStation 1.
"Les créateurs d'aujourd'hui ont grandi en jouant à ces classiques de la fin des années 90 et cette nostalgie irrigue notre travail", explique le développeur américain de 36 ans.
"Les graphismes n'étaient pas très réalistes mais c'est ce qui les rendait si efficaces: vous deviez imaginer vous-même certains détails. Cela rendait les choses encore plus effrayantes", ajoute-t-il.
Pour autant, ce "look rétro" relève aussi bien "d'un choix esthétique que d'une décision pratique" et a permis à sa femme de s'occuper seule de la partie graphique, déroule-t-il.
Nostalgie
Au milieu des années 2000, la scène indépendante misait beaucoup sur la technique dite du "pixer art", avec une esthétique très pixelisée digne de l'époque de la console Super Nintendo au début des années 1990. Puis elle a évolué vers la 3D sommaire de l'ère PlayStation.
Désormais, jeux de tirs, d'horreur ou de plateformes adoptant ce look rétro se comptent par dizaines sur la plateforme de vente de jeux sur PC Steam et investissent de plus en plus les consoles de salon.
"On a longtemps regardé d'un mauvais œil les graphismes de cette époque-là", rembobine Hugo Terra, cocréateur de la chaine YouTube "Game Next Door".
Pour ce spécialiste de la conception des jeux, le retour de cette "3D moche" peut paraître surprenant car elle renvoie à "une période un peu compliquée" du jeu vidéo.
"Avec l'arrivée de la 3D sur la PlayStation 1, il y a eu une révolution technologique" à laquelle les développeurs ont dû s'adapter, livrant parfois des jeux bancals, aux décors sommaires et aux personnages difficiles à manier.
Un écueil que peuvent éviter leurs héritiers car ils bénéficient de l'expérience acquise ces 30 dernières années dans le développement.
"+Fear The Spotlight+ a une ambiance rétro mais il se joue comme un jeu moderne", assure ainsi Crista Castro, co-créatrice du jeu sorti en octobre.
"Casser les codes"
L'apparition de la 3D a également permis d'inventer de nouveaux genres.
"On retrouve cette envie de casser les codes dans la scène indépendante actuelle", constate Hugo Terra, "notamment par rapport à une production AAA (les jeux à gros budget, NDLR) qui est extrêmement calibrée."
C'est ce qui a poussé Julien Eveillé, développeur pour le studio allemand Crytek, à tenter l'expérience avec "Threshold", un jeu d'aventure sombre et angoissant créé pendant son temps libre.
Sorti mi-novembre, il s'est vendu à plus de 7.000 exemplaires en quelques jours - un niveau notable pour ce genre de production - et a reçu le prix du jury à l'Indie Game Contest, un festival du jeu vidéo indépendant.
Son créateur a poussé le mimétisme jusqu'à recréer avec des outils modernes les bugs d'affichage de l'époque, "par pur plaisir nostalgique".
Preuve de cette ouverture à un public plus large : "Fear The Spotlight" a été choisi par Blumhouse Productions, le producteur des films Paranormal Activity (2007) et Get Out (2017), comme titre de lancement pour son tout nouveau label d'édition de jeux vidéo.
AFP/VNA/CVN