Les leçons de savoir-vivre dispensées aux très jeunes enfants gagnent en popularité auprès des parents singapouriens, qui estiment que les cours de danse classique et de piano ne suffisent plus à faire de leurs petits des adultes accomplis. "Il vaut mieux éduquer les enfants avant qu'ils aient développé de mauvaises habitudes. De telles compétences servent tout au long de la vie", affirme Eunice Tan, professeur à l'académie Image pour des bonnes manières modernes. "S'il vous plaît" est le premier mot qu'a appris sa fille, Ethel, lorsqu'elle a eu un an, assure-t-elle.
Jonathan Goh, professeur à l'Institut national de l'éducation, voit "de nombreux d'avantages" à cet enseignement qui donnera aux enfants "un avantage précieux dans le monde du travail".
Malgré une croissance économique fulgurante ayant transformé la ville-État en l'un des pays les plus riches du monde en seulement une génération, les autorités estiment que les Singapouriens doivent se montrer plus civils et définitivement oublier les manières rustres héritées du passé.
Une campagne gouvernementale demande par exemple aux habitants de multiplier les petits gestes amicaux dans la vie quotidienne.
Les leçons d'étiquette sont habituellement dispensées pendant les vacances scolaires, en juin et décembre, et pour un coût certain : de 30 à 48 dollars de Singapour l'heure (de 16,5 à 26,40 euros). Mais beaucoup de parents ont les moyens de se les payer. Avec un revenu annuel par habitant de 35.924 dollars américains (25.787 euros), Singapour se classe au 33e rang des pays les plus riches, selon la Banque mondiale.
Eunice Tan indique avoir dû ouvrir une nouvelle classe lors des dernières vacances car tous les cours ont vite affiché complet.
Le cursus est ouvert aux enfants à partir de trois ans. Le niveau 1 enseigne les salutations. Le 2 la manière de répondre poliment au téléphone et les techniques "de gestion de stress". Le 3 vise à transmettre des valeurs, telles que l'hon- nêteté et la responsabilité, via une méthode par étape. "Après ces leçons, les enfants ont vraiment envie de montrer leurs nouveaux talents à leurs parents, que ce soit dans leur façon de se tenir à table, leurs comportement avec leurs frères et soeurs, ou avec leur animal de compagnie", souligne Eunice Tan. Mais n'est-ce pas le rôle des parents d'apprendre aux enfants à se comporter de manière civilisée ? "C'est beaucoup plus facile pour un tiers d'apprendre aux élèves les bonnes manières, car les parents peuvent ne pas savoir comment cela se transmet", estime Elaine Heng, elle aussi professeur d'étiquette.
Et de nombreux enfants singapouriens passent le plus clair de leur temps avec des employées de maison (souvent indonésiennes ou philippines), qui n'osent pas toujours les rappeler à l'ordre, selon Agnes Koh, de Etiquette et Image International.
AFP/VNA/CVN