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L'épidémie de zika est terminée en Martinique, dix mois après son début. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Le virus Zika reste un problème hautement important à long terme (...) mais ce n'est plus une urgence de santé publique de portée mondiale", a déclaré le Dr David Heymann, président du Comité d'urgence de l'OMS sur Zika lors d'une conférence de presse virtuelle.
Le statut d'urgence de santé publique mondiale avait été décrété le 1er février.
"Le Comité d'urgence estime que le virus Zika et ses conséquences restent un défi de santé publique persistant et important, qui requiert une action intense, mais ne représente plus une urgence de santé publique telle que définie par les Règlements de santé internationaux", a souligné l'OMS dans un communiqué.
"Nous ne minimisons pas l'importance de ce virus", a toutefois tenu à relever le Dr Peter Salama, directeur exécutif du Programme d'urgences de santé de l'OMS, lors de la conférence de presse.
"En fait, en en faisant un programme de travail d'une durée plus longue, nous envoyons le message que Zika est destiné à durer et que la réponse de l'OMS va se maintenir d'une manière très solide", a-t-il ajouté.
Depuis 2015, 73 pays sont touchés par le virus Zika, majoritairement en Amérique Latine et dans les Caraïbes, et quelque 23 pays ont annoncé avoir constaté des cas de microcéphalie et de syndrome de Guillain-Barré, atteinte neurologique elle-aussi potentiellement liée à Zika. Ces deux affections peuvent être mortelles.
"L'infection par le virus Zika et les conséquences qui y sont liées (...) doivent être gérées par l'OMS, les États et les autres partenaires de la même façon que d'autres menaces de maladies infectieuses sont traitées", a estimé l'OMS dans son communiqué.
"Beaucoup d'aspects de cette maladie et des conséquences qui y sont liées restent encore à être élucidées, mais cela peut être fait encore mieux par une recherche soutenue", a ajouté l'organisation.
Le virus se transmet par la piqûre du moustique Aedes aegypti, mais aussi par voie sexuelle.
Inquiétude au Brésil
L'annonce de l'OMS a immédiatement suscité une réaction particulièrement inquiète au Brésil, qui compte le plus de cas de microcéphalies potentiellement liés à Zika avec un total de 2.033, suivi par la Colombie (46 cas).
"Nous sommes préoccupés du fait que le message de l'OMS puisse être interprété comme un signe négatif, que le (virus) Zika n'est plus une urgence, une priorité. L'effort international doit continuer, ne peut pas baisser. Le problème du Zika ne disparaît pas avec le fait que (le virus) n'est plus une urgence de santé publique mondiale", s'est alarmé Paulo Gadelha, le président de la Fondation gouvernementale brésilienne Oswaldo Cruz (Fiorcruz), chargée de lutter contre les problèmes de santé publique au Brésil.
Le ministre brésilien de la Santé, Ricardo Barros, avait d'ailleurs annoncé vendredi 18 novembre devant la presse à Brasilia, quelques heures avant la conférence de presse de l'OMS, que le Brésil maintenait tout son territoire en situation d'urgence de santé publique en raison de Zika et ce, "jusqu'à ce que le suivi (de la situation) nous donne toute tranquillité".
"Je pense que c'est une mesure tout à fait appropriée pour le Brésil de continuer à maintenir l'urgence car c'est une urgence dans beaucoup de pays", a reconnu le Dr Heymann. "Toutefois, comme je l'ai dit, une urgence de santé publique de portée mondiale à une connotation spéciale (...) ces règlements sont destinés à amener le monde à identifier et travailler sur des questions variées qui ont une portée globale".
Un expert des questions sanitaires à l'université de Georgetown à Washington, Lawrence Gostin, a estimé aussi que la décision de l'OMS était "assez inquiétante", à l'approche de la saison d'été dans l'hémisphère sud, avec les risques liés aux moustiques que cela représente.
Les États-Unis sont également concernés car la Floride (Sud-Est) a enregistré de nombreux cas de microcéphalies et Guillain-Barré liés à Zika.
"La réponse internationale au virus Zika a été léthargique et (la décision) de l'OMS fournit des arguments aux gouvernements et aux donateurs à se retirer encore davantage" de la lutte contre le virus, a déploré cet expert.