Vie culturelle dans le delta du Mékong : en progrès mais peut mieux faire

Forte d'une croissance économique continue enregistrée ces dernières années, la vie culturelle dans le delta du Mékong s'est nettement améliorée. Les habitants ont davantage d'opportunités d'accéder aux activités artistiques et culturelles. Mais la pénurie des espaces de loisir, des livres et journaux..., donne matière à réflexion.

Le delta du Mékong abrite 17 millions d'habitants de différentes ethnies : Viêt, Khmère, Cham et Chinoise. C'est le territoire de cultures variées, théâtre d'une pléthore de fêtes culturelles et religieuses.

En parallèle à la croissance économique, la vie culturelle du delta du Mékong connaît des changements positifs. Cân Tho, paisible capitale régionale au bord du Mékong, vient de mettre en chantier le Centre culturel Tây Dô. S'étendant sur 172,81 ha, cet ouvrage de 5.410 milliards de dôngs, fera figure de plus important centre culturel du delta du Mékong.

Les "super librairies" se multiplient dans les différentes localités. Les concours de beauté, les festivals du riz, les fêtes culturelles et touristiques organisées dans plusieurs villes et provinces attirent de nombreux participants. Des centaines de groupes d'artistes de chants des amateurs (don ca tài tu) se produisent régulièrement dans les villages, quartiers, témoignant du besoin élevé des habitants de se divertir au moyen de la musique et des arts en général.

La vie culturelle pourrait s'épanouir davantage

Ces exemples n'occultent cependant pas les lacunes sur lesquelles il faut se pencher. "Plusieurs chefs-lieux de province du Nam bô occidental s'efforcent de se transformer en villes, mais les habitants qui les peuplent, cherchent en vain des espaces de loisir et de distraction", se plaint le directeur du Service de la culture, des sports et du tourisme de Cân Tho, Dinh Viêt Khanh. La ville de Cân Tho ne possède aucun endroit de ce genre. Il n'y a seulement que quelques cinémas, dotés de projecteurs plutôt vétustes.

Dans la ville de My Tho (province de Tiên Giang), à la nuit tombante, des centaines de motos sortent de leur tanière, se suivant à la "queue leu leu". Mais pas pour longtemps, puisque les cafés et restaurants ferment tous avant 22h00. "My Tho, reconnu ville depuis 2 ans déjà, manque toujours d'espaces de loisir", regrette Tinh, un conducteur de taxi local.

Le delta du Mékong s'enorgueillit de ses vergers immenses, près des fleuves et canaux. Mais pour les habitants locaux, ces lieux sont devenus trop monotones. La plupart des palais des pionniers, des maisons de la culture n'arrivent pas à attirer les jeunes, faute d'activités intéressantes. Chaque province du delta du Mékong compte au moins 20 maisons de la culture et 300 centres d'information (au niveau communal), mais 90 % de ces établissements fonctionnent au ralenti. Certaines maisons de la culture qui se trouvent sur un endroit propice, ont été données à loyer pour y ouvrir des cafés, des restaurants... Dans les régions reculées, l'accès aux livres et à la presse écrite demeure un "luxe".

Une question se pose : le rythme de la vie industrielle, la course à l'argent ont-t-ils eu un impact néfaste sur le besoin des habitants de se distraire et de se régaler par les arts ? Une étude réalisée en 2007 par l'Institut de recherche et de développement du delta du Mékong, qui dépend de l'Université de Cân Tho, a révélé que près de 70% des sondés, ont répondu qu'ils avaient besoin d'accéder aux informations socioculturelles. Lesquelles sont plus sollicitées que les informations relatives au droit, à l'environnement, à l'aménagement ou à la politique...

Aujourd'hui, les habitants du delta du Mékong doivent pour la plupart se contenter de se distraire sur place, chez eux, par le biais de la télévision, de la radio ou de l'Internet.

Dans une société qui se développe d'une manière équitable et durable, la croissance économique doit aller de pair avec l'amélioration du niveau de vie, le progrès du niveau d'instruction et de la richesse de la vie culturelle. En ce qui concerne le dernier point, le delta du Mékong a besoin d'une politique permettant et favorisant le développement de la culture. L'État peut, par exemple, créer un fonds d'assistance à la publication, concevoir un tarif spécial pour le prix des livres et des divers produits culturels vendus dans le delta du Mékong. Les campagnes de vente de livres à prix réduits, les fêtes du livre, le modèle de bibliothèques itinérantes et de lecture gratuite pour les régions rurales sont autant de mesures qui pourraient pallier à ce problème "d'accès à la culture".

Si les régions rurales veulent se développer durablement, elles doivent le faire sur un fondement culturel stable, qui est, par définition, l'essence même du progrès de toute société.

Hoàng Hoa/CVN

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