>>France : le gouvernement espère calmer le jeu en banlieue
>>Violences urbaines : dix interpellations en Seine-Saint-Denis
Des manifestants devant des poubelles en flamme dans le quatier de Barbès-Rochechouart, le 15 février |
Sous le métro aérien à Barbès, étroitement quadrillés par les forces de l'ordre, quelque 400 manifestants selon la police, parmi lesquels de nombreux militants antifascistes et anarchistes, ont allumé des fumigènes et brûlé quelques détritus en début de soirée.
Quelques-uns, cagoulés ou masqués, ont mis le feu à des poubelles, jeté des bouteilles contre les policiers, qui ont répliqué en chargeant et en tirant des gaz lacrymogènes. Peu après 20h00, le calme était revenu et le rassemblement s'était dispersé.
Une banderole proclamait : "Face à la violence policière, soyons ingouvernables". En scandant "tout le monde déteste la police" ou "la police est raciste", des groupes avaient tenté à plusieurs reprises de quitter le carrefour Barbès pour partir en cortège, avant d'être refoulés. Le métro avait été fermé et une partie de la circulation bloquée.
Après la dispersion, une quinzaine de personnes ont cassé plusieurs abribus un peu plus loin, dans l'est parisien, a-t-on appris auprès d'une source policière.
À Rouen, la manifestation de quelque 150 personnes a donné lieu à des débordements, se traduisant par deux blessés légers et 21 interpellations, selon la préfecture.
"Assez rapidement, un groupe d'environ 70 irréductibles ont commencé à commettre des dégradations", a déclaré son secrétaire général Yvan Cordier. Des vitrines ont été brisées et de nombreuses poubelles incendiées, a notamment constaté l'AFP.
À Lille, une partie des 500 manifestants a prolongé le défilé en retournant dans des ruelles où ils ont provoqué quelques dégâts. Une jeune fille a été interpellée.
Lors d'un rassemblement dans le quartier de Barbès-Rochechouard, le 15 février |
D'autres rassemblements, plus réduits, se sont déroulés sans incident, comme à Rennes et Toulouse, selon des journalistes de l'AFP.
Les manifestations se sont multipliées en France depuis la violente interpellation le 2 février à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) de Théo, jeune homme noir de 22 ans, qui a débouché sur la mise en examen de quatre policiers dont un pour viol. Une manifestation samedi 11 février à Bobigny a dégénéré en de multiples dégradations.
En dépit des appels au calme de Théo et du gouvernement, de nombreux incidents violents ont eu lieu en banlieue depuis le 4 février. Douze personnes ont été interpellées - neuf en Ile-de-France, dont six en Seine-Saint-Denis - dans la nuit de mardi 14 février à mercredi 15 février, selon une source policière.
"La baisse est significative. Dans de nombreuses villes d'Ile-de-France, c'est le retour à une activité nocturne habituelle pour les policiers et pompiers", a estimé cette source.
"L'affaire Théo" a reposé la délicate question des relations entre jeunes et policiers dans les banlieues. Libération a publié mercredi 15 février une tribune, signée par plusieurs personnalités du monde du spectacle et de la société civile, mettant en cause le racisme de certains policiers.
Le directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone, a dénoncé ce texte, s'indignant notamment que les "150.000 personnels de la police nationale passionnément engagés dans leur métier soient ainsi salis".