2010, l'année la plus meurtrière pour les civils afghans

L'année 2010 a été la plus meurtrière pour les civils en neuf ans de guerre entre les talibans et les forces internationales et nationales en Afghanistan, avec près de 2.800 morts, tués pour les trois quarts par les insurgés, a annoncé le 9 mars l'ONU à Kaboul.

Ce chiffre illustre le fait que, malgré les affirmations des responsables militaires et des gouvernements de la coalition internationale, l'insurrection des talibans s'intensifie, et même gagne du terrain ces dernières années, avec des actions de guérilla bien au-delà de ses bastions traditionnels du Sud et de l'Est.

Et, surtout, il est publié à quelques mois du début annoncé par Washington et l'OTAN d'un retrait des troupes internationales devant mener, d'ici à 2014, au transfert total de la responsabilité de la sécurité du pays dans les mains des forces afghanes, une gageure selon nombre d'experts.

Avec 2.777 exactement, le nombre de civils tués en 2010 a augmenté de 15% par rapport à 2009, indique le rapport annuel conjoint de la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (UNAMA) et de la Commission afghane indépendante des droits de l'homme.

Les insurgés, talibans ou autres groupes fondamentalistes, sont directement responsables de la mort de 75% de ces civils, contre 16% pour les forces internationales et afghanes, selon le rapport, qui n'a pu attribuer de responsabilité précise pour la mort violente de 9% de ces personnes.

Les attentats suicide et les bombes artisanales, les deux armes de prédilection des talibans, ont tué 1.141 civils en 2010, et les frappes aériennes des forces internationales et afghanes 171, selon ce rapport.

Une recrudescence des erreurs des forces internationales a de nouveau provoqué ces derniers jours la colère des Afghans et du président Hamid Karzaï.

Ce dernier a été installé à la tête de l'État fin 2001 par la communauté internationale qui venait de chasser les talibans du pouvoir, et s'y est maintenu depuis grâce à la présence de quelque 150.000 soldats étrangers sous la bannière de l'OTAN, dont les deux tiers américains, et alors que l'insurrection des talibans gagne du terrain et s'intensifie.

La force de l'OTAN (ISAF), emmenée par les Américains, est accusée d'avoir tué au moins 65 civils à deux reprises fin février dans la province de Kunar (Est) en visant des insurgés, et neuf enfants le 1er mars.

M. Karzaï a dénoncé ces deux drames, en appelant l'OTAN à cesser ces "meurtres" qui jettent, selon lui, la population dans les bras de la rébellion.

Depuis, les manifestations contre l'OTAN et surtout les États-Unis se multiplient dans tout le pays.

Le président Barack Obama a présenté le 3 mars ses "profonds regrets" au peuple afghan pour les neuf enfants tués, de même que le général américain David Petraeus, commandant en chef de l'ISAF, et le secrétaire à la Défense, Robert Gates.

M. Karzaï a assuré le 7 mars "respecter" les regrets de M. Gates, semblant se montrer plus conciliant que la veille, quand il avait affirmé que les excuses de l'OTAN n'étaient "pas suffisantes".

Le président afghan a réaffirmé le 7 mars que son peuple voulait "la fin" des victimes civiles de l'ISAF, et non une simple réduction de leur nombre, en soulignant qu'elles étaient la principale cause de la détérioration des relations entre Kaboul et Washington.

Enfin, le rapport de l'UNAMA souligne aussi que le nombre de civils tués en 2010 est quatre fois supérieur à celui des soldats des forces internationales tombés au combat la même année.

Or, 2010 a aussi été, de très loin, l'année la plus meurtrière pour les soldats étrangers en neuf ans de guerre, avec 711 morts, confirmant que la guérilla des talibans s'est intensifiée malgré l'envoi de 30.000 soldats américains en renfort l'année dernière.

AFP/VNA/CVN

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