À Davos, John Kerry et François Hollande placent les leaders face au terrorisme

Quinze jours après les attentats qui ont ensanglanté Paris, et alors que le risque géopolitique hante Davos depuis mercredi 21 janvier, le président français François Hollande et le secrétaire d'État américain John Kerry ont exhorté les décideurs à combattre le terrorisme.

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"C'est notre intérêt commun : ne laissez pas agir aujourd'hui une bête qui vous frappera aussi le moment venu"
, a exhorté François Hollande.

"Il n'y aura pas de prospérité s'il n'y a pas de sécurité", a-t-il ajouté devant 2.000 décideurs politiques, financiers et économiques de haut rang qui étaient venus l'écouter plus nombreux qu'ils ne l'étaient pour la chancelière allemande Angela Merkel jeudi 22 janvier, une habituée de Davos, contrairement à M. Hollande.

Le président français Francois Hollande prononce un discours le 23 janvier au Forum de Davos, en Suisse.
Photo : AFP/VNA/CVN

Plus tard dans l'après-midi, John Kerry a secoué son auditoire.

Dans un discours fort, il a asséné à la foule de ces hommes et femmes les plus puissants du monde une litanie d'atrocités commises au Pakistan, au Nigeria, en Syrie ou en Irak, parlant d'enfants massacrés et de la folie meurtrière des bourreaux.

"Ces atrocités ne peuvent pas jamais être rationalisées", a-t-il poursuivi. "On doit s'y opposer par toutes les fibres de notre être". "Notre défi est plus grand que Daech (l'acronyme arabe de l'État islamique)", a martelé M. Kerry devant son auditoire, utilisant l'acronyme arabe du groupe État islamique. "Nous devons être plus forts en Somalie et intensifier nos efforts et mettre fin à la violence au Nigeria, c'est pour cette raison que je m'y rendrai dans quelques jours", a expliqué le secrétaire d'État.

François Hollande a plaidé pour une "réponse globale" et "partagée" par les États mais aussi par les entreprises et "notamment les plus grandes" d'entre elles parce qu'il "y a des moments dans l'histoire", a-t-il dit, "où les défis globaux appellent des réponses majeures".

"Je vous appelle donc, forces vives du monde, grands acteurs économiques, chefs des plus grandes entreprises de la planète, pas simplement à la vigilance mais à l'engagement", a-t-il lancé.

Ce forum de Davos, qui réunit comme chaque année depuis plus de 40 ans les leaders économiques et plus influents du monde, est clairement placé depuis le début de ses travaux mercredi 21 janvier sous l'ombre du risque.

Que ce soit la menace terroriste, la cybercriminalité, le risque financier, les incertitudes provoquées par le prix du pétrole, Davos 2015 explore les peurs et les dangers qui pourraient compromettre l'économie mondiale.

Changement climatique

Premier président français socialiste à se rendre à Davos, François Hollande, qui en pleine campagne électorale, faisait de la finance son "adversaire", a ainsi appelé trois ans plus tard, presque jour pour jour, "le système financier à couper les sources d'alimentation du terrorisme, à en terminer avec les paradis fiscaux, à lutter contre le blanchiment d'argent".

"C'est notre intérêt commun", a-t-il insisté, appelant aussi "les grandes entreprises du numérique à identifier les contenus illégaux et à les rendre inaccessibles".

Mais pour François Hollande, ces mêmes acteurs doivent "conjurer une autre menace qui pèse sur l'avenir même de notre planète", le réchauffement climatique.

La France accueillera en décembre prochain la 21e conférence mondiale sur le climat avec l'ambition d'arracher un "accord global et contraignant", a rappelé le président français qui entend laisser une "trace" dans l'histoire en effaçant l'échec cuisant de la conférence de Copenhague, en 2009.

Pour le moment, a-t-il souligné, seuls 10 milliards de dollars ont été collectés par le fonds vert de l'ONU qui doit financer des actions contre le réchauffement climatiques dans les pays pauvres et émergents.

Or, a-t-il relevé, "les pays les plus touchés (par le réchauffement climatique) sont déjà les plus vulnérables", une "fatalité" qui s'ajoute "aux inégalités les plus insupportables" avec les pays développés. Et sans eux, "il n'y aura pas d'accord à la conférence de Paris".

"Dans la guerre contre le terrorisme, dans la lutte contre le réchauffement climatique, dans la réduction des inégalités à l'échelle planétaire, beaucoup dépendra de nous mais aussi de vous, les acteurs économiques de première importance", a-t-il conclu.


AFP/VNA/CVN

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