À 15 ans, elle effectue un stage au journal de l’université Harvard

Après avoir remporté le premier prix du concours de rédaction de The Harvard Crimson, la lycéenne vietnamienne Nguyên Thi Hai Ngoc a reçu en récompense un stage spécial au sein de ce prestigieux journal étudiant vieux de 150 ans à l’université Harvard, aux États-Unis.

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Hai Ngoc dans l’enceinte de l’université Harvard, aux États-Unis. Photo : NVCC/CVN

Nguyên Thi Hai Ngoc, élève de l’École internationale d’Australie à Hô Chi Minh-Ville, a surpris de nombreuses personnes en écrivant un essai sur un sujet “sensible” pour participer au concours lancé par The Harvard Crimson de l’université Harvard. Ce journal étudiant a été le lieu de travail des présidents américains John F.Kennedy, Franklin D.Roosevelt, Barack Obama, et des milliardaires de la technologie Steve Ballmer ou encore Jeff Zuckerberg alors qu’ils étaient encore étudiants.

Ngoc a passé deux tours de qualification et surpassé 5.000 autres candidats du monde entier pour remporter le premier prix, comprenant une récompense en espèce, des cours et un stage spécial aux États-Unis.

Concours mondial de rédaction

Le concours mondial d’essais du Harvard Crimson (Harvard Crimson Global Essay Competition) est organisé annuellement par le journal The Harvard Crimson. Il offre aux jeunes lycéens ambitieux une plate-forme pour exercer leurs compétences rédactionnelles dans un environnement non traditionnel. Il les encourage également à se mettre au défi et à explorer différents styles d’écriture pour finalement renforcer leurs compétences en la matière.

En 2023, le concours a débuté en février. Les candidats ont d’abord choisi un genre d’écriture parmi les trois suivants : créative, journalistique et argumentative. Dans chaque catégorie, les candidats se sont ensuite vus proposer trois différents sujets par les organisateurs et ont choisi celui qu’ils souhaitaient traiter.

“À l’époque, à l’école, j’apprenais à rédiger des essais de recherche. J’ai découvert que ma force résidait dans l’argumentation et le débat. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi la catégorie argumentation et le thème de la gestation pour autrui, car les deux autres sujets portaient sur l’âge du droit de vote et la technologie de l’édition génétique, ce que je trouvais moins pertinent”, a expliqué Ngoc.

Le sujet de réflexion proposé par le jury était le suivant : “En 2050, la moitié des enfants nés dans les pays développés seront issus de la gestation pour autrui. Cela devrait être encouragé. Êtes-vous d’accord ou non ?”.

Au premier tour, Ngoc avait dix jours pour écrire. Pendant cette période, elle a fait des recherches dans de grandes universités, des instituts de recherche ainsi que des journaux officiels à l’étranger. Avec une énorme quantité de données mais seulement 500 mots à écrire, elle a dû extraire les aspects les plus importants et les plus significatifs pour son argumentaire. Finalement, elle s’est concentrée sur les impacts de la gestation pour autrui sur la santé physique et mentale des femmes.

Hai Ngoc (1re à gauche) lors de son premier jour au siège du journal The Harvard Crimson, en compagnie du nouveau recteur de l’université Harvard (portant des lunettes, au centre).

Ngoc faisait partie des 60 candidats sélectionnés parmi environ 5.000 pour passer le deuxième tour. À ce stade, elle avait une semaine pour écrire un essai de 1.200 mots, développant le sujet du premier tour. Elle a choisi un titre percutant pour son essai : “The Market of Maternal Love ? - A world of surrogacy and exploitation” (littéralement : Le Marché de l’Amour Maternel ? - Un monde de gestation pour autrui et d’exploitation).

Ngoc a écrit : “Qui peut réellement ressentir le désespoir et la douleur endurés par les femmes aux prises avec des problèmes de procréation ? La gestation pour autrui est une solution pour ces femmes. Cependant, comme le craignent de nombreuses personnes et 42 ans après ma naissance en 2008, le développement de la gestation pour autrui ne fait que marquer l’augmentation d’une tendance désastreuse d’exploitation des femmes”.

Ngoc a argué que si 50% des naissances dans les pays développés se font par gestation pour autrui, il faut s’interroger sur le risque que les mères porteuses deviennent un outil commercial, voire même sur celui de l’émergence d’un “marché” de la maternité. À cette échelle, selon elle, les mères porteuses dans ces pays seront cruellement exploitées, à l’heure où des femmes peu fortunées et analphabètes pourront espérer gagner l’équivalent de 10 ans de salaire en une seule grossesse. Elle a également estimé que les mères porteuses rencontreront de nombreux problèmes de santé tels que la faiblesse physique ou des troubles mentaux dûs au stress post-partum...

L’essai de Ngoc a vivement impressionné le jury et a reçu une note finale de 78/80. Elle et les deux autres lauréats des catégories rédaction créative et rédaction journalistique ont reçu en récompense un stage au journal.

Ngoc a effectué un stage en ligne de trois semaines en juin 2023. Début juillet, elle est partie avec sa mère aux États-Unis pour un stage pratique de trois semaines.

Là-bas, les stagiaires peuvent choisir entre deux départements, à savoir le département commercial ou le département du contenu. Étant passionnée par le commerce et l’économie, Ngoc a choisi le premier département.

De bons souvenirs aux États-Unis

Les trois semaines de stage se sont rapidement écoulées. Lors de son dernier jour à The Harvard Crimson, Ngoc a déclaré que chaque stagiaire avait reçu une lettre manuscrite de la part du personnel. “Dans la lettre, ils m’ont tous félicitée, encouragée et motivée car j’étais la plus jeune stagiaire à venir ici et à avoir bien accompli les tâches qui lui avaient été confiées. Après avoir mangé des gâteaux et pris des photos souvenirs, je n’ai pas pu retenir mes larmes lorsque j’ai dû dire au revoir à tout le monde. Ils m’ont fait sentir que j’étais un membre du journal à part entière plutôt qu’une simple stagiaire”, raconte Ngoc avec émotion.

“J’ai eu l’occasion de découvrir l’environnement éducatif et le cadre de travail d’une université renommée des États-Unis, de constater les différences culturelles, de communication, de méthodes de travail et de comportement dans les relations. Sans compter que ce stage à The Harvard Crimson m’a permis d’acquérir de précieuses connaissances et compétences auprès de personnes talentueuses de différents pays”, confie-t-elle.

La lycéenne a pour objectif de décrocher une bourse d’études pour les États-Unis afin d’avoir la possibilité de retourner visiter le siège de The Harvard Crimson et de découvrir encore plus de choses sur cet univers.

My Quyên - Phuong Nga/CVN

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