“La gastronomie vietnamienne, ma grande passion”

Après avoir remporté le concours MasterChef américain en 2012 avec des plats vietnamiens, Christine Hà continue de faire découvrir aux Américains la délicieuse cuisine de son pays d’origine. Elle a ses propres méthodes, avec des “armes secrètes”.

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Christine Hà apprend aux enfants malvoyants à cuisiner.

Née voyante, à l’âge de 20 ans, Christine Hà (nom vietnamien Hà Huyên Trân) a commencé à perdre progressivement la vue en raison d’une maladie rare. Quelques années plus tard, elle était devenue complétement aveugle.

Avec une volonté extraordinaire, elle a surmonté les obstacles et obtenu une maîtrise en beaux-arts du programme d’écriture créative de l’Université de Houston, où elle est rédactrice du magazine littéraire Gulf Coast, et un diplôme en administration des affaires de l’Université du Texas. Elle est également rédactrice d’art et de littérature pour plusieurs magazines américains.

Victoire éclatante au MasterChef américain

En 2012, à l’âge de 32 ans, Christine Hà a été sacrée lors de la troisième saison de MasterChef américain. En surpassant une centaine d’autres concurrents en finale, elle est la première personne d’origine vietnamienne à remporter ce prestigieux concours. Elle est également la première cheffe malvoyante à participer à cette compétition.

N’ayant jamais étudié la cuisine professionnellement, la jeune femme a conquis le jury avec son talent naturel, avec toute son âme passionnée pour la cuisine et ses plats qui portent le goût du Vietnam. Sa force par rapport aux autres candidats, et surtout, pour elle-même, c’est sa passion.

“Les éléments culturels et patrimoniaux du Vietnam ont une grande influence sur mon style de cuisine et ma vie”, a partagé Christine Hà lors de son retour au Vietnam en septembre dernier, dans le cadre du programme “Ambassadrice des arts” organisé par l’ambassade des États-Unis au Vietnam.

Née et ayant grandi aux États-Unis, Christine Hà mangeait régulièrement des plats vietnamiens préparés par sa grand-mère et sa mère. Elle aime beaucoup des plats tels que le thit kho (viande de porc caramélisée), le com tâm suon (riz brisé avec côtes de porc grillées), le bún bò Huê (soupe de nouilles de riz au bœuf épicé), etc.

Quand elle a eu 14 ans, sa mère est décédée d’une maladie. À cette époque-là, Christine Hà ne pensait pas à apprendre à cuisiner des plats vietnamiens. Mais un jour, elle réalisa que si elle ne cuisinait pas elle-même, personne ne préparerait ces plats chargés de souvenirs de sa grand-mère et de sa mère. À partir de là, elle a commencé à apprendre à cuisiner par elle-même, en imaginant les saveurs que sa mère avait cuisinées et en utilisant ses autres sens pour compenser sa perte de vision.

Pour Christine Hà, un bon plat est celui qui équilibre les saveurs aigres, épicées, salées et sucrées, harmonieusement intégrées dans la structure du plat.
Photo : CTV/CVN

“Après avoir appris les bases de la cuisine, j’ai réalisé que j’aimais partager la gastronomie et la culture culinaire du Vietnam. Les participants du concours MasterChef apportent les meilleurs plats du monde, mais je veux raconter mon histoire, être moi-même, et intégrer des éléments culturels dans mes plats”, a-t-elle confié.

Après ce concours, Christine Hà a ouvert trois restaurants aux États-Unis, dont deux spécialisés dans la cuisine vietnamienne. Le premier, situé à Houston et nommé “The Blind Goat”, propose des plats de rue vietnamiens revisités avec une touche de style texan. Le second, appelé “Xin Chào”, est entièrement vietnamien et a été inauguré en septembre 2020, en collaboration avec le chef Tony Nguyên. Il se concentre sur les plats vietnamiens, mais propose également des plats grillés adaptés aux goûts américains. Ces deux restaurants ont été nominés pour des prix récompensant les nouveaux restaurants d’exception ou les chefs exceptionnels.

“Je veux présenter aux Américains les délicieux plats vietnamiens”, a souligné Christine Hà. Mais elle le fait avec sa propre créativité. La cheffe utilise de nombreux ingrédients purement vietnamiens dans ses plats, dont le nuoc mam (saumure de poisson) qui est souvent difficile à accepter pour les étrangers, et même dans des plats qui ne sont pas vietnamiens. Par exemple, lorsqu’elle prépare un plat de bœuf épicé à la texane, elle ajoute un peu de sauce de poisson, ce qui donne aux convives une saveur salée et délicieuse sans qu’ils sachent exactement ce que c’est. “Si utilisée avec finesse, la sauce de poisson devient une arme secrète”, a-t-elle révélé.

De retour dans la capitale vietnamienne, Christine Hà a essayé de nombreux plats typiques de Hanoï, du bún dâu mam tôm (vermicelles de riz avec tofu frit et crevettes fermentées) au bún cha (vermicelles de riz avec boulettes de porc grillées) en passant par les bánh cuôn (raviolis en rouleau cuits à la vapeur). La crevette fermentée est également un ingrédient que Christine Hà apprécie. Pour elle, un bon plat est celui qui équilibre les saveurs aigres, épicées, salées et sucrées, harmonieusement intégrées dans la structure du plat. Et la cuisine vietnamienne possède tous ces éléments, avec une certaine légèreté grâce à l’utilisation d’ingrédients frais.

Une cuisine diversifiée

Christine Hà est d’accord avec l’opinion selon laquelle la cuisine vietnamienne peut devenir une force douce pour présenter le Vietnam au monde. “La cuisine vietnamienne est très diversifiée en termes de saveurs. Si vous voyagez du Nord au Sud, en passant par le Centre, vous découvrirez différents plats et saveurs, qui reflètent les traditions de chaque région. Ainsi, lorsque vous partagez de la nourriture avec d’autres pays, d’autres cultures ou d’autres personnes, d’une manière ou d’une autre, c’est pour mieux comprendre les gens et renforcer les relations”, a-t-elle remarqué.

Christine Hà a écrit quelques livres de cuisine. Son premier ouvrage intitulé Recipes from My Home Kitchen (littéralement : Recettes de ma cuisine maison) s’est classé parmi les meilleures ventes du New York Times. Elle a prononcé un discours sur la défense des droits des personnes handicapées aux Nations unies. Elle était une ambassadrice culinaire pour l’ambassade des États-Unis à l’étranger. Elle a été co-animatrice de l’émission de cuisine “Four Senses” au Canada et juge de MasterChef Vietnam.

Christine Hà a dit qu’elle ne pensait pas être spéciale, que tout le monde a son propre chemin et est spécial à sa manière. “Je suis juste comme tout le monde”, a-t-elle avoué.

En partageant sa vision de la vie, Christine Hà a expliqué qu’elle a réalisé que la vie n’est jamais facile et ne se déroule jamais comme prévu, mais ce qui importe le plus, c’est comment surmonter les obstacles et accomplir quelque chose.

“De nombreux défis façonnent le caractère. Pour moi, les défis sont épuisants, mais ils me font aussi grandir, devenir une meilleure personne et apprendre à compatir avec les autres”, a-t-elle confié.

Pour vivre de manière optimiste et positive, Christine Hà affirme que le bonheur ne réside pas nécessairement dans des choses grandioses, mais qu’elle peut le trouver dans de petites choses, comme se promener dans la rue avec son mari et son chien, ou savourer un plat qu’elle aime.

Viêt Ân - Phuong Nga/CVN

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