Violence scolaire : agissons ensemble

La violence à l’école est un phénomène préoccupant qui a de graves conséquences sur le climat scolaire et l’épanouissement des élèves. Il est nécessaire de mettre en place une stratégie qui permet d’y mettre fin pour les protéger.

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Protéger les enfants de la violence scolaire est une importante tâche interdisciplinaire.

La scolarité occupe une part importante dans la vie des enfants qui dépensent une grande quantité d’énergie à l’école. Cette dernière joue ainsi un rôle crucial dans leur développement tant physique que psychique.

Malheureusement, dans certains cas, l’établissement n’est plus un environnement sûr, et les élèves y sont confrontés à des violences scolaires. Ils peuvent devenir victimes de brimades et d’actes d’intimidation, de répression, de châtiment corporel ou de harcèlement sexuel, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la salle de classe.

Des chiffres alarmants

Selon les statistiques de l’UNICEF en 2018, environ 150 millions d’élèves âgés de 13 à 15 ans, soit la moitié d’entre eux, ont été victimes de harcèlement à l’école et à ses abords. Environ un élève sur trois dans cette tranche d’âge est impliqué dans des bagarres.

Les violences en milieu scolaire entraînent des dommages estimés à 7.000 milliards d’USD chaque année. Elles touchaient près de 600.000 étudiants en Thaïlande en 2018. La République de Corée en a enregistré 11.749 cas en 2013, et ce chiffre a doublé en 2019 pour s’établir à plus de 31.000, dont la moitié était des violences physiques. Au Laos, une enquête menée en 2019 a révélé qu’un élève sur six, âgé de moins de 18 ans, était victime d’actes de violence.

Au Vietnam, une récente étude menée par le ministère de l’Éducation et de la Formation a rapporté qu’en une année, il y avait près de 1.600 cas de conflits à l’école et à ses abords, et un élève sur 11.000 était contraint d’interrompre son apprentissage pour cette raison.

Les causes des violences sont multiples et variées. Elles sont souvent liées à la situation familiale telle que la pauvreté et la toxicomanie. Elles peuvent également découler de conflits entre amis ou de désaccords avec d’autres jeunes.

La famille joue un rôle crucial dans l’inhibition des comportements violents chez les adolescents. En effet, une personne vivant dans un milieu familial marqué par des conflits subit des traumatismes tout au long de son enfance. Une éducation très sévère ou des parents violents ont des effets néfastes sur sa santé physique et mentale.

Par ailleurs, les agressions physiques telles que les coups de poing ou de pied, les tirages de cheveux, les jets de cailloux, les bousculades, les insultes... causent des blessures physiques et, plus gravement, laissent des cicatrices indélébiles dans l’esprit des enfants. De nombreux élèves souffrent ainsi de troubles psychologiques tels que la dépression, l’anxiété, l’obsession et la phobie, qui peuvent conduire à des pensées suicidaires.

Des histoires quotidiennes

Une séance d’échange sur la prévention des violences scolaires à Hô Chi Minh-Ville.

Une mère résidant dans l’arrondissement de Ba Dinh, à Hanoï, raconte qu’elle est contrainte de rester à la maison pour s’occuper de son enfant, qui est en première année de primaire, car il refuse d’aller à l’école en raison des mauvais traitements qu’il a subis en classe. H.L.N.A, une élève de terminale dans un lycée à Hô Chi Minh-Ville, se souvient qu’au collège, elle a été isolée et diffamée parce qu’elle était en désaccord avec un groupe de camarades. Des exemples de violences qui se déroulent quotidiennement dans les écoles, du Nord au Sud du pays.

Le Pr. associé et Docteur Trân Thành Nam, doyen de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université nationale de Hanoï, met en lumière les traumatismes physiques et psychologiques subis par les victimes de la violence scolaire, qui doivent vivre souvent dans la peur et l’inquiétude. "S’ils ne bénéficient pas d’une aide appropriée, la situation ne fait qu’empirer”, avertit-il.

Selon M. Nam, si les violences directes sont en baisse, celles en ligne ont tendance à la hausse. Les réseaux sociaux occupent actuellement une place incontournable dans la vie quotidienne, en particulier des jeunes, leur offrant à la fois des connaissances et des informations, mais leur montrant également des contenus violents, blessants et humiliants. Ainsi, ils peuvent présenter un réel danger s’ils sont mal utilisés.

"Il est impératif de prendre des mesures pour mettre fin à toutes les formes de violence, quel que soit le moyen utilisé, afin de garantir un climat scolaire serein pour l’épanouissement des élèves", indique Trân Thành Nam.

Les chiffres alarmants et la situation actuelle mettent en évidence l’importance cruciale de prendre en compte les violences à l’école, tant par les responsables des établissements scolaires que par les parents et les organisations sociales.

L’UNICEF a proposé des solutions telles que l’élaboration et l’application de lois visant à en protéger les élèves, tout en renforçant les mesures de prévention. Au Vietnam, la lutte contre ce phénomène reste un défi, mais rien n’est insurmontable.

Consultations psychologiques

La mise en place de bureaux de consultation psychologique au sein des établissements éducatifs permet de soulager efficacement les difficultés rencontrées par les élèves victimes de violence scolaire.

Hông D., élève du collège Dich Vong, dans l’arrondissement de Câu Giây, à Hanoï, a été confronté à des intimidations. Il témoigne : "En venant chaque jour au bureau de consultation psychologique, ma situation s’est améliorée. Ici, je peux dessiner, faire ce que j’aime et jouer avec d’autres amis qui rencontrent des difficultés comme moi".

Un climat sécurisé permet aux élèves de mieux se développer.

Afin de lutter contre les violences scolaires, il est essentiel d’accorder une grande importance à la prévention de l’agression et à l’intervention précoce. Dang Hoa Nam, directeur du Département des enfants du ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales, souligne que l’une des solutions extrêmement importantes consiste à augmenter les consultations psychologiques dans les établissements scolaires afin de veiller à la santé mentale des élèves.

Il est essentiel que les parents, les enseignants, les éducateurs spécialisés et les psychologues soient extrêmement vigilants. Les échanges entre les parents et les enseignants sont aussi nécessaires.

Face à la multiplication des cas, en début de cette année, le ministère de l’Éducation et de la Formation a décidé de renforcer les consultations psychologiques pour les élèves et étudiants. Il a également demandé d’intégrer des informations sur le savoir-vivre dans le programme scolaire, ainsi que d’établir un "Manuel de lois et de compétences sur la prévention et la lutte contre la violence et les abus sexuels à l’école".

Un climat scolaire serein est une condition essentielle pour assurer les bonnes conditions de travail, le bien-être et l’épanouissement des élèves. Tout acte de violence doit prendre fin pour que ceux-ci puissent grandir et se développer de la meilleure des façons.

Texte : Thu Hà Ngô/CVN

Photos : VNA - Tia Nang/CVN

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