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La justice belge examine les responsabilités dans le scandale des œufs contaminés au Fipronil. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le scandale des œufs contaminés au Fipronil, il s'agit du premier grand rendez-vous judiciaire en Belgique, dans cette fraude à l'impact mondial, qui trouve son origine de part et d'autre de la frontière belgo-néerlandaise.
Aux Pays-Bas, deux dirigeants de sociétés de désinfection ayant utilisé dans des centaines de fermes avicoles un produit à base de Fipronil ont été condamnés à un an de prison ferme, le 12 avril.
À Anvers, dans le volet belge du dossier, qui vaut au total à sept personnes et quatre sociétés d'être jugées, le Parquet s'est montré encore plus sévère.
Il a réclamé quatre ans de prison ferme à l'encontre du patron de la société - aujourd'hui en faillite - Agro Remijsen qui avait commercialisé dans les deux pays le produit à l'origine du scandale alimentaire, dénommé "Dega-16" et faussement présenté comme 100% naturel. L'intéressé a nié toute intention frauduleuse.
Deux peines de trois ans, trois peines d'un an, toutes fermes, et de lourdes amendes de plusieurs dizaines de milliers d'euros ont aussi été requises à l'encontre des autres prévenus.
Ces derniers sont pour la plupart des responsables de sociétés de nettoyage auxquels il est reproché d'avoir utilisé le "Dega-16" tout en sachant qu'il s'agissait d'un mélange nocif.
Ce désinfectant, vendu aux exploitants avec une étiquette mensongère, contenait en réalité "une substance toxique", a souligné le procureur.
Autorisé pour combattre poux et acariens chez les chiens ou les chats, le Fipronil est interdit dans l'Union européenne pour nettoyer les bâtiments d'élevage car l'antiparasitaire risque de se retrouver sur des animaux destinés à la chaîne alimentaire. Le risque de résidus, même légers, doit être exclu pour protéger la santé humaine.
Dans ce cas, il était utilisé pour lutter plus efficacement contre le pou rouge, l'ennemi déclaré des poulaillers.
La crise sanitaire qui avait éclaté à l'été 2017 avait touché la quasi-totalité de l'Europe et des aliments suspects (œufs ou produits à base d’œufs potentiellement contaminés) avaient même été découverts à Hong Kong (Chine).
"Impact colossal"
Rien qu'en Belgique, "plus de 77 millions" d’œufs ont dû être détruits et près de deux millions de volailles abattues, selon l'Autorité belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca).
Cette agence fédérale s'est portée partie civile à Anvers, au côté de l'État belge. L'objectif: récupérer les quelque 17 millions d'euros déboursés pour compenser les pertes des exploitations contraintes à l'arrêt, explique Stéphanie Maquoi, porte-parole de l'Afsca.
En outre, si aucun consommateur n'a été malade, "l'impact a été colossal sur la perception des entreprises du secteur", ajoute-t-elle.
En Belgique, l'enquête a démarré en juin 2017 après un signalement de produits suspects à l'Afsca.
Une usine de transformation d'œufs pour l'industrie agroalimentaire venait de découvrir sur certains échantillons des résidus anormalement élevés de Fipronil.
Les enquêteurs ont pu remonter jusqu'au fournisseur, une exploitation avicole également située en Flandre (Nord néerlandophone), où l'usage du produit "Dega-16" a été identifié.
Le 20 juillet, les autorités belges avaient prévenu tous les États membres de l'UE, via le système d'alerte européen, du risque de distribution d'oeufs contaminés, conduisant à des rappels massifs de produits alimentaires.
Après trois ans d'enquête, la justice néerlandaise a été la première à renvoyer en procès des acheteurs du mélange interdit, à savoir les firmes de désinfection Chickclean et Chickfriend ainsi que leurs deux propriétaires.
Ce sont ces deux hommes de 28 et 35 ans qui ont écopé de douze mois de prison ferme le 12 avril devant le tribunal de Zwolle (centre).
Le jugement à leur encontre est cinglant : ils sont coupables d'avoir "sciemment désinfecté des centaines de poulaillers" avec un produit "interdit et nocif", contenant du Fipronil, mettant en péril la santé et causant d'"énormes dégâts économiques".
À Anvers, le procès se poursuit vendredi 23 avril avec les plaidoiries et, si nécessaire, le 30 avril. Le jugement devrait être rendu dans plusieurs semaines.
AFP/VNA/CVN