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La restauratrice d'art Cyrielle D'Antoni travaille avec des feuilles d'or sur la statue de Jésus, à côté de la Vierge Marie, lors de la rénovation de la basilique Notre-Dame de la Garde à Marseille, le 3 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Décoiffée de sa couronne en août, la statue de la vierge à l'enfant protectrice de la cité phocéenne est depuis mercredi 3 septembre recouverte de 30.000 à 40.000 feuilles d'or, afin de lui redonner l'éclat qu'elle avait perdu à cause du mistral, de l'air marin et de la pollution industrielle.
Perchée en haut de la basilique de Notre-Dame de la Garde, point ne culminant de la 2e ville de France, Mme D'Antoni, les cheveux recouverts d'or, passe sa palette sur sa joue pour créer de l'électricité statique et attraper plus facilement les feuilles d'or, avant de les déposer sur la statue. Elle époussète ensuite la surface avec une petite brosse.
Munie d'un coussin à dorer fabriqué par ses soins, l'artisane des ateliers Gohard s'efforce de faire le moins de gaspillage possible en récupérant les quelques poussières qui n'ont pas adhéré, consciente du caractère précieux de la matière qu'elle manipule.
"Une fois qu'on a terminé l'époussetage, on vient passer un matage", explique la doreuse, "de l'eau avec un peu de gélatine alimentaire" permettant de lisser le peu de feuilles d'or qui restent.
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L'architecte français Xavier David, en charge du projet de restauration de Notre-Dame de la Garde, pose à côté de la statue de la Vierge Marie, à Marseille le 3 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après la main de l'enfant Jésus, Cyrielle et ses collègues artisans s'attaqueront au visage, aux cheveux, au cou et au reste du corps de la statue, un travail qui devrait durer un mois environ.
À la vue époustouflante s'ajoute un murmure du vent soufflant dans les bâches au sommet de la basilique, que tout le monde surnomme ici la Bonne Mère.
Consciente de la portée symbolique de son travail dont des milliers de Marseillais attendent de voir le résultat, Mme D'Antoni souligne l'"honneur" et le "plaisir" de travailler sur un site comme celui de la Bonne Mère : "je suis originaire de la région, donc ça me tenait vraiment à cœur de faire ce chantier".
Une dorure pour 50 ans
La statue faisant une dizaine de mètres de haut, jusqu'au sommet de sa couronne, un peu plus de 100 mètres carrés seront redorés, pour à peine 500 grammes d'or.
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Des feuilles d'or utilisées lors de la restauration de la statue de Jésus de la basilique Notre-Dame de la Garde, le 3 septembre à Marseille. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La précision nécessaire pour ce travail impose des conditions particulières : l'échafaudage est entièrement thermobâché afin de protéger la statue notamment du vent et de la chaleur.
Selon Xavier David, architecte en charge du chantier, cette opération est "historique" car "il n'y avait pas cet emballage" lors des travaux précédents, qui permet aujourd'hui de créer une sorte d'atelier dans les airs pour "travailler hors pollution".
Ce nouveau chantier a aussi été l'occasion de découvrir qu'à chaque restauration faite en plein air, la statue "récupérait du sel" de la mer.
D'après les spécialistes des ateliers Gohard, grâce à ce dessalement, la dorure de la statue ne devrait pas tenir 25 ou 30 ans, comme habituellement, mais plutôt 50 ans.
M. David se dit "d'abord saisi personnellement", mais encore plus touché par "l'émerveillement de tous les visiteurs, des mécènes, des médias, des ouvriers".
Avant de lancer ces travaux, le diocèse de Marseille, propriétaire de l'édifice, avait lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des 30.000 feuilles d'or qui seront nécessaires à l'ouvrage.
Les travaux, qui concernent également le piédestal, les anges, et les façades, aura coûté environ 2,8 millions d'euros environ, dont 2,2 millions rien que pour la redorure.
Le diocèse a également reçu le soutien de mécènes, comme l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille, l'Olympique de Marseille ou le groupe de spiritueux Pernod Ricard, en plus des collectivités.
"Quand [la Bonne Mère] a été cachée à la vue dans cette bâche blanche, il y a des Marseillais qui s'en sont inquiétés", confie l'architecte.
C'est la raison pour laquelle des spots ont été installés "à la façon d'un coeur qui bat", pour les faire patienter avant qu'ils ne la retrouvent flambant neuve début décembre.
AFP/VNA/CVN