Ces deux dernières années, malgré les difficultés économiques dans le monde, les exportations de produits textiles du Vietnam ont connu une croissance continue. L'année dernière, ce sont 11,2 milliards de dollars qui ont été vendus dans le monde entier, et pour 2011, ce sont d'entre 12,5 et 13 milliards qui sont attendus, grâce à des exportations moyennes d'un milliard par mois.
Mai a été le premier mois où ces exportations ont atteint 1,5 milliard de dollars, portant celles des cinq premiers mois à 5,1 milliards pour une croissance de 36% en glissement annuel. Bonne nouvelle pour les producteurs, l'augmentation du prix du coton et du polyester a fait suite depuis mai à une baisse, permettant aux entreprises de réduire leurs coûts de production et de relever d'autant leurs marges bénéficiaires.
L'inquiétude au regard d'une baisse des commandes du Japon après la double catastrophe naturelle de mars dernier s'est avérée infondée puisqu'à ce jour, elles se sont maintenues et, pour certaines gammes de vêtements tels ceux de protection pour le travail, ont même augmenté. Lors d'une récente séance de travail avec les entreprises vietnamiennes, le spécialiste et consultant de haut rang dans le textile de l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA), Fumio Koyama, a indiqué que dans les cinq années à venir, les investisseurs japonais délocaliseront 30% de leurs usines de Chine dans d'autres pays, dont le Vietnam, car ce dernier est devenu une destination particulièrement attractive. Une évolution renforcée par l'Accord de partenariat économique Vietnam-Japon et ses dispositions fiscales privilégiées.
Selon le directeur général de la compagnie de confection Saigon 3, Pham Xuân Hông, 50% des produits de cette dernière sont exportés au Japon, et son partenaire -groupe de vente en détail Uniqlo- lui a proposé d'augmenter ses exportations en vue de les doubler d'ici 2015. Récemment, le japonais Marubeni et le vietnamien Vinatex ont signé un accord de coopération dans la promotion et le renforcement de leurs activités commerciales communes.
Outre ses principaux marchés comme les États-Unis, l'Union européenne et le Japon, le textile vietnamien intéresse les importateurs russes. Selon des spécialistes en économie, les trois ou quatre prochaines années verront un transfert de la production de textile de l'Europe de l'Est en Asie. La Chine qui représente 70% de la production mondiale dans ce secteur commence à réduire ses exportations, et c'est une bonne occasion pour d'autres pays producteurs comme le Vietnam, l'Inde, le Bangladesh ou le Cambodge, de prendre la relève.
Les commandes augmentant, les usines vietnamiennes ont besoin d'un grand nombre de travailleurs. S'occuper des conditions de vie quotidienne de ces ouvriers est devenu le moyen d'attirer un personnel se caractérisant par une forte labilité. Dans des provinces telles que Binh Duong ou Dông Nai (Sud) où beaucoup d'usines de textile sont implantées, bon nombre de mesures sont déployées pour "captiver" les travailleurs.
Le directeur général de la compagnie générale du textile Gia Dinh, Lê Dông Triêu, souligne l'évolution actuelle de stratégie de croissance des entreprises du textile. Si auparavant, l'objectif prioritaire était la croissance du chiffre d'affaires, c'est désormais la qualité de la croissance qui est recherchée, en vue d'un développement durable de ce secteur. Ils sont ainsi prêts à augmenter le salaire de leur personnel et à investir dans un renouvellement de leurs technologies au prix de moindres bénéfices, afin de s'assurer d'une plus grande stabilité de leur masse salariale comme d'une meilleure productivité.
La mise en oeuvre d'une telle stratégie donne rapidement des résultats, ainsi, en une année seulement, la productivité quotidienne d'un ouvrier de la compagnie de production et du commerce du textile Saigon (Garmex) est passée de 11 à 15 dollars, et son salaire mensuel, de 3,2 millions à quatre millions de dôngs. D'autres compagnies telles que Saigon 3 ou Legamex ont relevé la rémunération mensuelle d'un ouvrier à 4,5-5,5 millions de dôngs en moyenne. Les conditions de vie des ouvriers s'améliorent, assurant une meilleure stabilité de la production et donc un secteur du textile plus durable dans son développement.
Hà Minh/CVN