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Delphine Ernotte à Paris. |
"On s'est dit qu'il y avait un certain nombre de secteurs sur lesquels il fallait qu'on mette le booster et qu'on prenne le leadership et l'un de ces secteurs c'est la culture", a dit Delphine Ernotte lors d'un déjeuner avec l'Association des journalistes médias.
"On a décidé, et j'en ai parlé avec Mathieu Gallet (patron de Radio France, ndlr) cette semaine, de faire ensemble la première plateforme d'offre culturelle en France", a-t-elle déclaré. Le projet est ouvert à d'autres partenaires, comme Arte, s'ils le souhaitent.
Le projet est conduit par Michel Field côté France Télévisions et la directrice de France Culture Sandrine Treiner pour Radio France.
S'il est trop tôt pour donner un calendrier de l'offre, elle devrait s'appuyer sur le site de France Télévisions Culturebox, qui permet notamment de suivre des spectacles et concerts en direct et de s'informer sur l'actualité culturelle.
"Culturebox, c'est comme le canal 27 (canal sur lequel est diffusé franceinfo, ndlr), c'est formidable mais il y a plein de gens qui ne connaissent pas", a regretté Delphine Ernotte.
"L'idée n'est pas d'avoir la plus grande bibliothèque culturelle numérique, mais un endroit accessible à tous où vous allez pouvoir trouver un opéra si vous êtes amateur, des critiques sur la rentrée littéraire, des conseils", ce sera "une offre complètement repensée autour de la culture" et "éditorialisée", a-t-elle assuré.
Ce projet s'inscrit dans une vaste refonte de l'offre numérique de France Télévisions, avec une première étape intervenue en mai lors du lancement de france.tv, nouveau site regroupant toutes les vidéos en ligne et replay du groupe et accessible librement, après des plaintes de téléspectateurs contre l'obligation de s'identifier en créant un compte.
50 millions
"On veut faire une méga plateforme france.tv avec des chaînes soeurs. On a déjà franceinfo, une offre thématique sur l'information, on veut lancer une offre culturelle et on va lancer avant la fin de l'année une offre pour les 15-30 ans avec des contenus purement web", a déclaré Delphine Ernotte.
Le siège de France Télévisions à Paris |
Le groupe s'interroge également en matière de sport : "On ne va pas mettre plus d'argent dans les droits (de diffusion de compétitions, ndlr), mais on peut chercher des moyens de mieux exploiter ceux qu'on a déjà" et la création d'une chaîne numérique est l'une des possibilités envisagées, a dit Delphine Ernotte.
L'autre volet de ce chantier numérique, le lancement d'une offre de vidéo illimitée sur abonnement (SVOD), sorte de "Netflix à la française", initialement prévu cet automne, pourrait être retardé, a-t-elle laissé entendre.
Techniquement, l'élaboration de la plateforme est en cours mais la priorité est de "stabiliser" france.tv, sachant que c'est la même équipe qui travaille sur les deux projets. "On n'a pas arrêté la date, si ce n'est pas à l'automne, ce sera en tout début d'année", a dit Delphine Ernotte.
Cette offre comprendra les catalogues d'une dizaine des principaux producteurs et distributeurs français, détenteurs des droits de diffusion qui ont conclu des accords avec France Télévisions.
Le modèle économique repose sur le partage des revenus, avec 20% du chiffre d'affaires pour les producteurs (davantage si ça marche, selon Delphine Ernotte), le reste finançant les investissements et la promotion.
Des discussions sont également en cours avec les partenaires publics francophones, RTBF, RTS et Radio Canada, mais l'obtention des droits dans tous les pays est compliquée, a précisé Delphine Ernotte, dont le "rêve" est de déployer cette offre sur tout le territoire européen.
Au total, le groupe investit 50 millions d'euros par an dans le numérique, selon la présidente, qui ne souhaite pas demander plus d'argent à l'État pour France Télévisions.