Une Vietnamienne enseigne l’anglais à l’Université de Columbia

Nguyên Thi Hông Hoa, 42 ans, est actuellement la seule Vietnamienne à enseigner à l’École de pédagogie de l’Université de Columbia, l’un des huit établissements privés de l’élite du Nord-Est des États-Unis.

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Nguyên Thi Hông Hoa au campus de l’université de Columbia à New York, aux États-Unis.
Photo : NVCC/CVN

Nguyên Thi Hông Hoa est en charge des cours en langues appliquées et méthodes d’enseignement de l’anglais à l’École de pédagogie de l’Université de Columbia depuis 2014. Cet établissement à New York se classe second avec Harvard dans le classement des meilleures universités aux États-Unis en 2022, selon US News & World Report.

“Devenir enseignante de conférences dans une école de l’Ivy League ressemble à un rêve, surtout pour une personne issue d’un milieu modeste, d’une famille ouvrière comme moi”, a confié Mme Hoa.

Avant d’arriver aux États-Unis, Mme Hoa enseigne pendant cinq ans à l’Université de langues et d’études internationales, relevant de l’Université nationale de Hanoï. À cette époque-là, elle n’avait jamais voyagé à l’étranger ni parlé à un professeur américain. Depuis, elle est toujours désireuse de voyager dans le monde pour apprendre et se mettre au défi.

Transformer un rêve en réalité

En 2008, Mme Hoa postule pour une bourse de six ans en linguistique éducative à l’Université de Pennsylvanie (UPenn) à Philadelphie. Parmi quatre candidats choisis, elle est la seule étudiante internationale diplômée, les trois autres étant des citoyens américains.

En 2014, alors qu’elle s’apprête à soutenir sa thèse, Mme Hoa apprend que l’Université de Columbia recrute un conférencier. Reconnaissant qu’elle a encore peu d’expérience et pas de doctorat, Mme Hoa soumet tout de même sa candidature pour tenter sa chance. Outre Columbia, elle postule également dans plusieurs écoles aux États-Unis, l’Université nationale de Singapour et l’Université de Nagoya du Japon.

Selon elle, chaque école possède des exigences différentes, mais toutes demandent des lettres de recommandation de trois professeurs. Pour les écoles de l’Ivy League, la recommandation de professeurs connus est un avantage. Mme Hoa se fait recommander par le doyen du département de l’UPenn et trois professeurs célèbres dans le domaine de la langue appliquée, Diane Larsen-Freeman, Nancy Hornberger et Yuko Butler. Tous les quatre sont membres du comité consultatif de sa thèse de doctorat.

Mme Hoa (chemise rouge) entourée d’étudiants de l’École de pédagogie de l’Université de Columbia.

En juin de la même année, Mme Hoa soutient sa thèse de doctorat à l’UPenn avec d’excellentes notes et est invitée à la présenter à l’Université nationale de Singapour. Elle profite alors du retour à Hanoï pour rendre visite à sa famille. Pendant ces quelques jours, elle reçoit une invitation pour une entrevue à New York.

L’entretien se fait via Skype, ce qui lui fait craindre de ne pas pouvoir montrer tout son potentiel par rapport à d’autres candidats. Un jury de quatre professeurs de l’Université de Columbia lui pose de nombreuses questions sur l’acquisition d’une seconde langue, ainsi que sur son expérience dans l’enseignement et la formation de professeurs d’anglais.

Mme Hoa est impressionnée lorsqu’un professeur lui demande si elle a déjà lu le livre Introduction à l’acquisition d’une langue seconde de Susan Gass ? “J’ai très bien répondu à cette question parce que j’ai eu la chance d’avoir lu ce livre”, raconte-t-elle, affirmant qu’il s’agit d’un livre d’introduction avec un niveau de langue académique difficile. Lors de la lecture (lente) de ce livre, de nombreuses parties ont dû être lues et relues ou décortiquées pour bien les comprendre.

L'enseignante Nguyên Thi Hông Hoa (centre) et deux étudiantes de l’Université de Columbia. Photo : NVCC/CVN

Mme Hoa sait que l’école recrute un poste de chargé de cours. Il est donc très important que les candidats parlent couramment et avec confiance. Grâce à son éloquence, ses connaissances et l’utilisation de mots naturels et précis, l’entrevue se déroule sans heurts. Cependant, elle n’en attend pas grand-chose, pensant qu’il serait difficile de rivaliser avec d’autres candidats pour devenir maître de conférences dans une école de l’Ivy League. Mais une semaine plus tard, elle reçoit la nouvelle de son admission. Après avoir reçu des offres de la plupart des universités auxquelles elle a postulé, Mme Hoa décide de choisir l’école de la Ivy League.

Mais le premier semestre à l’Université de Columbia est difficile. Peu habituée au nouvel environnement, à la préparation de beaucoup de mémoires, de commissions de notation de thèses et de doctorat et à devenir un guide pour des étudiants en master, Mme Hoa perd 8 kg les premiers mois. “Chaque leçon n’est enseignée en classe que pendant deux heures, mais je ne peux pas la préparer en quelques jours car je dois lire beaucoup de documents, organiser des activités et trouver de nombreuses façons de transmettre des connaissances difficiles à des étudiants venus de nombreuses régions du monde”, se souvient-elle.

Les premiers jours de classe, elle se rappelle avoir surpris les étudiants par son jeune âge. Mais grâce à des années d’expérience dans l’enseignement de l’anglais au Vietnam, elle a surmonté la pression de l’âge. Aujourd’hui, elle monte sur l’estrade avec confiance et n’a presque plus de difficulté de communication.

Un trésor de connaissances

Les matières qu’elle enseigne aux étudiants de niveau master et plus sont la théorie de l’acquisition d’une seconde langue, la méthodologie d’enseignement de l’anglais, la communication interculturelle, la grammaire anglaise.

Un étudiant raconte : “La Dr. Nguyên Thi Hông Hoa est un trésor de connaissances dans le domaine de l’acquisition d’une seconde langue et de la méthodologie d’enseignement de l’anglais. Avant de suivre ce cours, je pensais en savoir beaucoup sur l’enseignement des langues étrangères après 15 ans d’enseignement, mais les activités qu’elle a introduites dans la classe étaient vraiment nouvelles et uniques, et en même temps suivaient strictement les principes de l’apprentissage des langues étrangères. De plus, j’ai toujours le sentiment que mes amis et moi sommes respectés. Nos opinions sont sincèrement écoutées, louées et elle nous propose des suggestions pour nous améliorer”.

Assistant à une séance d’enseignement de Mme Hoa, la Professeure Kelly Parkes, doyenne de la faculté des arts et des sciences humaines de l’École de pédagogie de l’Université de Columbia, estime que la conférencière vietnamienne a “relié la théorie à l’enseignement et à l’apprentissage”. Selon elle, Mme Hoa engage les étudiants par la discussion, l’écriture sur le tableau, en utilisant les nouvelles technologies pour créer de l’enthousiasme dans l’apprentissage et aider les étudiants à comprendre facilement des concepts difficiles.

Ces commentaires ont motivé Mme Hoa à faire encore plus d’efforts dans son travail. Selon elle, être chargée de cours dans une grande université est un honneur mais aussi une pression. Dans les temps à venir, Mme Hoa participera à des séances d’échange d’expériences sur les méthodes d’enseignement de l’anglais avec ses collègues au Vietnam.

Binh Minh - Phuong Nga/CVN

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