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Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador lors de sa conférence de presse quotidienne à Mexico, le 23 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À un mois de la passation du 1er octobre, le président, qui a installé la gauche au pouvoir, rend compte en public dimanche 1er septembre à Mexico de son mandat, un rite annuel dans la vie politique du pays à tous les échelons du gouvernement.
L'occasion d'une dernière communion avec la foule sur Zocalo pour le très populaire "AMLO" -ses initiales, son surnom- qui boucle son mandat unique de six ans autorisé par la Constitution. 73% des Mexicains approuvent sa politique, selon une récente enquête du quotidien El Universal.
AMLO reviendra sur la réforme du pouvoir judiciaire qu'il transmet à la présidente élue le 2 juin, avec près de 60% des voix.
L'ex-maire de Mexico Claudia Sheinbaum, est issue comme lui du Mouvement pour la régénération nationale (Morena) et sera la première femme à la tête du Mexique.
La réforme, qui prévoit l'élection des juges et des magistrats par les citoyens, doit être approuvée au début de la prochaine législature qui commence également dimanche.
Aucun suspense: après les élections, le parti de gauche au pouvoir Morena et ses alliés disposent de la majorité des deux tiers des députés nécessaire pour changer la Constitution, et s'en approche d'un siège au Sénat, d'après les dernières évaluations de la presse locale.
Les deux présidents - le sortant et l'élue - soutiennent à l'unisson la réforme, estimant que le pouvoir judiciaire est corrompu et au service des élites.
Avec la réforme, les onze membres de la Cour suprême, les juges et les magistrats seraient élus par un "vote populaire" à partir de 2025. Les candidats seraient proposés par les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires.
Actuellement, les "ministres" de la Cour suprême sont nommés par le président sur ratification du Sénat. Les juges et les magistrats sont désignés par un organe administratif, le Conseil de la judicature fédéral (CJF).
Le projet de réforme judiciaire a provoqué une de ces crises dont le Mexique et les États-Unis ont l'habitude dans leur relation bilatérale intense et stratégique voire vitale dans plusieurs domaines (commerce, sécurité, migration, trafic d'armes).
"Risque" pour la démocratie au Mexique, "menace" pour l'accord de libre-échange qui lie le Canada, les États-Unis et le Mexique, opportunités pour les narcotrafiquants face à des juges sans expertise : le très politique ambassadeur de Washington à Mexico, Ken Salazar, a tenu contre la réforme ses propos les plus fermes en trois ans au Mexique.
La réforme "menacera la relation commerciale historique que nous avons bâtie, qui repose sur la confiance des investisseurs dans le cadre légal du Mexique", a souligné l'homme de confiance du président américain Joe Biden, ancien membre du Sénat américain et de l'administration Obama.
En 2023, le Mexique est devenu le premier partenaire commercial des États-Unis, devant la Chine.
Crainte des milieux d'affaires
La réforme inquiète les milieux d'affaires, au moment où l'économie mexicaine s'essouffle (croissance révisée à la baisse pour 2024 de 2,4 à 1,5%, recul de la Bourse de 2,8% en août, affaiblissement du peso face au dollar).
Sur le marché des changes, la monnaie mexicaine se rapproche du seuil symbolique d'un dollar pour 20 pesos après avoir évolué pendant plusieurs mois entre 16,5 et 18. Conséquence directe des "effets pernicieux" de la proposition du pouvoir, a estimé la banque locale Invex dans un rapport.
La banque d'investissement Morgan Stanley a recommandé à ses clients de diminuer leur exposition dans les entreprises mexicaines cotées en Bourse.
Fidèle à lui-même, M. López Obrador a accueilli avec dédain ces commentaires en assurant qu'ils viennent des complices de ceux qui critiquent son gouvernement: "On ne peut pas les prendre au sérieux".
AFP/VNA/CVN